1) Les investisseurs dans les actions mondiales génératrices de rendement adoptent une vision à long terme
Les investisseurs axés sur le revenu recherchent en général des valeurs à rendement élevé fiables ou des sociétés qui pourront à terme augmenter leur dividende, ou un mélange des deux. Par définition, cela signifie investir soit dans des activités qui génèrent une trésorerie solide qui sera redistribuée aux actionnaires, soit dans des entreprises qui peuvent à l’avenir devenir intéressantes et fiables en termes de dividendes. Sur le fond, les deux options semblent attractives. Elles sous-entendent néanmoins d’adopter une perspective de long terme : les investisseurs axés sur le revenu sont donc peu friands des dernières modes en la matière.
2) Rien n’indique qu’une bulle se forme
Après plusieurs années de bonnes performances des actions et dans un contexte de répression financière sur les marchés obligataires en raison de l’assouplissement quantitatif américain, il serait facile de penser que les actions génératrices de rendement forment désormais une bulle. Pourtant, nulle part dans le monde, la preuve de l’existence d’une bulle n’a été apportée.
En réalité, si l’on s’intéresse aux valorisations des sociétés qui versent des dividendes élevés à l’échelle internationale, on constate que celles-ci s’échangent toujours avec une décote par rapport au marché dans son ensemble, comme le montre la figure 1 ci-dessous :
Nous sommes néanmoins conscients du fait que les actions, aux Etats-Unis par exemple, sont désormais plus chères que dans d’autres régions du monde, et nous faisons donc preuve d’un soin particulier au moment de la sélection. Cela dit, les actions américaines à dividendes élevés s’échangent également avec une décote par rapport au marché dans son ensemble.
3) Les stratégies axées sur le revenu ont surperformé des marchés actions pourtant en forte hausse ces dernières années.
N’oublions pas pour autant que les dividendes (et leur croissance) constituent les moteurs des rendements totaux des actions, et pourraient prendre une place prépondérante dans un contexte de faible croissance et de rendements limités.
Tout historien des actions digne de ce nom vous dira que ce sont les dividendes (et leur réinvestissement) qui portent les rendements réels à long terme. Dans un contexte de croissance molle, les dividendes (et leur réinvestissement) pourraient représenter un pourcentage des rendements réels encore plus élevé que la moyenne historique d’environ 80% (source Citigroup).
4) Le revenu constitue désormais une approche d’investissement à part entière
Bien qu’il y ait eu des périodes où les stratégies axées sur le revenu ont perdu les faveurs des investisseurs, elles affichent en général de bonnes performances par rapport aux autres approches, quelle que le soit la situation du marché actions ou de l’économie.
CLSA a mené une analyse portant sur les 20 dernières années (figure 2) démontrant que les titres à dividendes ont non seulement surperformé de manière constante, mais aussi que performance et rendement ont augmenté de concert.
Ainsi, il semblerait bien que les actions mondiales génératrices de revenus, loin d’être une stratégie de court terme, apportent un soutien pérenne à la performance.
Par ailleurs, comme le montre la figure 3, les actions qui génèrent un revenu ont surperformé le marché au cours de trois des quatre phases du cycle économique ces 20 dernières années. La seule phase où elles ont sous-performé a été celle de l’expansion rapide, qui est de manière générale la phase la plus courte. Cela prouve que les actions génératrices de revenus sont une stratégie cohérente à long terme et affichent une performance solide sur la majeure partie du cycle économique.
5) Les ratios de distribution sont pérennes parce que les entreprises sont en bonne santé
Contrairement aux Etats, les entreprises ont beaucoup travaillé à l’assainissement de leurs bilans ces dernières années, bien que la crise financière de 2008 ait incité nombre d’entre elles à se montrer prudentes aujourd’hui encore. Elles sont également peu enclines à engager des investissements de grande ampleur (nous estimons que cela devrait s’améliorer avec le retour progressif de la croissance).
D’ici là, les entreprises peuvent utiliser leur trésorerie d’une multitude de manières favorables aux actionnaires : hausse des dividendes, dividendes exceptionnels ou rachats d’actions.
Nous nous réjouissons de la croissance du dividende ordinaire tant que les entreprises s’abstiennent de toute ostentation (les dividendes doivent être raisonnables pour être durables). Les dividendes exceptionnels constituent une sorte de soupape de sécurité et ils sont préférables aux rachats d’achats mécaniques lorsque le cours des actions a évolué à la hausse.
L’aspect probablement le plus important de la bonne santé relative des entreprises réside dans le fait que les ratios de distribution sont pérennes parce que la génération de trésorerie a été excellente. Nous ne nous attendons pas à ce que cela soit remis en question puisque la majorité des dirigeants des entreprises restent relativement prudents en termes de projets d’investissement et de dépenses.
6) Une approche mondiale offre plus d’opportunités
En optant pour une approche mondiale, les investisseurs peuvent être exposés à des économies sous-jacentes qui sont susceptibles d’afficher une croissance nettement supérieure à leur économie nationale ainsi qu’à un éventail différent de secteurs et de thèmes.
Ainsi, en termes d’allocation d’actifs, le portefeuille peut être orienté vers les économies et les secteurs en forte croissance où qu’ils se trouvent sur la planète.
Par ailleurs, en choisissant des sociétés sur une base mondiale, la gamme d’opportunités est plus large et permet de construire un portefeuille diversifié de manière beaucoup plus efficace et donc d’améliorer la gestion du risque.
7) L’absence de fantaisie a parfois du bon
La composition représente une arme de choix pour les investisseurs : il n’y a absolument rien de mal à détenir ce que le reste du marché juge « nul ».
Cela inclut des actions dont le secteur comporte d’importantes barrières à l’entrée, qui ont la capacité d’utiliser leur solidité financière et leur position sur le marché pour conserver un haut niveau de rendement et augmenter leurs dividendes de manière pérenne.
Tout l’art consiste, bien entendu, à pouvoir les acheter quand elles sont au bon niveau de valorisation. Ces actions peuvent être associées à des titres qui devraient profiter de la confirmation de la reprise, des valeurs cycliques de qualité et des titres nationaux à contre-courant pour créer un portefeuille capable d’afficher des performances dans une vaste gamme de conditions économiques et de marché.
8) Investir dans le revenu est une bonne source de rigueur financière
Les entreprises qui ont la capacité d’augmenter leurs dividendes sur la durée ont en général leur dynamique propre et des équipes dirigeantes qui ont la maîtrise de leur avenir (et ainsi la capacité de créer de la valeur). Il est donc important de ne pas transiger sur ces normes de qualité : si l’on ne se fonde que sur les performances macroéconomiques, il est très facile de se retrouver dans l’impasse, notamment parce que les statistiques peuvent être volatiles.
Bien choisir les actions est un élément déterminant : il ne s’agit pas juste d’acheter du bêta, en particulier quand le marché a déjà enregistré des performances solides.
Nous nous intéressons aux entreprises dont les rendements sur flux de trésorerie disponibles sont bons et les équipes de gestion, solides. Nous vérifions également que leurs valorisations sont raisonnables. En somme, les rendements élevés ne font pas tout. Au fond, la question à se poser est la suivante : « l’entreprise va-t-elle faire des bénéfices et verser un dividende ? ».
9) Il existe de belles opportunités pour les investisseurs anti-conformistes
Outre le fait d’identifier des titres fiables et de qualité qui ont la capacité d’augmenter progressivement leurs dividendes, nous estimons que le succès d’un investisseur en actions génératrices de rendement dépend aussi de sa capacité à nager à contre-courant.
Par exemple, il y a quelques années, le marché se riait du groupe britannique de télécoms BT, en raison de l’énorme déficit de son fonds de pension. Depuis lors, la société a vu son cours remonter et a augmenté ses dividendes.
Dans la même veine, les sociétés qui ont réduit leurs dividendes ne doivent pas toutes être exclues de l’univers d’investissement : l’astuce est d’identifier les valeurs présentant des opportunités de hausse car leur trésorerie peut réserver de bonnes surprises plutôt que de simplement acheter des actions parce qu’elles affichent un rendement élevé.
10) Investir dans le revenu protège partiellement contre l’inflation
Quelle que soit la manière dont on envisage les choses, nous venons de vivre, avec l’assouplissement quantitatif américain, l’une des plus importantes périodes d’expérimentation monétaire de ces 300 dernières années. Si les conséquences à long terme sont difficiles à prévoir, de nombreux participants au marché estiment que le « QE » devrait être inflationniste.
Même une croissance limitée des dividendes (5% à 6% par an) offre aux investisseurs un certain degré de protection contre le risque d’inflation, et nous estimons que de nombreuses entreprises relèveront leurs dividendes dans une proportion plus importante que cette fourchette dans les années à venir.
La figure 4 ci-dessous détaille les différentes options offertes aux investisseurs en matière de rendement et met en avant le fait que les actions continuent de générer des revenus intéressants tout en bénéficiant du potentiel de croissance du capital que les obligations n’ont bien souvent pas. C’est un élément qui peut fournir une certaine protection contre l’inflation.