Loïc Fery, dirigeant fondateur de Chenavari, société de gestion basée à Londres et spécialisée sur les marchés de crédit, nous présente la philosophie d’investissement de son flagship « The Chenavari Multi-Strategy Credit Fund ».
Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?
Avant la création de Chenavari, j’ai commencé ma carrière professionnelle dans le monde bancaire. En effet, j’ai passé plus de 10 ans au sein du Groupe Société Générale en Asie avant de rejoindre Calyon, la division banque d’investissement du Crédit Agricole, à Londres, en 2001 pour créer et diriger leur département crédit/crédit structuré pendant 7 ans.
Comment s’est effectuée la création de Chenavari ?
Avec 5 autres associés et une équipe de professionnels expérimentés, tous spécialisés dans les marchés du crédit, j’ai crée Chenavari à Londres, en fin d’année 2007. Dans le contexte difficile de l’époque, avec les débuts de la crise financière, nos compétences reconnues auprès des investisseurs institutionnels, nous ont permis de démarrer notre activité avec environ 50 millions d’euros de « seed money ». Nos performances parlant aujourd’hui d’elles-mêmes, nous avons réussi à accroitre de manière significative nos encours sous gestion qui s’élèvent aujourd’hui à près de 250 millions euros sur la gestion alternative, auxquels sont en train de s’ajouter des mandats de gestion « long only » pour des encours proches d’un milliard d’euros au moins. Notre développement et nos performances ont d’ailleurs été distingués à deux reprises l’an dernier par la communauté financière, aussi bien à New York qu’à Londres ou nous avons reçu des « Awards » de l’industrie.
Pouvez-nous en dire plus sur les performances du « Chenavari Multi-Strategy Credit Fund » et de sa philosophie d’investissement ?
Le « Chenavari Multi-Strategy Credit Fund » a enregistré 16 mois consécutifs de performance positive, depuis sa création en octobre 2007. Le rendement actuariel net de commissions de gestion s’est élevé à 33.43% l’an dernier, tout en maintenant notre niveau de volatilité à un niveau acceptable inférieur à 6.5%, grâce à notre gestion des risques rigoureuse.
La philosophie d’investissement du fonds est relativement simple. Nous avons décidé de concentrer notre champ d’intervention à la dette émise par les entreprises appartenant à la catégorie « crossover » du marché, ce qui inclus les emprunteurs « non investment grade » définie par les agences de notation financière, correspondant aux notes situées entre BB+ et B. Cette dette présente, en effet, l’avantage d’offrir des taux de rendements élevés, par rapport à des emprunts d’Etat par exemple, du fait de sa classification « High Yield ». Mais une sélection rigoureuse des entreprises, au sein du compartiment « non investment grade », est bien évidemment nécessaire, pour éviter les nombreuses embûches de ce marché. C’est notre équipe de recherche d’analyse fondamentale et quantitative qui identifie, en permanence les meilleures opportunités d’investissement. Le fonds, ayant une approche « market neutral » par rapport aux variations des spreads de crédit, nous pouvons être toutefois amenés à couvrir tout ou partie de nos positions sur des indices crédit comme l’iTraxx® Crossover, pour limiter la volatilité du fonds.
En tant que spécialiste du marché du crédit, que pensez-vous du problème actuel de la dette des Etats ?
La crise financière a fait basculer les difficultés de paiement de nombreuses banques et entreprises vers les Etats, qui ont joué le rôle de pompier de service. Aujourd’hui, la communauté financière dans son ensemble, se pose de nombreuses questions quant à la capacité de remboursement des Etats, y compris pour les plus solvables d’entre eux. Une hausse de l’inflation, la hausse de la fiscalité, ou bien la reprise économique mondiale, tant attendue en 2010, pourrait permettre une décrue progressive de ces montants à rembourser. Pour ma part, je pense que la résolution de ce problème de solvabilité de certains états ne sera pas simple et passera probablement par une combinaison de ces trois phénomènes.
Constatez-vous actuellement un mouvement d’expatriation des « Hedge Funds » de Londres vers d’autres places financières plus accueillantes ?
A Londres, nous observons, en effet, une tendance de délocalisation pour certaines équipes de gestion de fonds alternatifs, en particulier vers la Suisse et l’Espagne. Les nouvelles mesures fiscales du gouvernement de Gordon Brown envers la communauté financière n’y sont sans doute pas étrangères. Il est, d’ailleurs dommageable, que la France ne profite pas plus de ce phénomène : il s’agit peut-être d’une occasion unique pour notre pays de faire revenir une partie de sa communauté, si nombreuse à Londres ! Cela dit, pour notre part, nous ne comptons pas quitter Londres, mais nous avons choisi d’ouvrir un bureau à Paris pour être plus proches des investisseurs institutionnels français. La capitale Britannique reste toutefois un centre financier majeur de premier plan, où se concentrent de nombreuses compétences, en particulier dans le domaine de la finance et de la gestion d’actifs.
Chenavari Credit Partners a réalisé récemment l’acquisition de l’équipe Structured Credit de SGAM AI (via Lyxor). C’est la plus grosse acquisition de ce type qui n’ait jamais été réalisée...
Chenavari a en effet été retenu par Lyxor pour reprendre les activités de gestion Crédit héritées de SGAM AI. Le fait qu’un des leaders mondiaux des “managed accounts” - ce qui nécessite d’être spécialiste des due-diligences sur gérants- nous accorde sa confiance, est une marque de reconnaissance importante pour notre société. Par ailleurs, nous sommes heureux de pouvoir accueillir les hommes qui géraient les transactions chez Lyxor au sein de Chenavari. L’équipe n’en sera que renforcée et nous permettrons aussi aux investisseurs qui accepteront le transfert de gérant de bénéficier d’une continuité dans la gestion, avec le même gérant : cette continuité est fondamentale dans la performance future de ces mandats.