Après avoir tenté à maintes reprises de stabiliser et d’affaiblir le CHF depuis le début de la crise financière, la Banque Nationale Suisse (BNS) a indiqué le 6 septembre que ses interventions deviendraient plus musclées. En indiquant qu’elle ne tolèrera plus un CHF supérieur à 1,20 contre l’EUR, tout précisant qu’elle considère sa devise toujours surévaluée à ce niveau, la BNS a fait savoir qu’elle se préparait à intervenir sur le marché des changes pour vendre du CHF en quantités illimitées. Pour qu’une telle politique soit couronnée de succès, les investisseurs doivent être convaincus que la BNS est prête à augmenter ses réserves de change et à accroître son bilan au-delà même de ce qui serait nécessaire pour atteindre son objectif. Cela suggère que la BNS et le gouvernement suisse s’apprêtent à évoluer en terrain inconnu en matière d’intervention sur le marché des changes.
Les réserves de change de la Suisse ont atteint un nouveau sommet proche de 45 % du PIB suisse en août et il convient de s’attendre à un niveau encore plus élevé en fonction des scénarios. A titre de comparaison, les réserves de change japonaises ont atteint un pic à peine supérieur à 20 % du PIB en 2007. Bien que cet engagement de la BNS soit unilatéral et qu’elle ne bénéficie pas du soutien de la BCE sous forme d’une intervention bilatérale de type MCE, sa probabilité de succès est néanmoins élevée. Le CHF était et reste encore surévalué et il est clair que la force de la devise commence à exercer une pression déflationniste en Suisse. L’indicateur économique avancé pour la Suisse de notre équipe devise s’est nettement affaibli ces derniers mois et les dernières statistiques d’inflation sont orientées à la baisse. Cela contraste avec la situation de 2010 et du début d’année, lorsque la persistance de la vigueur économique contrecarrait les efforts de la BNS pour affaiblir sa devise.
Quelles sont les implications sur le marché des changes des interventions de la BNS ?
- Cet engagement produira un accroissement des liquidités au sein des marchés si l’aversion au risque continue d’encourager les achats de CHF. Cela devrait soutenir l’appétit pour le risque si le CHF reste la principale valeur refuge.
- Si les investisseurs estiment que l’action de la BNS est crédible, il est possible qu’ils se tournent vers d’autres valeurs refuge.
- Cet effet domino potentiel sur d’autres valeurs refuge et autres devises surévaluées est intéressant. Le JPY risque de subir de nouvelles pressions à la hausse dans des scénarios adverses si les investisseurs considèrent que les gains sur le CHF sont limités. La probabilité que les autorités japonaises intensifient leurs efforts pour limiter la hausse du JPY a fortement augmenté.