Les actions émergentes ont réalisé une hausse spectaculaire en 2009. L’investisseur peut légitimement s’interroger sur la pertinence d’initier voire de renforcer aujourd’hui une position.
A l’occasion de sa venue à Paris, James Donald, Associé-Gérant, responsable des Actions Emergentes chez Lazard Asset Management, vous fait part de son analyse et de la politique de gestion mise en oeuvre dans le fonds Objectif Actions Emergentes.
Pouvez-vous rapidement nous présenter votre activité ?
La gestion des actions émergentes a démarré chez Lazard en 1994 et représente aujourd’hui 25 milliards de dollars sous gestion, sous forme de fonds ouverts et dédiés. Je dirige l’activité avec 5 analystes-gestionnaires à New-York.
Nous travaillons en collaboration étroite avec les 3 équipes de Lazard spécialisées sur les autres classes d’actifs pays émergents, ainsi qu’avec la plate-forme mondiale de recherche du groupe (60 analystes buy-side au total).
Que peut-on dire de vos performances ?
Je tiens à souligner que la stabilité et la qualité des équipes, ainsi que la pérennité du processus de gestion, se reflètent dans le Track-Record de la stratégie. Depuis 1994, date de création du fonds ouvert, sa performance annualisée est de +9,0 % à comparer à l’indice MSCI Emerging Markets de +6,1 %. Sur 5 ans, cette stratégie affiche un alpha de 3,4 %, un bêta de 0,9, une volatilité inférieure à celle de l’indice et une Tracking-Error de 5,9 %.
Qu’est-ce qui différencie votre gestion ?
Notre philosophie se caractérise et se différencie par une approche purement stock-picking centrée sur la rentabilité, mesurée par le ROE, et l’évaluation des entreprises avec un objectif de surperformer l’indice sur un cycle de marché (5 à 7 ans) en réalisant une performance régulière.
Comment, à partir d’un univers initial de 1 700 titres, aboutissez-vous à un choix concentré autour de 80 titres ?
Notre sélection de titres s’effectue en 4 étapes : 1) la sélection quantitative à partir d’une base de données interne,
2) la validation comptable, 3) l’analyse fondamentale (pérennité de la rentabilité, analyse des catalyseurs potentiels et détermination du « prix cible » après analyse), 4) la construction du portefeuille (évaluation du risque déterminant la
viabilité du titre). Lors de cette dernière étape, une notation rigoureuse est réalisée pour chaque société sur les différents risques (politique, macro-économique, et plus particulièrement risque de gouvernance), aboutissant à une décote confrontée au prix cible.
Présentez-nous le portefeuille Objectif Actions Emergentes...
Les principaux poids sont, par résultante du choix de titres, le Brésil (20 %), l’Afrique du Sud (15 %) et la Corée du Sud (10 %). L’Asie est sous-représentée en raison notamment du faible poids de la Chine (seulement 2 % du portefeuille), dont la rentabilité est jugée souvent faible et sacrifiée à la croissance. L’Europe de l’Est hors Russie est absente du fonds Objectif Actions Emergentes en raison d’une valorisation estimée excessive.
...et ses récentes évolutions
Sur les derniers mois, nous avons réduit l’exposition cyclique du portefeuille (industries, énergie, matériaux de base) au profit de secteurs moins cycliques tels que la consommation et la technologie. Avec un PER de 13,3 contre 19,6 pour le MSCI Emerging Markets et un ROE de 20,4 contre 10,2, le portefeuille affiche un couple rentabilité/évaluation particulièrement élevé.
Recommandez-vous d’investir aujourd’hui sur les actions émergentes ?
Nous pensons que les marchés émergents, de plus en plus importants dans la contribution à la croissance mondiale, devraient dans les années à venir surperformer les bourses des pays développés. Une exposition sur ces pays au sein d’un portefeuille actions nous paraît donc incontournable.
Et sur un plan plus conjoncturel ?
En dépit d’une rentabilité supérieure des pays émergents, l’écart de valorisation avec les pays développés s’est en partie résorbé ces derniers mois. Par conséquent, plutôt que d’initier un investissement massif aujourd’hui sur la classe d’actifs, nous recommandons de s’exposer graduellement.
De neutre actuellement vous passez donc positif à moyen/ long terme.
L’historique probant de la performance boursière, le rôle prépondérant des pays émergents dans l’économie mondiale
(Chine), l’appréciation attendue des devises ainsi que les flux d’investissements croissants sur la zone (fonds de pension européens et japonais notamment), sont autant de facteurs favorables au renforcement de cette classe d’actifs. S’il n’y a pas d’urgence à investir aujourd’hui, nous croyons au potentiel de performance de la classe d’actifs à horizon de 3 à 5 ans.