A quelques jours d’intervalle, cet automne, la question des retraites a été au centre de l’actualité au Royaume-Uni. D’abord en raison de manifestations records depuis l’époque Thatcher, visant à contester l’allongement de l’âge du départ à la retraite de 65 à 66 ans. Mais dans les milieux purement financiers, c’est le traditionnel Autumn Statement du ministre de l’économie qui a le plus fait parler.
De la même manière que George Osborne a appelé les riches fonds souverains du Golfe à apporter leur écot au financement des grandes infrastructures du pays, les fonds de pension ont été clairement invités à prendre part aux constructions d’avenir. Et ils ne sont pas faits prier, le mot d’ordre étant désormais « diversification ».
Deux des principaux organismes de fonds de pension britanniques - la National asociation of Pension funds et le Pension Protection Fund, qui rassemblent respectivement 1200 fonds de pension et 12 millions de membres - ont signé un mémorandum les engageant à prendre part - à hauteur de 2,5% de leurs actifs sous gestion - au financement des grandes infrastructures du pays : ponts, routes, hôpitaux, écoles, chemins de fer, etc...
Le gouvernement, qui est à court de trésorerie, espère voir 20 milliards de livres investis dans ces programmes.
« Actuellement, explique Ros Altmann, le directeur général de l’organisme Saga, qui fournit des services financiers aux seniors, ces grandes réserves d’actifs à long terme sont orientées vers les obligations. Mais les rendements qui en découlent sont à des niveaux historiquement bas qui ne permettent même pas de se mesurer à l’inflation et avec la hausse des dettes liées aux financement des retraites. Dès lors, les fonds de pension doivent réfléchir à de nouveaux modes de revenus. »
Selon M. Nicolas J. Firzli, Directeur général du centre de recherche World Pensions Council (WPC), « même si en moyenne la part des actifs alloués par les fonds de pensions aux investissements en infrastructures représente seulement 1% de la totalité des actifs qu’ils ont sous gestion, il y a de grandes disparités géographiques et catégorielles avec des régions et des pays plus sophistiqués que la moyenne tels que l’Ontario, le Québec, la Californie, les Pays-Bas, le Danemark et l’Australie, où les grands fonds de pension investissent déjà 5% de la totalité de leurs actifs (et plus d’un tiers de leurs actifs dits "alternatifs") dans les infrastructures ».
La Corée du Sud offre une bonne illustration de ce qu’un pays peut faire pour développer le financement de ses retraites.
Séoul abrite le quatrième fonds de pension du monde, le National Pension Service, qui gère 314 milliards de dollars d’actifs. La diversification est devenue une stratégie de l’évidence, en raison d’un marché domestique trop étroit. Concrètement, le NPS était critiqué pour investir jusqu’à 70% de ses actifs en fixed income, notamment en obligations. Rassurant, mais trop mollasson. Du coup, une réorientation stratégique est en cours, qui verra la part des actifs doubler dans l’immobilier et les matières premières d’ici 2016, au-dessus de 10%. Dans le même ordre d’idées, les investissements internationaux vont passer au-dessus des 20%.
L'immobilier reste l'investissement alternatif le plus prisé par les fonds de pension (58%), suivi des fonds de private equity, des fonds de hedge funds, des infrastructures et des matières premières.
Les insurance linked products sont d’autres développements importants à l’heure actuelle, tout comme l’orientation vers les hedge funds, qui se fait à un rythme supérieur à toutes les autres classes d’actifs.
Selon la firme Tower Watson, l’appétit des fonds de pension pour les financements alternatifs mène le volume d’actifs à s’approcher de la barre des 1000 milliards de dollars. Le volume a augmenté de 16% en 2010 par rapport à 2009. Selon Craig Baker, le directeur de recherche de Towers Watson, « les investisseurs institutionnels continuent de diversifier leur portefeuille dans toute la variété des actifs alternatifs, du fait que les bénéfices de la diversification deviennent évidents et que certaines classes d’actifs sont plus accessibles. »
L’immobilier reste l’investissement alternatif le plus prisé par les fonds de pension (58%), suivi des fonds de private equity, des fonds de hedge funds, des infrastructures et des matières premières. L’Amérique du Nord (46%) et l’Europe (35%) attirent majoritairement ces investissements, suivis de l’Asie-Pacifique, qui a vu sa part doubler en 2010 (14%).
Le plus grands fonds de gestion alternative en 2010 était l’Australien Macquarie Group, qui gérait 92,2 milliards de dollars, les deux tiers provenant de fonds de pension.