Il est quasi certain que la BCE relève ses taux d’intérêt cette semaine. Cette action a été annoncée le mois dernier par M. Trichet. Aussi sera-t-il plus intéressant de voir dans quelle mesure la conférence de presse et le communiqué qui s’ensuivront laisseront présager de nouvelles hausses des taux, ou s’il s’agit d’un unique relèvement. Le marché à terme anticipe une politique monétaire plus restrictive, avec une hausse des taux de 130pb au cours des 12 prochains mois.
Si la BCE suit cette voie, la Banque d’Angleterre devra lui emboîter le pas. La semaine dernière, l’économie britannique a souffert de la stagflation, la croissance du PIB réel ayant ralenti au 4ème trimestre 2010 avec une contraction de 0,5 % par rapport au trimestre précédent.
Si cette mauvaise performance s’explique surtout par de mauvaises conditions climatiques, ces statistiques montrent que l’activité tourne au ralenti. Ce n’est pas un bon point de départ compte tenu des coupes budgétaires et des augmentations de charges sociales attendues au 2ème trimestre. Cependant, l’inflation des prix de détail à 5,5 % sur un an glissant (le plus haut niveau depuis juillet 1991) est un problème majeur. La Banque d’Angleterre préférerait sans doute attendre de voir l’impact des coupes budgétaires avant de relever ses taux, mais la persistance de l’inflation pourrait l’y contraindre plus tôt que prévu.
L’aléa principal concerne la politique de la Banque du Japon (BoJ) ces prochaines semaines, celle-ci ayant fortement augmenté les dépôts des comptes courants (une composante de la base monétaire, ou de la monnaie centrale) jusqu’à 40 800 milliards JPY. Cela équivaut à 485 milliards USD, soit environ 26 % de la masse monétaire M1 aux Etats-Unis. On dit que la banque centrale japonaise pourrait retirer cette manne d’ici la fin avril, ce qui serait très perturbant pour les marchés. Le yen étant de plus en plus perçu comme une devise de portage, la politique de la BoJ a certainement contribué à stimuler la liquidité mondiale.
Un thème potentiel de préoccupation est l’inflation, qui pourrait augmenter si la BoJ ne retire pas ses liquidités en temps voulu. Plusieurs statistiques d’inflation ont été décevantes ces dernières semaines, notamment au Royaume-Uni et dans la zone euro où l’inflation « headline » est ressortie largement au-dessus du consensus à 2,6 % sur un an en mars. Notre mesure d’alerte déflationniste, qui analyse les variables de marché reflétant les craintes inflationnistes ou déflationnistes, a récemment signalé des inquiétudes relatives aux pressions inflationnistes.