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« Hausse des taux » : quelles conséquences pour les actions ?

Le rapport sur l’emploi du mois d’octobre confi rme la vigueur de l’économie américaine et rend plus probable une hausse des taux en décembre. Pour les marchés obligataires, une hausse des taux provoque une baisse des cours d’autant plus importante que la duration est longue. Pour les marchés d’actions, le raisonnement est loin d’être aussi simple.

Quels sont les effets d’une remontée des taux pour le marché des actions ?

Régis Bégué, Associé-gérant, Directeur de la gestion et de la recherche actions : Il convient de distinguer trois situations possibles dont chacune peut avoir des conséquences diff érentes sur les actions :
1. Une hausse des taux longs (dépendant des anticipations de marché sur la croissance et l’infl ation) ;
2. Une hausse des taux courts (plus à la merci des décisions des banques centrales) ;
3. Une pentification de la courbe (qui représente l’écart entre les deux).

Les effets d’une remontée des taux sur les actions sont de deux ordres : l’effet le plus immédiat est un impact sur la valorisation, le second est un impact sur le résultat en raison d’une hausse du coût de financement. L’impact sera plus ou moins important selon la situation bilancielle de l’entreprise.

L’impact sur la valorisation des entreprises est-il le même pour toutes les entreprises ?

Dans le cas des valeurs dites « de croissance », le taux d’actualisation choisi est extrêmement important pour calculer la juste valeur d’un tel profil. A l’inverse, le niveau du taux d’intérêt est de moindre importance dans la détermination de la juste valeur d’une société considérée comme « cyclique ».

Les débouchés étant plus cycliques et sensibles à la conjoncture économique, une telle société aura tendance à être évaluée sur sa génération de trésorerie à un horizon proche.

Pour résumer, dans une période de hausse des taux, les actions dont l’activité bénéficie d’une bonne conjoncture sont d’autant mieux valorisées et ont tendance à mieux performer que les valeurs dites « de croissance »

Les valeurs à haut rendement ont surperformé ces dernières années. Comment réagiront-elles à une hausse des taux ?

La période que nous traversons depuis 2011 a débouché sur une situation unique dans l’histoire récente, où le rendement des actions est devenu supérieur à celui des obligations d’État. Les investisseurs, en quête de rendement, ont eu tendance à privilégier les sociétés offrant des dividendes réguliers et généreux comme dans le secteur des infrastructures, de l’assurance, ou encore de l’immobilier coté.

Dans un contexte de tension sur les taux, ces valeurs devraient faire l’objet de prises de bénéfices.

Qu’en est-il de la valorisation du passif ?

Si la dette financière n’offre pas matière à débat, la dette non financière fait en revanche l’objet d’une actualisation.

Les entreprises dotées de passifs importants de cette nature ont été pénalisées par le niveau très bas des taux d’intérêt. Une normalisation des taux longs, avec une inflation contenue, devrait permettre aux titres chargés en dettes non financières de retrouver des couleurs.

Quel sera l’impact d’une hausse des taux sur la rentabilité nette des entreprises ?

L’impact sera d’autant plus important que l’entreprise est endettée financièrement (auprès des banques ou par l’intermédiaire d’obligations émises dans le marché), mais aussi par l’intermédiaire de son activité propre.

Dans le cas de l’assurance-vie, la part du résultat financier est considérable. Plus le rendement des primes encaissés est élevé, meilleur est le résultat financier. À l’inverse, une entreprise fortement endettée verra, au fur et à mesure, son coût de financement augmenter avec le renouvellement de ses échéances. Dans le cas des placements monétaires ou de l’assurance-vie (assurance-vie à taux garanti), plus le taux servi est élevé, plus la banque ou la compagnie d’assurance peut se permettre de prélever une marge importante.

Pour conclure, le marché d’actions adoptera, dans l’éventualité d’une reprise des taux d’intérêt, un comportement très différent de celui qu’il a connu depuis 2008. Dans certains cas, ces effets vont dans le même sens, doublement positifs ou doublement pénalisants, mais dans d’autres ils s’opposent. C’est le rôle de l’analyste financier d’en mesurer l’ampleur et d’en tirer les conséquences sur le parcours boursier.

Next Finance Décembre 2015

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