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Hedge funds : les femmes sont-elles meilleures que les hommes ?

Ces derniers mois, deux études aboutissant aux mêmes conclusions ont beaucoup fait jaser dans le milieu des hedge funds : les femmes gérantes de hedge funds obtiennent de meilleures performances que les hommes...

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Ces derniers mois, deux études ont beaucoup fait jaser dans le milieu des hedge funds londoniens, qui représente 80% de l’industrie en Europe. Deux études aboutissant aux mêmes conclusions : les femmes gérantes de hedge funds obtiennent de meilleures performances que les hommes.

La première enquête, délivrée par le Hedge Fund Research, indique que les fonds alternatifs sous égide féminine avaient délivré un rendement moyen annuel de 9,06% sur dix ans. Soit presque deux fois plus que les fonds gérés par des hommes (5,28%).

Une autre étude, menée par le hedge fund journal, indiquait qu’en 2008, phase haute de la crise financière, les hedge funds contrôlés par des femmes avaient vu leurs rendement chuter à un rythme deux fois moins rapide que ceux des hommes (9,6% contre 19%).

« J’imagine que ces études ont été faites sur de petits échantillons, ou des méthodes, ne représentant pas tout à fait la réalité », explique-t-elle à Next-Finance Caroline Hoare, directrice de GLC, l’un des fonds les plus solidement établis à Londres. « Je pense que ces études ont surtout permis de faire de bons titres de journaux, sourit-elle. Néanmoins, pour élargir le propos, il me semble évident que la crise financière aurait pu être évitée si Lehman Brothers avait été Lehman Sisters. »

Caroline Hoare, la cinquantaine rayonnante, a rejoint GLC en 2001, à un stade où ce fonds n’avait que 100 millions de livres sous gestion, et une stratégie unique. Depuis, son portefeuille a été multiplié par vingt, et GLC opère 5 stratégies. Le Hedge fund Journal vient de la classer dans le palmarès des 50 femmes les plus puissantes de l’industrie des hedge funds. « J’ai immédiatement été fascinée par ce milieu, indique cette avocate de formation. Certes, c’est un monde essentiellement masculin, mais à vrai dire, je ne me suis jamais réellement posé la question de la différence hommes/femmes. Il est clair que les hommes sont davantage tournés vers la prise de risques, sont moins concernés que les femmes par rapport à ce qui pourrait se produire de négatif. Ils ne se posent pas vraiment de questions. Il serait profitable pour l’ensemble de l’industrie financière de compter plus de femmes, mais le problème est qu’il n’y a pas assez de candidates compétentes. »

Le milieu n’est pas des plus accueillants. Le secteur des hedge funds compte encore moins de femmes que dans le trading et les banques d’affaires. Et plus qu’ailleurs, l’apparence, notamment vestimentaire, joue un rôle excessivement déterminant. Concrètement, les femmes ne peuvent pas s’habiller tout à fait comme des hommes, ni tout à fait comme des femmes. Leur statut n’est pas réellement reconnu.

Il n’empêche, l’industrie des hedge funds fait appel à des qualités comme l’innovation et la flexibilité où elles montrent souvent plus d’aisance. La hiérarchie est beaucoup plus diffuse, malléable et évolutive que dans les autres sphères des services financiers, un avantage, surtout en cas de naissance d’un enfant.

Pour Thomas Cooley, professeur à l’université de New York, « un grand nombre de livres ont été écrits sur la façon dont les femmes doivent s’adapter à un monde d’hommes. Mais en réalité, je pense que dans ce milieu, c’est surtout aux hommes de s’adapter aux femmes (....). Plutôt que d’avoir des femmes qui se comportent comme des hommes, je pense que nous avons besoin d’hommes qui comprennent que les femmes ne doivent pas nécessairement se comporter comme eux, notamment au travail. »

Il y a quelques semaines, la directrice des ventes institutionnelles de HSBC Barbara Rupf Bee expliquait à Next-Finance que la vraie réponse se trouve dans chaque individu, et non dans le genre. Evidemment, de grandes différences existent dans la manière dont les hommes et les femmes, en tant qu’individu, travaillent, mais une fois encore je n’attribue pas cela au genre ; cela est davantage lié à l’expérience, au savoir, au savoir-faire individuel. »

Lucy Kellaway, ancienne membre du conseil d’administration d’Admiral Group, s’est étonné il y a quelques mois que l’on en arrive à élaborer un ratio « actifs/œstrogène ». « C’est répugnant, c’est discriminatoire par rapport aux femmes qui ont atteint le stade de la ménopause, et c’est vide de sens. »

Une autre étude récemment menée par Daniel Ferreira, professeur à la London School of Economics, indiquait que les sociétés du FTSE ayant le plus de femmes dans leurs boards avaient des performances inférieures aux sociétés dirigées exclusivement par des hommes. Ferreira expliquait que la trop bonne gouvernance d’une entreprise pouvait avoir des effets néfastes sur la prise de risque et le profit.

Peut-être que les femmes auront vraiment leur place dans l’industrie financière lorsque des critères plus larges que le profit seront davantage mis en avant.

JH Juin 2010

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