Next-Finance : Constatez-vous un intérêt plus marqué pour les stratégies « alternative risk premia » depuis que l’environnement de marché est devenu plus difficile ?
George Szemere : Nous avons vu un intérêt de plus en plus marqué et une meilleure compréhension du mécanisme des primes de risque au cours de cette année. Ce n’est pas surprenant étant donné la volonté grandissante des investisseurs pour trouver des solutions alternatives dans leur besoin de diversifier leur portefeuille. Il y a une prise de conscience grandissante que l’extraction des rendements à partir d’une d’allocation d’actifs traditionnelle va être compliquée à l’avenir. Et, bien sûr l’avantage de coût qu’apporte une approche « risk premia » peut être également convaincante pour eux.
Pouvez-vous nous donner un exemple type de stratégie « alternative risk premia » et son fonctionnement ?
Le facteur « Value » par exemple fait référence à la tendance des actifs peu coûteux d’offrir des rendements supérieurs au marché et inversement. Une telle stratégie sur les marchés actions consisterait à acheter les 20 % les moins chères et à vendre les 20% les plus chères, sur la base d’un critère de valorisation comme le « price to book » par exemple. Les primes de risque alternatives existent également pour les arbitrages en fusion/acquisition, où il y a un risque qu’une opération annoncée ne soit pas finalisée. Cette prime de risque peut être capturée en acheter le titre de l’entreprise cible tout en vendant à découvert celui de l’acquéreur. D’autres exemples concernent le marché obligataire : acheter les obligations d’État les plus rémunératrices et de vendre celles les moins rémunératrices sur la performance sur les 12 derniers mois. Cette stratégie peut également être utilisée sur les devises : acheter les devises les plus rémunératrices et vendre celles qui sont le moins rémunératrices en fonction du niveau de leur taux d’intérêt à court terme.
Les primes de risque alternatives existent également pour les arbitrages en fusion/acquisition, où il y a un risque qu’une opération annoncée ne soit pas finalisée.George Szemere, Responsable Global Strategic Relations & Liquid Alternatives chez Columbia Threadneedle
Vous essayez de capter les différentes primes de risque à travers un large éventail de classes d’actifs et une multitude de stratégies. Combien de stratégies différentes pouvez-vous avoir en portefeuille ? Ne sont-elles pas corrélées entre elles ? Est-ce que vous suivez la corrélation entre les différentes stratégies des fonds ?
Notre processus d’investissement nous conduit à inclure entre 25 et 40 primes de risque différentes dans le portefeuille, ce qui devrait nous exposer à de très faibles niveaux de corrélation. Nous surveillons constamment ces corrélations.
Est-ce que vous suivez la corrélation du fonds avec le marché ? Y-a-t-il une exposition « équivalente » par classe d’actifs cible (Actions, Taux de change, Crédit, Taux d’intérêt et Volatilité) ?
Oui, nous surveillons les corrélations avec les marchés en général. La stratégie est diversifiée sur cinq classes d’actifs et à travers les primes de risque au sein de celles-ci, mais nous n’avons pas d’exposition cible par classe d’actifs ou bien mixte.
En terme d’allocation, quelle proportion d’« alternative risk premia » peut-on envisager dans les portefeuilles institutionnels ? Comment les aidez-vous à suivre les risques et à appréhender la complexité des différentes stratégies « alternative risk premia » ?
Cette question dépend vraiment de l’institution dont nous parlons et comment elle classe les primes de risque. Les établissements ont généralement alloué jusqu’à 20 % de leur portefeuille dans des stratégies alternatives et celles concernant le « risk premia » peuvent constituer cette poche ou bien venir remplacer d’autres types de stratégie de cette catégorie. Certains investisseurs peuvent préférer placer les stratégies « primes de risque » aux côtés des allocations traditionnelles. Nous devons considérer les objectifs des investisseurs. Pour la plupart de ceux à qui nous parlons, la réduction de la corrélation de leurs portefeuilles avec les marchés globaux est un objectif important, et les primes de risque ont des qualités très convaincantes à cet égard. Nous avons également discutés avec de nombreux investisseurs qui veulent construire des portefeuilles diversifié de multi-stratégie « risk premia » décorrélé, offrant une liquidité quotidienne, à faible coût. Dans certains cas, nos conversations ont été éducatives afin de permettre à certains investisseurs de comprendre les avantages de l’investissement basé sur une approche « factor based » qu’il est possible d’appliquer à l’ensemble des classes d’actifs. Nous pouvons également proposer des solutions sur mesure, adaptées aux différents besoins des investisseurs : en plus d’un produit multi-stratégie, nous proposons un portefeuille multi-stratégie couvrant 5 classes d’actifs à travers des investissements « long/short », « arbitrage » et « relative value » sachant que nous pouvons aussi construire un portefeuille personnalisé.
Pour la plupart des institutionnels à qui nous parlons, la réduction de la corrélation de leurs portefeuilles avec les marchés globaux est un objectif important, et les primes de risque ont des qualités très convaincantes à cet égard.George Szemere, Responsable Global Strategic Relations & Liquid Alternatives chez Columbia Threadneedle
Quels sont vos encours sur ce type de stratégies ? Y-a-t-il une limite en terme d’encours pour vos fonds « alternative risk premia » ? Quel rendement pour quelle volatilité cible ? Quel est votre ratio de Sharpe ?
Nous gérons 800 millions de dollars de notionnel sur les stratégies primes de risque. Pour notre fonds en format UCIT, nous estimons sa capacité à 2 milliards de dollars. Nous visons une volatilité de 7,5 % avec un ratio de Sharpe de 1.