Au cours des derniers mois, la performance des marchés actions a été plutôt erratique car influencée non seulement par des changements d’opinions au regard des perspectives macroéconomiques mais aussi par une réallocation importante des stratégies des investisseurs. Ces revirements ont été souvent concentrés autour des réunions importantes de politique monétaire des banques centrales. Nous avons observé une plus grande volatilité à l’occasion de ces réunions et particulièrement lors de l’audition de Janet Yellen au Congrès à la mi-février. Cette dernière a coïncidé avec un changement de perspective liée à l’économie américaine. Le marché a atteint son point bas à ce moment-là. Pour les prix des matières premières cycliques, cela fut le début d’une période prolongée de hausse des prix pendant laquelle le prix du pétrole a grimpé de 30 à 40 dollars et le prix des métaux industriels a augmenté de 8%.
Il est intéressant de relever que malgré l’habileté des prévisions des banques centrales, il n’a pas été aisé de prédire les mouvements de marchés. Qui aurait pu imaginer un Yen en forte hausse et par conséquent des marchés actions japonais en chute libre après que la Banque centrale japonaise (BoJ) a baissé ses taux en territoire négatif ? Ou que peut-on penser des mouvements giratoires des marchés actions européens suivant la dernière réunion de la BCE ? Seule la réaction du marché après la déclaration accommodante de la dernière réunion de la Fed était en ligne avec les prévisions attendues : un dollar plus faible, des marchés actions américains mieux orientés et les actions des marchés émergents surperformant celles des pays développés. Par conséquent, nous avons adapté notre allocation géographique en renforçant notre exposition aux marchés américains, britanniques et émergents et en allégeant nos positions sur le Japon et la zone euro.
Etant donné la volatilité existant à court terme, il pourrait être intéressant de s’intéresser à l’un des critères les plus stables offerts par le marché : les dividendes. Nous ne prétendrons pas que réaliser des prévisions de dividendes est chose aisée, mais au moins ceux-ci se montrent moins volatiles que les résultats des entreprises.
En complément, il est possible en analysant les flux de cash-flows et les bilans de se faire une idée de la soutenabilité du dividende d’une entreprise au regard du secteur auquel elle appartient et de sa présence géographique. Une fois cela pris en compte, nous regardons les éléments suivants : le taux de distribution des bénéfices, historiquement et selon les conditions de marché, le levier financier, la couverture du dividende, le cash-flow libre généré et la politique de dividende passée (taux de croissance, volatilité et baisse maximum depuis 1985). Finalement, nous avons intégré le consensus IBES sur la croissance des résultats par action pour les deux prochaines années. A partir de ces élé- ments, nous avons classé les dix secteurs, du plus risqué au moins risqué avec leurs rendements actuels.
Sans surprise, il semble qu’il y a un compromis à trouver entre le rendement et la soutenabilité du dividende. Par
exemple, le secteur mondial de l’énergie génère un rendement habituel d’environ 4% mais la soutenabilité de ce
dividende est faible.
Les secteurs industriels, de la santé et des biens de consommation offrent tous les deux des dividendes sécurisés
mais avec des taux relativement bas. Cependant, dans un environnement général de revenus faibles autour de 2%, un dividende stable pourrait être un facteur attractif. La technologie est un cas intéressant. La sécurité du dividende
est juste moyenne. Nous pensons que cette politique est excessivement prudente étant donné le faible taux de
distribution (26%) et le bilan très solide des entreprises technologiques. C’est aussi le secteur qui a connu la troisième
plus forte croissance des dividendes (7,9%) au cours des trente dernières années (biens de consommation et secteur
de la santé sont respectivement numéro un et deux).
Nous avons réalisé le même exercice selon l’origine géographique. Le risque le plus faible a été identifié pour le marché japonais en raison de trois facteurs clés. D’abord, le paiement moyen est inférieur à 30%. Ensuite, l’effet de levier du secteur financier est faible et enfin, nous assistons à un changement structurel favorable à une plus grande création de valeur pour l’actionnaire.
La région dont nous pensons que la croissance des dividendes connaîtra les plus grandes difficultés pour arriver à suivre la croissance des bénéfices est la zone euro. Cependant, un élément potentiel de soutien est l’intention de la BCE de commencer à acheter des obligations privées. Cela va faire baisser la prime de risque de ces obligations et inciter les entreprises à faire monter les bénéfices par action par le biais d’astuces financières (rachat d’actions financé par une dette meilleur marché).