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La saison de publication des résultats aux Etats-Unis – Pourquoi un sentiment de déception ?

Les marchés actions se sont récemment essoufflés après le rebond de cet été. L’une des raisons tient au fait que les actions avaient probablement pris beaucoup d’avance sur la modeste amélioration des statistiques macro-économiques constatée jusqu’à présent.

Cependant un catalyseur potentiel existe : l’actuelle saison des résultats du 3ème trimestre aux Etats-Unis offre au marché l’opportunité de réviser des anticipations excessivement optimistes. Mais à ce stade, nous sommes dans une situation un peu étrange : d’un côté tout le monde semble s’accorder sur le fait que les prévisions de bénéfices sont partout trop élevées, et particulièrement aux Etats-Unis où elles ont été moins qu’ailleurs révisées à la baisse. Les anticipations de bénéfice par action (BPA) pour 2013 sont davantage menacées que celles de 2012, du fait que, récemment encore, les anticipations de croissance pour 2013 continuaient de progresser alors que les chiffres 2012 se sont déjà infléchis.

Mais, d’un autre côté, la saison de publication des résultats a jusqu’à présent suscité une certaine déception, malgré le fait qu’elle semble plus ou moins conforme au consensus des analystes, pour ce qui concerne les bénéfices des entreprises. En effet, c’est par comparaison avec des prévisions qui avaient déjà été substantiellement révisées en baisse que l’on prévoit un recul de 1,2 % en glissement annuel des bénéfices agrégés du S&P500 pour le 3ème trimestre – au lieu d’une prévision de croissance de +3,1 % en juillet et de +5,3 % en avril.

Dans ce contexte, on constate que, sur un peu plus de la moitié (54 %) des entreprises du S&P500 qui ont publié leurs résultats, 63 % ont battu les prévisions de BPA, 12 % les ont atteintes et 25 % les ont manquées. Ces chiffres sont plus ou moins en ligne avec les moyennes de long terme s’établissant respectivement à 62 %, 14 % et 24 %. L’indice de surprise global (c’est à dire la différence en pourcentage entre le BPA réalisé du troisième trimestre et celui qui était anticipé au total pour le S&P500) ressort à 3 %, chiffre également très proche de la moyenne de long terme. Il semblerait donc qu’une série de publications de bénéfices très médiatisées ayant déjoué les prévisions a suffi à contrarier un marché en surchauffe, malgré le fait que les statistiques de la saison des résultats ne semblent pas trop mauvaises dans l’ensemble.

Il existe toutefois un autre facteur de déception : la faiblesse des performances des entreprises en matière de chiffres d’affaires. Dans ce domaine, les résultats ont été faibles : 37 % seulement des entreprises ont battu les prévisions de chiffre d’affaires, niveau très inférieur à la moyenne de long terme de 62 %. Une meilleure performance en matière de résultats que de chiffre d’affaires avait déjà caractérisé la saison des bénéfices du 2ème trimestre : 41 % des entreprises du S&P500 avaient battu les prévisions et 59 % les avaient manquées, alors qu’au 1er trimestre 65 % des entreprises battaient les prévisions de chiffre d’affaires.

Cette fois-ci, les surprises au niveau des chiffres d’affaires semblent être négatives dans l’ensemble– actuellement les surprises ressortent à -1 % et cela pourrait se détériorer si la tendance se confirme au cours de la seconde moitié de la saison de publication des résultats. A titre de comparaison, au 2ème trimestre, l’indice global de surprise pour les chiffres d’affaires s’est établi à 0 % exactement - c’est à dire que les résultats globaux en matière de chiffres d’affaires ont correspondu aux prévisions.

Comment interpréter la poursuite de cette divergence entre chiffres d’affaires et résultats ? Jusqu’à un certain point, on pourrait la considérer comme la conséquence des premières difficultés réelles rencontrées, en matière de parité monétaire, par les entreprises américaines depuis 2009, le taux de change effectif réel du dollar américain étant en hausse de 6 % en glissement annuel au 2ème trimestre et de 5 % au 3ème trimestre. Il semble cependant qu’une autre explication puisse être avancée, dans la mesure où, sur la base de données réelles actuelles (à un stade très précoce), les entreprises européennes ont également déçu sur leurs prévisions de chiffre d’affaires pour le 3ème trimestre (comme ce fut le cas pour le 2ème trimestre). Ceci pourrait suggérer que la véritable raison sous-jacente de cette baisse de régime pourrait être le ralentissement du commerce mondial, ce qui nécessiterait une reprise à ce niveau avant de pouvoir constater le retour à une amélioration des chiffres d’affaires.

En second lieu, la surperformance des résultats semble sous-entendre que les entreprises continuent à trouver des moyens de protéger leurs marges. A long terme, il est difficile de contester l’idée selon laquelle des marges élevées ne peuvent se maintenir éternellement, mais nous ne nous lassons pas de nous étonner devant le potentiel apparemment illimité des réductions de coûts !

Patrik Schöwitz Octobre 2012

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