Après trois années très compliquées, les marchés émergents (actions et obligations) ont renoué avec des performances positives en 2016. Notamment grâce à l’amélioration des fondamentaux macroéconomiques, à la reprise des cours des matières premières et à des politiques monétaires toujours accommodantes dans les pays développés. La quête de rendements a favorisé les flux positifs vers les marchés émergents et notamment les produits de taux. En effet, le rendement de la dette émergente (environ 6%) apparaît comme particulièrement attractif dans un monde où le montant des obligations souveraines à taux très faibles voire négatifs reste conséquent.
L’élection de Donald Trump a quelque peu « gâché la fête » et nous avons assisté à des sorties records sur les actifs émergents. Les principales raisons sont les suivantes :
- Donald Trump propose de dénoncer les accords commerciaux et de les remplacer par des barrières douanières,
- Il compte également pratiquer une politique budgétaire expansionniste avec pour conséquence une hausse de l’inflation, des taux en hausse et un dollar fort.
Les effets d’une telle politique pourraient fragiliser les économies des pays émergents les plus endettés en dollars, en les privant de sources de financement bon marché. Pour toutes ces raisons, il ne serait pas étonnant d’avoir des marchés émergents qui sous-performent les marchés développés en 2017.
Néanmoins, ça n’est pas notre scénario central et nous pensons que les marchés émergents devraient rester attractifs auprès des investisseurs, surtout en deuxième partie d’année (le premier trimestre sera vraisemblablement volatil en raison des mesures prises par le gouvernent américain évoquées plus haut). Plusieurs éléments pour étayer notre raisonnement :
- Les fondamentaux des marchés émergents sont aujourd’hui plus solides, moins dépendants des flux en provenance de l’étranger pour financer leur déficit de balance courante
- Les futures hausses des taux de la FED sont déjà très largement intégrées dans les prix, tout comme la probable baisse des rachats d’actifs de la BCE et de la BOJ
- Certains aspects de la politique de Donald Trump devraient être favorables aux pays émergents. Notamment le programme de baisse des impôts. Rappelons que la consommation aux Etats-Unis représente environ les deux tiers du PIB américain, il est donc fort probable que les américains consommeront davantage si les allègements fiscaux leur permettent de dépenser plus. Or, bon nombre de biens de consommation ou produits de base (téléphonie mobile, textiles, composants électroniques…) sont fabriqués dans les usines des pays en développement. Et penser que Donald Trump arrivera à relocaliser les usines de grands groupes américains implantés dans les pays émergents vers les Etats Unis est une utopie. On peut également citer les projets d’infrastructures qui constituent une part essentielle des plans de relance de la politique de Donald Trump. Pour construire, il faut des matières premières ; or celles-ci proviennent souvent des marchés émergents, notamment d’Amérique du Sud, d’Afrique du Sud et de Russie.
Si dans un premier temps les marchés émergents devraient rester sous pression, le scénario de plus forte croissance devrait leur être favorable, et les facteurs fondamentaux ainsi que les valorisations (obligations comme actions) redeviendront prioritaires aux yeux des investisseurs. Il faudra néanmoins être très sélectif dans son allocation, car les économies des pays émergents sont très hétérogènes.
On privilégiera notamment l’Asie pour les actions émergentes, région où le taux de croissance est le plus élevé. En parallèle, l’Amérique latine (Brésil, Uruguay, Pérou, Argentine) offre pour les investisseurs de dettes émergentes des taux de rendements très attractifs.