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L’Europe peut-elle rattraper son retard ?

Notre modèle d’évaluation indique qu’une consolidation reste aujourd’hui nécessaire sur les marchés américains. Si les taux se stabilisent aux niveaux actuels, la correction devrait être de l’ordre de -12 % de baisse. Notre scénario intégrant le fait que les hausses de taxes impacteront les bénéfices futurs des sociétés américaines à partir de 2023 nous indique une baisse...

Après l’OCDE au mois de mars, c’est au tour du FMI de se montrer très optimiste pour la croissance à venir. Dans un contexte où la contraction de l’économie mondiale aura été globalement moins sévère que ce qui avait été envisagé pour l’année passée, la croissance du PIB mondial devrait atteindre +6 % contre +5,5 % dans les projections du FMI du mois de janvier, alimentée principalement par la reprise chinoise (+8,4 % prévu) mais aussi américaine (+6,4 %). Pour la zone euro, les projections du PIB réel ne sont qu’à +4,4 % en dépit d’une contraction initiale beaucoup plus sévère qu’ailleurs dans le monde... On aurait pu s’attendre à un rebond fantastique pour le Vieux continent, à la hauteur de la chute initiale… malheureusement, un ressort semble indéniablement cassé, comme l’illustrent d’ailleurs les derniers indicateurs conjoncturels. Dans ces conditions, si l’on peut comprendre les craintes de reprise de l’inflation en Asie et aux Etats-Unis (même si nous les considérons comme exagérées, cf. notre lettre du mois d’avril), envisager une hausse généralisée des prix sur le Vieux continent nous parait plus qu’incongru.

Face à cette situation tendue pour les agents privés européens, le soutien de la demande publique parait encore plus crucial qu’ailleurs dans le monde. Pourtant, là aussi, les autorités européennes peinent à suivre le rythme des autres. Avec le plan de relance “Next Generation EU”, l’UE 27 a indéniablement franchi une étape supplémentaire dans la construction européenne, notamment en permettant à la Commission européenne d’emprunter pour la première fois sur les marchés en son nom propre. Mais il se pourrait bien que la réussite soit plus politique qu’économique… En effet, à y regarder de plus près, le plan de relance européen de 750 Mds € (<6 % du PIB des 27 membres) apparaît de plus en plus comme le parent pauvre de la stratégie du « Build Back Better » de Joe Biden. Alors que les tensions émergent entre les pays de la zone euro, la BCE n’a donc pas d’autre choix que d’intervenir massivement pour permettre à la zone de ne pas imploser.

Les indices actions restent cependant toujours bien orientés, poussés par les perspectives macro améliorées, les plans de relance, mais aussi la microéconomie qui se porte très bien. Le MSCI World est ainsi passé de 3,9 % YTD début février à 11,3 % YTD en ce début mai, porté majoritairement par les marchés actions américains et européens. Les marchés émergents et asiatiques montrent quant à eux une légère respiration après un début d’année sur les chapeaux de roues (MSCI Emerging Market à +6,8 % YTD contre +8,9 % YTD à la fin janvier, ou le MSCI Japan à +6,7 % YTD contre +8,0 % YTD à la fin janvier).

La saison de publication des résultats vient de commencer aux Etats-Unis, et le moins que l’on puisse dire est que les premiers résultats qui sont annoncés par les sociétés du S&P 500 sont très bien orientés. En effet, à l’heure actuelle environ 25 % des sociétés (123 pour être exact) ont publié leurs résultats, et 84 % d’entre-elles ont affiché des bénéfices par actions supérieurs aux attentes des analystes. De plus, la croissance agrégée des bénéfices attendus pour l’ensemble du S&P 500 au T1 2021 est aujourd’hui de +33,8 % (contre seulement +23,8 % attendu fin mars dernier et +15,5 % attendu en fin d’année dernière), ce qui serait la plus forte hausse observée depuis le T3 2010 ! Au niveau sectoriel, malgré les fortes révisions à la hausse au cours du mois écoulé, nous n’observons pas de changement de dynamique par rapport aux estimations des analystes du mois dernier. Le premier trimestre 2021 devrait ainsi être marqué par le retour en grâce de secteurs ayant souffert au cours des 3 derniers trimestres de l’année écoulée : le secteur financier, le secteur des biens de consommation cyclique (automobile, …) ainsi que le secteur des matériaux.

Notre modèle d’évaluation indique qu’une consolidation reste aujourd’hui nécessaire sur les marchés américains. Si les taux se stabilisent aux niveaux actuels, la correction devrait être de l’ordre de -12 % de baisse. Notre scénario intégrant le fait que les hausses de taxes impacteront les bénéfices futurs des sociétés américaines à partir de 2023 nous indique une baisse potentielle de -16 % (si les taux se stabilisent), mais celle-ci se limiterait à -10 % si les taux longs venaient à refluer légèrement vers 2 % (c’est notre scénario central). Comme le mois dernier, il nous semble toujours adéquat de recommander la prudence vis-à-vis des actions américaines et de surpondérer de fait les marchés actions européens par rapport aux marchés actions américains.

Michaël Sellam Mai 2021

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