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Les échéances électorales pourraient agiter l’Europe cet automne

Après un accord négocié dans les dernières minutes entre la Grèce et les institutions européennes en juillet, la zone euro a pu profiter d’une certaine accalmie pendant quelques semaines, la confiance étant revenue quant à son unité, à court terme du moins. Les observateurs ont pu souffler et les marchés ont été d’ailleurs rassurés qu’une issue politique soit trouvée...

Après un accord négocié dans les dernières minutes entre la Grèce et les institutions européennes en juillet, la zone euro a pu profiter d’une certaine accalmie pendant quelques semaines, la confiance étant revenue quant à son unité, à court terme du moins. Les observateurs ont pu souffler et les marchés ont été d’ailleurs rassurés qu’une issue politique soit trouvée, même si la bourse n’a pas été épargnée par l’onde de choc chinoise qui a bousculé les marchés mondiaux à la fin du mois d’août. Toutefois, tout n’est pas résolu, dans le sens où de nouvelles élections législatives anticipées doivent avoir lieu le 20 septembre prochain en Grèce suite à la démission du gouvernement. L’accalmie entourant le sauvetage de la Grèce et l’environnement politique grec n’aura duré que deux mois. Plus inquiétant encore, le scrutin du 20 septembre ne sera que le premier d’une succession d’échéances politiques à haut risque pour l’Europe.

M. Tsipras n’imaginait vraisemblablement pas être en ballottage avec le parti Nouvelle Démocratie quand il a annoncé sa démission le 20 août dernier. Son initiative n’était motivée que par la volonté de bénéficier d’une majorité parlementaire forte, soutenue si nécessaire par ses alliés du parti Anel (Grecs indépendants). Mais en quelques semaines, et malgré la confiance affichée par l’ancien premier ministre, les sondages font état d’un scrutin très serré. Indéniablement, M. Tsipras a perdu du crédit et des soutiens. D’une part, le nouveau parti des frondeurs de Syriza (Unité Populaire) a vraisemblablement arraché des électeurs à leur ancienne famille politique, et d’autre part, le parti des Grecs indépendants ne semble pas capable de réunir les 3% de voix nécessaires pour entrer à la Vouli (l’assemblée parlementaire grecque). Enfin, le concurrent direct, Nouvelle Démocratie, profite de la crise humanitaire et de l’arrivée massive de réfugiés sur les côtes grecques pour chasser sur les terres historiques du parti d’extrême droite, Aube Dorée. En conséquence, pour la moyenne des douze derniers sondages publiés depuis le 1er septembre, le parti Syriza est crédité de 24,5% d’intentions de vote contre 23,3% pour Nouvelle Démocratie. Le scrutin est serré certes, mais le plus inquiétant n’est pas là. Il s’avère que ces deux faibles scores sont insuffisants pour former une coalition quelle qu’elle soit. En comptant la prime de 50 sièges sur 300 au parti arrivé en tête, une coalition a besoin de 40,4% des voix pour obtenir une majorité de sièges. Or, les intentions de vote semblent éparpillées selon les sondages. Les deux partis centristes To Potami et l’Union des Centristes ne seraient crédités respectivement que de 5% et 3,7% de voix, et le parti socialiste PASOK de 4,6%. Dans le cas où Nouvelle Démocratie serait élu et souhaiterait former un gouvernement d’union nationale avec ces trois précédents partis, cela ne suffirait pas, l’aide de Syriza serait nécessaire. On voit mal par ailleurs un des deux gagnants bénéficier du soutien du parti communiste (KKE), d’Aube Dorée ou encore d’Unité populaire, crédités respectivement de 5,5%, 6,7% et 5,2% des voix.

Le problème serait le même si M. Tsipras remportait le scrutin, il ne pourrait a priori pas se passer de Nouvelle Démocratie pour gouverner tant la rancœur est vive avec l’ex aile gauche de son parti. Alors, certes, les responsables politiques du centre et de Nouvelle Démocratie tendent la main chaque jour vers l’ex premier ministre afin de trouver une issue et de former un gouvernement qui permettrait au pays de repartir de l’avant. Pour le moment M. Tsipras ne répond pas, persuadé de réunir une majorité en se passant des partis historiques qu’il accuse d’avoir détruit l’économie locale. Ou bien n’est ce qu’un calcul politique, un mutisme volontaire afin de conserver ses votants avant de se retourner et de former un gouvernement d’union nationale ?

Finalement, l’issue du scrutin résidera vraisemblablement dans le choix des 16,3% de votants indécis pour le moment, d’autant plus que le débat n’est plus centré uniquement sur la crise grecque et la politique d’austérité, mais également sur l’actualité géopolitique avec la vague de réfugiés qui atteint le pays. Alors, même si la conjoncture européenne demeure favorable et rassurante dans une certaine mesure, même si les indicateurs macroéconomiques semblent bien orientés, l’incertitude demeure quant à ce scrutin qui pourrait bien agiter les marchés, surtout si la formation du gouvernement et les négociations qui lui sont associées s’avéraient lentes et indécises.

A peine les marchés auront-ils eu le temps de respirer et de digérer ces nouvelles données qu’un nouveau scrutin se tiendra en Espagne, dans un climat presqu’aussi tendu qu’en Grèce. Une semaine plus tard, le 27 septembre, auront lieu en effet les élections régionales catalanes, un an après que le gouvernement catalan a annoncé la suspension de la campagne pour le référendum sur l’indépendance suite au recours du gouvernement de M. Rajoy. M. A. Mas, le leader de la coalition indépendantiste n’a pas oublié ce camouflet et profite de l’élection des députés catalans pour replacer le sujet de l’indépendance au premier plan. Pour le moment, la liste commune des partis indépendantistes Junts pel Si est créditée de 67 à 70 sièges alors que la majorité absolue est à 68. Encore une fois, les indécis devraient arbitrer tant les résultats sont serrés à l’heure actuelle.

Certes, même si les indépendantistes l’emportaient, il ne s’agirait que de la première étape d’un processus de 18 mois au bas mot, de l’aveu même de M. Mas. Toutefois, au vu de la réaction de M. Rajoy ces derniers jours, un résultat favorable à la liste Junts pel Si risque d’inquiéter les marchés et de chahuter le débat politique espagnol. Le premier ministre a en effet récemment présenté un projet de loi prévoyant la suspension des fonctionnaires et des dirigeants ne respectant pas le pouvoir central, une manière détournée de se prémunir contre le risque de déclaration unilatérale d’indépendance de la Catalogne. Ce scrutin s’avère d’autant plus dangereux qu’il a lieu moins de trois mois avant les élections générales espagnoles, échéance importante pour la péninsule et l’Europe avec la montée en puissance récente du parti de gauche radicale Podemos. A n’en point douter, l’élection catalane pourrait influencer les législatives en fonction de son issue et du débat l’entourant. Cela pourrait s’avérer être un premier défi pour M. Rajoy, défi qui pourrait aussi bien confirmer sa réélection que précipiter sa chute.

A ces échéances s’ajoutent deux autres scrutins à l’issue incertaine. Tout d’abord, les élections législatives portugaises du 4 octobre prochain verront s’affronter le parti socialiste avec le parti social-démocrate (centre droit) actuellement au pouvoir. Les deux partis sont au coude à coude et sont crédités respectivement de 36% et 35% d’intentions de vote, des scores faibles confirmant la difficulté pour chacun des deux camps d’obtenir une majorité absolue au Parlement, comme c’est le cas depuis 2011 pour la coalition formée entre le parti social-démocrate et son partenaire minoritaire, le parti populaire. La France sera également concernée puisque les 6 et 13 décembre auront lieu les élections régionales, le dernier scrutin sur l’ensemble du territoire avant l’élection présidentielle de mai 2017 : même en l’absence d’enjeu sur le pouvoir central, les résultats pourraient contribuer à l’inquiétude politique.

Malgré les apparences d’une Europe calme et sereine en cette fin d’été et après un printemps chahuté, les nuages noirs s’amoncèlent et les turbulences peuvent réapparaitre rapidement au vu du calendrier électoral européen de la fin d’année. Pour ces raisons, CPR AM tient compte de ces événements à venir et retient ce scénario de risque pour les marchés.

Thomas Page-Lecuyer Septembre 2015

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