Les espoirs de négociations entre l’Ukraine et la Russie lors du 3ème round en Turquie n’ont cependant pas abouti à un cessez-le-feu. De son côté, la Russie menace l’Occident de représailles en réponse aux sanctions. V. Poutine et le ministre de l’agriculture ont mis dans la balance une hausse des prix des engrais et insisté sur la qualité des récoltes à venir et sur l’autonomie alimentaire de la Russie.
Les prix du gaz et du pétrole ont malgré tout reflué sur la semaine. La France a proposé au sommet de Versailles une réforme du marché européen de l’énergie, afin de fixer le prix de l’électricité en fonction du coût moyen de production des énergies décarbonées et non des énergies fossiles comme c’est le cas aujourd’hui.
Côté banques centrales, la BCE a confirmé une double normalisation dans un cadre de révision à la hausse des projections d’inflation : +5,1% en 2022 (contre 3,2% lors des prévisions de décembre), +2,1% en 2023 et +1,9% en 2024. Les prévisions de croissance n’ont été que modestement réduites à +3,7% en 2022. Le programme d’achat PEPP s’arrêtera bien fin mars et les achats nets de titres dans le cadre de l’APP sont revus à la baisse sur le T2 de 40 Mds€ en avril à 20 Mds€ en juin. Christine Lagarde a aussi indiqué que la première hausse de taux directeurs interviendra dans les semaines ou les mois qui suivront la fin des achats nets de titres.
Sur le front budgétaire, la solidarité européenne fait son retour face à la crise énergétique. Le plan stratégique annoncé jeudi par la Commission européenne marque la réduction des importations russes, cible le remplissage des stocks avant l’hiver, augmente les sources d’énergie alternatives au gaz. Bruxelles envisagerait surtout d’émettre de la dette mutualisée pour ensuite redistribuer ces fonds à l’ensemble des pays européens sous forme de prêts conditionnés aux objectifs visés dans les domaines de l’énergie ou de la défense.
En Chine, les chiffres d’inflation de février ont confirmé la poursuite du ralentissement de l’inflation sous-jacente qui recule et s’élève à +1,1% en glissement annuel. L’inflation des prix à la production se tasse également à +8,8%. La Chine n’impose pas de restrictions sur les produits russes, mais elle subira la concurrence internationale pour s’approvisionner en gaz et en pétrole. L’inflation devrait donc repartir à la hausse au cours des prochains mois, venant limiter la capacité de la banque centrale à assouplir encore sa politique monétaire. Elle devrait toutefois continuer de soutenir la croissance, toujours pénalisée par la politique « Zéro-Covid », les indices PMI du mois de février se maintenant juste au-dessus de 50.
Dans ce contexte de volatilité encore forte, il est opportun de définir différents scénarii de sortie de crise, actant de l’impact négatif de cette crise sur la croissance mondiale et surtout européenne, qui néanmoins à ce stade ne mènerait pas vers une récession. Dans l’attente d’une stabilisation des marchés, nous conservons une position en deçà de la neutralité sur les actions, notamment européennes. Sur les taux, nous maintenons une sous-pondération sur les dettes souveraines et le crédit de qualité et restons prudents sur la duration du fait de l’inflation qui va rester persistante.