Next-Finance : Quel a été l’impact de Solvabilité 2 sur votre activité ?
Marie Lemarie : Solvabilité 2 a été et continue d’être un projet qui mobilise des ressources significatives. Ce projet est un projet d’entreprise qui mobilise bien au-delà de la seule sphère financière. Il s’appuie donc à la fois sur un budget dédié dont la composante informatique est non négligeable et sur une forte mobilisation de toutes les équipes. Le périmètre des équipes concernées est très large (il englobe naturellement au premier rang la direction financière du groupe et de chaque entité, mais aussi l’asset manager, les fonctions informatiques, le contrôle interne, le suivi de la rentabilité et la tarification produit, etc).
Nous utilisons un modèle interne partiel qui s'applique aux risques d'assurance non vie en France...Marie Lemarie, Directeur des investissements chez Groupama SA
Etes-vous en modèle interne ou en modèle standard ?
Nous utilisons un modèle interne partiel qui s’applique aux risques d’assurance non vie en France. Ce modèle interne partiel approuvé par l’ACPR en 2015 permet d’intégrer dans le calcul de l’exigence de capital toutes les données historiques qui démontrent un risque de souscription inférieur à celui anticipé dans le cadre de la formule standard. Nous utilisons la formule standard notamment pour les risques de marché et pour les activités d’assurance vie.
Quel est l’impact de Solvabilité 2 sur votre allocation ? Quid de la proportion de l’obligataire dans votre portefeuille ?
La conjonction de solvabilité et de l’environnement de taux bas ont milité pour une réduction du risque action. Nous avons divisé par deux nos expositions action entre 2011 et 2016. Parallèlement, nous avons été cherchés des surcroîts de rendement sur des classes d’actif obligataires moins liquides, comme les fonds de prêts. Nous conservons une prédominance d’obligations souveraines dans nos portefeuilles obligataires.
Nous avons recours à des stratégies de couvertures obligataires qui visent à exposer nos portefeuilles aux taux variables...Marie Lemarie, Directeur des investissements chez Groupama SA
Avez-vous recours à des stratégies de couvertures pour vos portefeuilles via des dérivés ?
Nous avons recours à des stratégies actives en terme de dérivés que nous pilotons nous mêmes, en collaboration avec notre entité de gestion d’actif. Les stratégies de couverture action sont investies uniquement si nos convictions en matière de perspectives boursières sont suffisantes pour justifier le coût associé à la prime d’option. Nous avons recours à des stratégies de couvertures obligataires qui visent à exposer nos portefeuilles aux taux variables. De la même manière, nous investissons dans ce type de stratégie quand le coût du passage de taux fixe à taux variable nous apparaît raisonnable et justifié au regard de nos anticipations de marché.
Les fonds de dettes, la dette infrastructure ou encore l’immobilier sont des classes d’actifs plutôt bien traitées dans Solvabilité 2. Avez-vous augmenté vos encours sur ces classes d’actifs ?)
Nous sommes convaincus qu’une source de rendement tout à fait acceptable au regard de nos contraintes de gestion est celle qui correspond à la prime d’illiquidité.
Nous avons investi à hauteur de 1 milliards d’euros dans ce type de stratégie, en soutien au financement des entreprises, des projets immobiliers ou des projets infrastructures. Le traitement sous Solvabilité 2 n’est pas le premier moteur de nos choix d’investissement en la matière. Nous visons avant tout la sélection de projets sécurisés et l’alignement d’intérêt avec nos partenaires.
Nous sommes aussi convaincus que les traitements des participations stratégiques (qui reflètent une détention longue) peuvent être aménagés favorablement...Marie Lemarie, Directeur des investissements chez Groupama SA
Que faudrait-il faire évoluer concernant Solvabilité 2 ?
Solvabilité 2 importe la volatilité des marchés dans les ratios découverture des assureurs. Il est essentiel de conserver ou d’amplifier les mesures contra cycliques (calibration action, calibration de l’ajustement pour volatilité sur la courbe de taux). Nous sommes aussi convaincus que les traitements des participations stratégiques (qui reflètent une détention longue) peuvent être aménagés favorablement.