Etre moutonnier en bourse est rarement considéré comme une qualité... même s’il est aujourd’hui avéré que les actions qui ont obtenu de bonnes performances par le passé tendent à surperformer les autres actions sur la période qui suit. Alors, comment tirer parti de cette inertie des marchés ?
Pour commencer, l’effet « Momentum » possède une particularité : il est entièrement lié au comportement des investisseurs et à leur préférence pour des titres qui ont déjà du succès, qu’il s’agisse de valeurs connaissant de beaux parcours boursiers ou de valeurs en vogue. Cet effet d’entrainement, parfois lié au pouvoir de prescription d’un gérant star que certains investisseurs s’empressent de copier, participe à la poursuite de l’embellie boursière de ces titres... parfois même en dépit de mauvaises nouvelles !
En réalité, dans les faits, tous les acteurs du marché ne disposent pas instantanément de toute l’information et, quand c’est le cas, ils n’y réagissent pas toujours immédiatement. Ainsi l’annonce d’une baisse de profit trimestriel d’une société ne se traduira pas instantanément par une opinion « acheteuse » ou « vendeuse » sur son titre. Le caractère moutonnier et le manque de réactivité de certains participants expliquent donc la formation de cette anomalie de marché à l’origine de la prime liée au facteur « Momentum ».
Pour identifier les titres présentant un bon « Momentum », la variation des prix du cours de bourse sur un an est l’indicateur le plus utilisé. L’horizon de temps observé ne doit être ni trop long, ni trop court, afin de ne pas confondre le « Momentum » d’un titre avec une simple inversion de tendance.
Mieux vaudra également écarter les titres se contentant de s’inscrire en hausse avec le reste de leur secteur et ne bénéficiant pas d’un réel « Momentum » car le cours de bourse ne fait pas tout !
Si la variation des prix d’un titre est intéressante pour identifier les titres présentant un bon « Momentum », d’autres indicateurs peuvent également constituer de précieux alliés. Parmi ceux-ci, l’indicateur des achats et des ventes, qui répertorie toutes les transactions des dirigeants d’une entreprise, est aussi un indicateur. Viennent ensuite les révisions de prévisions de bénéfices formulées par les analystes, qui signalent un changement de leur sentiment sur un titre.
A ces indicateurs bien connus, il est aujourd’hui possible d’ajouter le sentiment des clients sur l’entreprise que l’on peut mesurer à travers la notoriété des produits, en analysant par exemple le ton des commentaires exprimés sur Twitter... même si l’apport du big data pour prédire le cours de bourse d’un titre reste encore l’objet de débats passionnés ! Dans tous les cas, la collecte et l’agrégation de l’ensemble des données utilisées pour analyser ces métadonnées sont aujourd’hui grandement favorisés par le développement des savoir-faire quantitatifs.
Parallèlement, une stratégie d’investissement « Momentum » nécessite de savoir vendre ces actions idéalement avant que leur cours de bourse ne fléchisse. Cette gestion dynamique peut s’avérer coûteuse en raison des frais de transaction. Heureusement, avec le développement des process de gestion systématiques et la popularisation des ETF Smart Beta, cet inconvénient est aujourd’hui résolu. Les stratégies « Momentum » sont aujourd’hui bien plus accessibles pour les particuliers qui recherchent un potentiel de rendement supplémentaire pour leur portefeuille.
Le facteur « Momentum » s’avère aussi être un excellent moyen de diversifier son portefeuille. Pour les investisseurs adeptes de stratégies multifactorielles, la prime du facteur « Momentum » ne présente qu’une faible corrélation avec celle liée au facteur « Faible volatilité » et affiche même une corrélation négative avec la prime du facteur « Value ».
Il est donc tout à fait possible de faire cohabiter ces différentes stratégies d’investissement factoriel au sein d’un même portefeuille afin de bénéficier d’une bonne diversification.
En conclusion, être moutonnier en bourse peut s’avérer être une stratégie payante, à condition de bien comprendre ce que l’on suit et de savoir jusqu’où aller !