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Hongrie : les attraits d’un marché en retournement

Au moment où la crise de la dette publique en périphérie de la zone euro est à son comble, les investisseurs pourraient, à l’instar des dirigeants chinois, regarder à nouveau du côté de la Hongrie. Depuis le début de l’année, les taux se sont détendus et la devise affiche une progression de près de 5%...

La dernière visite officielle en Europe du premier ministre chinois, Wen Jiabao, a débuté par la Hongrie. A Budapest, celui-ci a annoncé l’intention des autorités chinoises d’acheter des obligations souveraines et d’étendre un prêt de 1 milliard d’euros. Ces annonces ne s’inscrivent pas dans le cadre d’un plan de soutien à un pays en difficulté. Il s’agit davantage de l’accompagnement d’une stratégie industrielle globale. En effet, depuis le début de l’année, les taux à 10 ans ont reculé de manière significative, passant de 8% environ à 7,2%. Dans le même temps, le forint a gagné près de 5%. La Hongrie semble bien sortie de la zone de fragilité dans laquelle le pays s’est retrouvé immédiatement après la faillite de Lehman Brothers.

Un retour en arrière s’impose. A partir de 2002, le gouvernement de centre gauche a mal géré les finances publiques, s’engageant dans une politique budgétaire expansionniste qui a entamé progressivement sa crédibilité vis-à-vis des marchés financiers et des agences de notation. Ce phénomène a été particulièrement sensible au printemps et à l’été 2006. Les efforts faits par la suite n’ont pas permis au pays un redressement suffisant pour aborder la crise consécutive à la faillite de Lehman Brothers dans des conditions satisfaisantes. Dès le mois d’octobre 2008 la Hongrie est obligée de faire appel à une aide extérieure. Elle se voit octroyer 20 milliards d’euros de prêts par l’Union européenne, le FMI et la BERD. Elle reçoit également un soutien de la BCE. Tout cela est obtenu en contrepartie d’un programme d’austérité très important.

Ce programme, mis en œuvre dans un contexte global de crise économique, a pour effet de plonger le pays dans une forte récession. Celle-ci est d’autant plus importante que de nombreux agents économiques se sont endettés en devises étrangères (euro ou franc suisse) et sont sensibles aux fluctuations du forint, mis à mal par la crise. Le pouvoir d’achat des ménages ainsi endettés en est affecté. Entre 2009 et 2010, les ratios financiers de la Hongrie restent fragiles. Le ratio dette sur PIB dépasse les 80%. Mais les progrès en matière de déficit budgétaire sont nets. A la faveur d’une alternance politique, le pays poursuit néanmoins l’effort entamé fin 2008. Prenant le contre-pied du marché qui espérait un effort encore accentué sur les dépenses publiques, le gouvernement de centre-droit (souvent souverainiste dans son discours) accroît la pression fiscale en taxant certains secteurs d’activité, parmi lesquels les banques, les entreprises de télécommunications ou la distribution. Les critiques sont alors nombreuses, mais à la fin 2010, les observateurs sont obligés de considérer les résultats obtenus, qui sont bons.

Le PER du marché actions hongrois est de 9x pour 2012. Les rendements obligataires sont encore supérieurs à 7%. La devise reste sous-évaluée d’un point de vue fondamental.

Parallèlement, la croissance s’est redressée plus vite que prévu. Elle atteint 1,9% en 2010, et devrait se situer à 2,5% cette année puis à 2,6% en 2012. L’inflation, pénalisée par les hausses de la fiscalité indirecte et de l’énergie, a atteint un pic à 4,7% et devrait revenir sous les 4% l’année prochaine. Après avoir maintenu des taux élevés, la politique monétaire a engagé un mouvement de détente l’an dernier, qui s’est arrêté cette année. A 6%, les taux directeurs hongrois pourraient rester stables dans les mois à venir.

Grâce à la présence de nombreuses industries exportatrices (haute technologie, informatique, automobile, pharmacie) et à sa proximité de l’Allemagne, le pays dégage un excédent commercial mensuel moyen de 500 M €. Son déficit budgétaire se situe à 3% après 3,8% en 2010. Forte d’un excédent primaire récurrent, le gouvernement Orban espère à moyen terme ramener le ratio de dette sur PIB à un niveau proche de 50%.

Le PER du marché actions hongrois est de 9x pour 2012. Les rendements obligataires sont encore supérieurs à 7%. La devise reste sous-évaluée d’un point de vue fondamental. Dans un tel contexte, les marchés obligataire et actions sont tout à fait attractifs. Leurs caractéristiques incitent à profiter de la situation de retournement dans laquelle se trouve la Hongrie depuis quelques mois.

Etienne Pourny Juillet 2011

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