Marchés
Clairement, depuis deux semaines, l’équilibre bull/bear s’est déplacé. Là où, début août, on se préparait à un mois de septembre affichant des saisonnalités particulièrement négatives, avec un double risque sur la table – celui d’une Fed qui baisserait les taux dans un moment de panique vis-à-vis du cycle et le risque que les élections américaines entraînent une montée de stress – la réalité aura été bien différente. Si le sentiment de marché, tel qu’exprimé dans notre indicateur d’appétit pour le risque, est loin d’avoir retrouvé ses plus hauts, les marchés des actifs risqués n’en ont pas moins progressé. Le changement de ton de la Fed ainsi que le plan de relance coordonné chinois semblent avoir considérablement atténué deux des plus grandes inquiétudes des marchés financiers : une Fed qui maintiendrait ses taux élevés trop longtemps et une Chine dont la conjoncture ralentit. Si en 2022, les marchés baissaient sans volatilité, en septembre, ceux-ci sont montés dans un climat de volatilité accrue. Il est néanmoins essentiel de rappeler deux points essentiels : les inquiétudes vis-à-vis du cycle global subsistent et ce n’est pas un mois de bonnes données qui les dissipera ; la nervosité du marché reste significative : le VIX reste au-dessus de sa moyenne mobile sur 200 jours, et risque de clôturer le mois au-dessus de 15 %, signe que la méfiance règne. L’expression « cautiously optimistic » aura gagné ses lettres de noblesse ce mois-ci.
Dans ce contexte, ce sont les marchés émergents qui ont tiré la cote sur la semaine. Les actions émergentes ont progressé de 6,3 % sur la semaine, surpassant la performance des actions développées (+1,2 %), tirées par les actions chinoises (+12,6 %). Les actions européennes ont elles aussi profité de cette tendance, gagnant 3,5 % sur la semaine (Eurostoxx 50). Les taux ont gagné quelques points de base : les taux à 10 ans ont progressé de 3 points de base sur la semaine, alors que les spreads de crédit sont restés relativement stables. Les matières premières ont progressé de 1,7 % sur la semaine, entraînées par la progression des métaux précieux (+6 %). Le dollar est resté stable. Au final, nous sortons d’une semaine au cours de laquelle il ne faisait pas bon être sous-pondéré en actions.
Macro
US
Les nouvelles économiques en provenance des États-Unis ont été plutôt bonnes sur la semaine. Le Chicago Fed National Activity Index a surpris le consensus à la hausse (0.12 vs. -0.2 attendu), signe qu’en moyenne les indicateurs économiques américains se sont plutôt améliorés en août. L’indice non-manufacturier de la Fed de Philadelphie s’est lui aussi redressé (-6 vs. -9 attendu). L’indice de la Fed de Richmond est quant à lui resté bas (-21 vs. -19 le mois passé), alors que son équivalent non-manufacturier progressait. Les nouvelles commandes de biens durables pour août ont positivement surpris le consensus (+0.5 % vs. +0.1 % attendu). Globalement, les nouvelles macroéconomiques étaient ainsi soit meilleures qu’attendues, soit en ligne avec leurs niveaux du mois précédent : la détérioration économique semble ainsi s’être interrompue. Notre signal de croissance montre quant à lui 60 % de données en progression sur le mois, un autre signe de cette amélioration de la croissance.
Zone Euro
Les publications de cette semaine se présentent inquiétantes à l’économie de la zone euro avec la publication des chiffres PMI et de la confiance des services, de l’industrie et des entreprises. L’indice PMI composite s’est établi à 48,9 (50,5 attendu), contre 51 en août, suggérant que l’économie pourrait être en difficulté puisqu’il est passé sous la barre des 50, avec des baisses particulièrement marquées en Allemagne et en France. Le secteur manufacturier continue de peser lourdement sur l’économie, puisqu’il est passé de 45,8 en août à 44,8 en septembre, manquant ainsi les attentes de 45,7. Même le secteur des services, qui avait été une source de résilience, montre des signes de faiblesse (50,5 en septembre contre 52,9). L’indicateur de confiance économique est tombé à 96,2 (contre 96,7 révisé), la confiance industrielle chutant encore plus à -10,9 (contre -9,7). Contrairement aux autres indicateurs, la confiance dans les services s’est améliorée pour atteindre 6,7 en septembre. La tendance générale suggère que la résistance économique observée au début de l’année s’estompe.
Chine
Une fois n’est pas coutume, une part importante de l’actualité économique s’est faite en Chine. L’annonce d’une action conjointe du gouvernement ainsi que de la banque centrale chinoise pour relancer une activité économique locale en net ralentissement s’est reflétée dans les prix des actifs du pays. Côté banque centrale, un ensemble de taux ont été revus à la baisse dans un effort d’aide à l’économie : taux de reverse repo à 7 et 14 jours et taux à 1 an, ainsi que les taux de réserve auprès de la banque centrale. Les marchés ont retrouvé un vieux réflexe avec ces plans de stimulation et ont acheté la nouvelle, la question étant, en termes de marchés financiers, combien de temps ce momentum peut-il tenir. Les profits industriels se sont contracté de quelques 18% sur 12 mois : le ralentissement est clair.
Macro/Nowcasting Corner
Cette section rassemble l’évolution la plus récente de nos indicateurs de nowcasting pour la croissance mondiale, les surprises en matière d’inflation mondiale et les surprises en matière de politique monétaire mondiale. Ces indicateurs permettent de suivre les évolutions macroéconomiques les plus récentes qui font bouger les marchés.
Nos indicateurs de nowcasting indiquent actuellement :
- Les signaux de croissance continuent à progresser, affichant cette semaine 59% de chiffres en amélioration sur un mois.
- Les pressions inflationnistes poursuivent leur remontée, avec cette semaine 63% de données en progression en zone Euro et 67% aux Etats-Unis.
- Nos signaux de politique monétaire se sont repliés sur la semaine, l’indicateur US s’établissant à 40% en cohérence avec la communication dovish de la Réserve Fédérale.