Chiffre après chiffre, le sentiment jusque là peu consensuel d’une dynamique de croissance mondiale positive se renforce. Depuis plusieurs mois, nous insistons sur le fait que le cycle américain est toujours haussier, grâce notamment au plein emploi et à une consommation solide. L’industrie, jusque-là en grande difficulté, semble se reprendre légèrement au vu des dernières statistiques. De la même façon, la Chine n’a pas connu le fort ralentissement craint par beaucoup d’économistes. L’Europe reste sur une pente de croissance molle avec des disparités entre les différents pays mais la tendance récente est favorable. L’économie mondiale n’est, à ce jour, pas un souci pour nous.
Comme nous l’avons écrit dans les derniers points macro, le risque est aujourd’hui essentiellement politique. Le souvenir du Brexit nous interdit de considérer l’élection de Donald Trump comme impossible, d’autant moins que les derniers sondages indiquent un resserrement entre les deux candidats. Quelles seraient les conséquences prévisibles d’une élection de Mr Trump ?
Son programme propose de fortes baisses d’impôts et d’importantes dépenses d’infrastructures. Il indique également le rejet du libre échange tel que pratiqué aujourd’hui. Il est probable qu’un tel programme favoriserait une augmentation de la consommation mais également une hausse des coûts de main d’œuvre et une montée des prix à l’importation.
L’incertitude qui prévaudra au lendemain de l’élection du candidat républicain devrait provoquer beaucoup d’attentisme de la part des industriels et le report de nombreux projets ce qui, conjoncturellement, serait très néfaste.
Cette politique devrait entraîner rapidement une accentuation de la hausse des taux d’intérêts longs, indépendamment des décisions de la Federal Reserve sur les taux courts. Elle devrait également se traduire par une faiblesse du dollar à court terme, suivie d’une remontée au fur et à mesure que le différentiel de taux avec les autres zones s’accentuerait. Dans un second temps, l’effet bénéfique d’un surcroit de consommation serait gommé et un ralentissement économique devrait subvenir. Sur les marchés, le principal risque serait un choc obligataire qui se répercuterait ensuite sur les principales places mondiales.
Bien entendu un programme n’est pas une politique, on s’en est rendu compte à maintes occasions. Mr Trump n’aura pas les mains totalement libres, avec un parlement vigilant et un parti républicain lui-même divisé. Aujourd’hui l’incertitude née des déclarations tapageuses du candidat et de ses solutions extrêmes (notamment sur l’immigration) fait, à juste titre, craindre des lendemains qui déchantent. Mais il est probable que le système démocratique américain permette de juguler les emportements d’un Mr Trump élu.
En Europe, une élection du candidat républicain favoriserait probablement les mouvements populistes déjà forts, entraînant dés lors un nouveau risque politique avec le referendum italien et l’élection présidentielle française. Le succès de Mr Trump, venant après le Brexit, serait la preuve que rien n’est impossible et que les peuples veulent réellement un changement de système. Une grande période d’incertitudes, par définition peu favorable aux investissements risqués, s’ouvrirait alors.
Dans l’attente du résultat américain nous avons conservé les positions prudentes de nos portefeuilles. Une réaction disproportionnée des marchés constituerait, comme souvent un bon point d’entrée. Une victoire de Mme Clinton provoquerait à l’inverse un soulagement et un rebond probable des indices à court terme.