Au cours de l’année 2025, l’indice S&P 500 a gagné, 25 %, tandis que celui des valeurs technologiques, le Nasdaq, a progressé de plus de 30 %. De son côté, l’Eurostoxx européen n’a augmenté que de 7 %. Les actions américaines sont-elles surévaluées par rapport aux actions européennes ? Le Price Earnings Ratio (PER), un indicateur boursier mesurant le rapport entre le prix d’une action et le bénéfice par action, est de 22,2 aux États-Unis (en retenant une projection de bénéfices, PER forward) contre 13,9 pour les actions européennes. Cet écart important est-il la conséquence d’une divergence entre les deux économies ou est-il anormal ?
La valorisation boursière dépend de l’écart entre les taux d’intérêt nominaux à long terme et le taux de croissance des profits des entreprises. Les taux américains à 10 ans sont supérieurs à ceux de la zone euro de plus d’un point depuis plusieurs années (respectivement, en décembre 2024, 4,1 % contre 2,8 %). Les profits après impôts et intérêts des sociétés non financières représentaient, en 2024, 16 % du PIB aux ÉtatsUnis contre 12 % dans la zone euro. Les bénéfices sont en hausse constante outreAtlantique depuis cinq ans, alors qu’ils sont orientés à la baisse dans la zone euro.
Le taux de croissance anticipé des profits dépend de celui du PIB. Or, ce dernier est trois fois plus élevé aux États-Unis (près de 3 % contre moins de 1 % en zone euro). Par ailleurs, le partage des revenus est plus favorable aux entreprises aux États-Unis qu’au sein de la zone euro. De 2002 à 2023, la productivité a progressé de près de 25 % outre-Atlantique, tandis que le salaire horaire réel n’a augmenté que de 13 %. En zone euro, les valeurs respectives sont de 5,2 % et 4,8 %. Le taux de croissance du PIB aux États-Unis devrait rester, dans les prochaines années, supérieur à celui de la zone euro. La croissance potentielle demeure portée outre-Atlantique par l’augmentation de la population active et par un fort taux d’investissement dans le secteur des technologies de l’information et de la communication. Les dépenses en recherche et développement y sont également supérieures. Les États-Unis continuent à attirer les capitaux et les compétences du monde entier.
L’écart entre la valorisation des actions américaines et celle des actions européennes est justifié, même si des doutes subsistent quant à la rentabilité des investissements dans le secteur de l’intelligence artificielle. L’Europe est pénalisée par la structure de son économie. Cette dernière repose sur des secteurs en difficulté, comme l’automobile, ou sur des activités impactées par le ralentissement de la Chine, notamment le luxe. En revanche, l’Europe est relativement absente dans les domaines de la haute technologie. Ce positionnement pèse sur la valeur des actions européennes et explique, en partie, l’écart avec celles des États-Unis.