Les deux dirigeants élus seront confrontés à des défis générationnels majeurs, avec notamment l’inégalité de revenus et de patrimoine et une tendance de faibles taux de croissance.
En Chine, Xi Jinping et Li Keqiang devraient succéder à Hu Jintao et Wen Jiabao, respectivement président et premier ministre. Cependant, la nomination de Li pourrait être reportée à mars 2013. Le 15 novembre, l’annonce du nouveau comité central sera déterminante – constitué des sept à neuf membres les plus puissants du pays. Les investisseurs devraient suivre de près cette évolution, car il s’agit de la plus importante transition politique des 30 dernières années, un nombre record de dirigeants politiques étant contraints de partir à la retraite. Certains signes montrent que la transition est loin d’être simple, les précédents (et futurs précédents) dirigeants (notamment Jiang Zemin et Hu Jintao) ayant tenté d’influencer la composition du nouveau comité central. La récente mise à l’écart de Bo Xilai traduit l’importance des rivalités en jeu, comme le confirment les significatives sorties de capitaux du pays.
Les nouveaux dirigeants devront faire face à d’importants défis, tout en respectant le double mandat dont ils hériteront. Hu Jintao et Wen Jiabao ont bénéficié d’une décennie de croissance rapide en termes de niveau de vie, avec une inflation relativement contenue.
D’après le FMI, entre 2002 et 2012, le PIB réel par habitant a augmenté de 9,9 % par an et l’inflation des prix à la consommation de 3,0 % par an. Parallèlement, l’épargne nationale brute se serait élevée de 40 % à 50 % du PIB, portant les réserves de change de 286 milliards à 3,29 trillions de dollars – soit une hausse impressionnante de 28 % par an.
Cependant, durant leur mandat, on a également assisté à une augmentation des inégalités de revenus et de patrimoine. L’un des principaux défis de Xi Jinping et Li Keqiang consistera à gérer les anticipations de croissance, probablement trop optimistes car évoluant plus rapidement que le niveau de vie, tout en laissant entrevoir une lueur d’espoir aux laissés-pour- compte de la croissance chinoise.
L’histoire montre que, lorsque l’activité économique déçoit les attentes trop optimistes, des troubles sociaux peuvent survenir (à l’instar de l’Iran à la fin des années 1970 et de l’Indonésie au milieu des années 1990). Le succès ou l’échec de cette mission et la capacité de la Chine à mener ces réformes économiques et politiques auront un impact déterminant sur le rééquilibrage de l’économie mondiale. Cela affectera l’évolution des actifs risqués, la disponibilité et le prix du capital. On leur souhaite bonne chance.
Aux Etats-Unis, les élections de la semaine devraient se traduire par une absence de majorité politique claire. L’histoire nous enseigne que les marchés ont tendance à réagir de manière similaire en cas de victoire des Démocrates ou des Républicains.
Cette élection permettra surtout de se faire une idée de la façon dont le « fiscal cliff » (la falaise budgétaire) sera géré, l’aspect probablement le plus important à court terme de cette élection pour les investisseurs.
Nous aborderons ce point en détail la semaine prochaine dans le cadre de notre prochaine revue hebdomadaire, lorsque nous connaîtrons les résultats de l’élection.
Dans ce contexte, l’économie américaine a fait l’objet de bonnes statistiques ces dernières semaines, notamment sur le front de l’emploi, 171 000 emplois ayant été créés en octobre, soit 50 % de plus que les prévisions du consensus (125 000), et les chiffres du mois de septembre ayant été revus à la hausse. Il en a été de même sur le front de l’immobilier, les prix (+5 % sur un an) et les ventes ayant dépassé les attentes. La confiance des consommateurs se redresse également, mais les dépenses d’investissement restent mesurées. Par ailleurs, la première estimation de la croissance du PIB réel au troisième trimestre (ressortie à 2,0 %) se trouve affectée par l’incertitude budgétaire, les dépenses de consommation et l’investissement résidentiel continuant de soutenir la croissance mais les dépenses d’investissement restant faibles et peu susceptibles d’augmenter avant la résolution de ce « fiscal cliff ».