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Il faut revoir l’organisation des introductions en Bourse en France

Après Deezer et Oberthur Technologies, il est urgent de s’interroger sur l’échec de ces introductions. Il est également temps de faire des propositions pour éviter que de telles déconvenues, qui ternissent les réputations des sociétés concernées, ne se reproduisent.

Dans des marchés actions plutôt bien orientés, des entreprises françaises aussi performantes et prometteuses que Deezer et Oberthur ont été contraintes d’ajourner leur introduction en Bourse (IPO) tandis que Showroomprivé a réalisé la sienne avec un résultat mitigé. Seul Amundi, fort de sa surface financière, a véritablement convaincu les investisseurs. Le constat est néanmoins amer pour la Place de Paris et amène à s’interroger.

Il est vrai que les investisseurs ont été refroidis par deux « chocs » ayant déstabilisé les marchés au cours des derniers mois : la crise grecque au début de l’été et la Chine au mois d’août. Alors que la fin de l’année approche, l’aversion au risque augmente et certains opérateurs ne veulent pas remettre en cause les performances acquises malgré ces chocs. Si la volatilité a tendance à s’estomper, il a suffi que Gemalto, le concurrent d’Oberthur Technologies, annonce des résultats décevants dans plusieurs de ses métiers pour créer la défiance autour de la société française. De son côté, Deezer a été victime des mauvais résultats du site américain Pandora Media. Oberthur et Deezer ont ainsi subi des dommages collatéraux malgré des fondamentaux solides et attractifs. Showroomprivé a pu, pour sa part, s’introduire en Bourse car la valeur n’a pas été impactée négativement par une mauvaise nouvelle touchant une entreprise de son secteur.

Les investisseurs font preuve d’une sélectivité accrue après une vague d’introductions de valeurs technologiques et des chocs économiques d’une ampleur certaine. D’autant qu’une entreprise qui veut s’introduire en Bourse doit franchir un parcours du combattant.

Engager une réflexion pour raccourcir les délais

Il convient donc de lancer une réflexion globale sur ce sujet. Que constate-t-on en effet ? Le délai entre le dépôt du prospectus d’introduction auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et le lancement de l’opération peut atteindre trois mois. Il serait pertinent de raccourcir cette période. Les obligations demandées à ces entreprises sont compréhensibles, car elles permettent de recueillir des informations les plus exhaustives possibles et de protéger les futurs actionnaires. Mais un processus trop long peut avoir des conséquences très dommageables pour ces prétendants.

Afin d’améliorer le pilotage de ce type d’opérations, il pourrait s’avérer judicieux d’encourager les contacts en amont entre la société candidate à l’IPO et un panel restreint d’investisseurs influents qui s’engageraient à souscrire lors de l’introduction. Cela réduirait le risque de marché lié à ce processus administratif excessivement long.

La mise en place de dispositifs mieux adaptés à la volatilité des marchés pourrait éviter à l’avenir de telles déconvenues, qui finissent par ternir la réputation des sociétés et de leurs dirigeants. L’échec d’une IPO peut être très préjudiciable pour une entreprise sur le plan de sa réputation et plus particulièrement vis-à-vis de ses actionnaires, collaborateurs, clients et fournisseurs. Or, ces échecs tiennent davantage à l’environnement de marché qu’à la qualité de l’entreprise en elle-même.

Jérôme Laurre Novembre 2015

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