Nous avons l’habitude d’entendre parler de la tâche difficile qui attend la Fed au cours des prochains mois alors qu’elle tente de maîtriser l’inflation des prix à la consommation de 8,6 % sans provoquer de récession ou de pertes d’emplois excessives.
Mais il serait peut-être bon de penser aussi à la BCE qui aimerait également atteindre ces deux objectifs, en partant de taux directeurs négatifs et d’une inflation de 8,6 % également. De plus, elle doit jongler avec une troisième variable : l’écart de taux entre les obligations d’État allemandes et celles du sud de l’Europe, qui ravive des souvenirs désagréables de la crise existentielle de la zone euro il y a dix ans.
La BCE devrait annoncer les détails d’un outil "anti-fragmentation" pour aider à résoudre ce trilemme le 21 juillet. À quoi ressemblera-t-il ? Sera-t-il suffisant ? Et le marché en a-t-il déjà tenu compte ?
Pressions inflationnistes
L’Europe a un problème d’inflation. La guerre en Ukraine l’a placée au centre de la hausse des prix à l’échelle mondiale. Si le fait que la mesure de l’inflation harmonisée par l’UE pour l’Allemagne ait été inférieure aux attentes la semaine dernière, à 8,2 % au lieu de 8,8 %, l’inflation en Espagne a été bien pire que prévu, à 10 %. Le chiffre de 8,6 % enregistré vendredi pour l’ensemble de la zone euro était supérieur aux attentes.
La faiblesse de l’euro par rapport au dollar n’aide pas. La monnaie est en baisse de plus de 8 % cette année, ce qui s’ajoute au coût croissant des importations d’énergie. Si la Fed est à la traîne par rapport à la courbe de l’inflation, cela donne une indication de l’ampleur du retard de la BCE, selon les marchés. L’euro a chuté alors que les marchés obligataires prévoient plus de hausses de taux de la BCE que de la Fed au cours des trois prochaines années.
Cela explique pourquoi la présidente de la BCE, Christine Lagarde, semble de plus en plus « hawkish ». […]