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Oxfam accuse les banques françaises de spéculer sur la faim !

Selon le rapport d’Oxfam, la spéculation financière sur les marchés agricoles et alimentaires participe à l’augmentation de la volatilité et de la hausse tendancielle des prix des denrées avec les conséquences dramatiques pour les populations les plus vulnérables…

D’après le rapport d’Oxfam, les financiers occupent aujourd’hui 65% des marchés agricoles et alimentaires ; tandis que les producteurs et commerçants physiques en constituent seulement 35%. Selon l’ONG, cette spéculation participe à l’augmentation de la volatilité et de la hausse tendancielle des prix des denrées avec les conséquences dramatiques pour les populations les plus vulnérables. Dans son rapport détaillé, Oxfam France démontre que de nombreuses banques françaises contribuent à cette spéculation.

La spéculation sur les matières premières agricoles se fait aujourd’hui essentiellement à travers des fonds indiciels ou « Exchange-traded funds » (ETF) ou « trackers ». Les recherches menées par Profundo [1] pour Oxfam France montrent que les principales banques françaises géraient en novembre 2012 au moins 18 fonds qui investissent sur les matières premières, et dont la quasi-totalité sont des fonds indiciels. Leur valeur totale correspond à 2,6 milliards d’euros. Ce chiffre est relativement faible si on le compare par exemple à la valeur totale des fonds indiciels gérés par les banques allemandes, qui s’élève à 11, 385 milliards d’euros, mais la tendance est inquiétante selon l’ONG.

« On remarque en effet que la très grande majorité de ces fonds ont été créés depuis la crise alimentaire de 2008, avec l’objectif manifeste de spéculer toujours plus sur les matières premières, et de faire toujours plus de profits sur la hausse tendancielle des marchés agricoles, aux dépends des centaines de millions de personnes qui souffrent aujourd’hui de la faim dans le monde » précise Oxfam.

Oxfam France a établi un classement des différentes banques françaises qui spéculent le plus sur les matières premières.

La BNP Paribas possède à elle seule plus de la moitié des fonds [2].

« Parmi les cinq fonds les plus importants que nous avons pu identifier et qui spéculent sur les matières premières, la BNP Paribas en possède quatre. Trois ont été créés après la crise alimentaire de 2008, au moment où la volatilité des prix alimentaires a commencé à laisser apparaitre aux spéculateurs d’énormes profits potentiels » précise Oxfam.

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Les cinq principaux fonds détenus par des banques françaises et qui spéculent sur les marchés agricoles et alimentaires

« On remarque que certains fonds, comme le BNP Paribas Agriculture Fund, misent tout sur les matières premières agricoles, mais que la plupart préfère diversifier leur portefeuille. Si on observe par exemple l’ensemble des fonds de la Société Générale, la spéculation portant exclusivement sur les denrées agricoles concerne plus de 60% des montants investis. Ce total s’élève à plus de 88% pour les fonds du Crédit Agricole, mais à « seulement » 25% pour le fond de la Caisse d’Epargne et de la Banque Populaire. Pour certaines banques, comme la BNP Paribas, l’opacité relative à la composition du portefeuille des fonds rendent ce type de calculs impossible » détaille Oxfam.

Les banques ne sont pas les seuls acteurs financiers à spéculer sur les matières premières. Oxfam met également en accusation l’assureur AXA, qui via AXA Investment Managers et Alliance Bernstein, investit dans les matières premières agricoles par le biais d’au moins trois fonds indiciels qui cumulent une valeur de près de 290 millions d’euros.

« Les marchés de matières premières agricoles, désormais considérés comme rentables par les spéculateurs, se financiarisent en effet massivement, et entrainent régulièrement des pics de prix alimentaires tels que ceux qu’on a pu observer en 2008, 2010 et 2012. Entre février 2005 et février 2008, les prix alimentaires ont augmenté de 83%, enregistrant des hausses records de 191% pour des denrées de base comme le blé. Ces violentes fluctuations des prix touchent sévèrement les ménages les plus pauvres des pays du Sud, qui peuvent consacrer jusqu’à 75% de leur budget à l’alimentation. Et pourtant, dans la réforme bancaire présentée par le gouvernement au Parlement français en février 2013, rien ne garantit que les activités spéculatives concernant les matières premières agricoles cessent » indique l’ONG.

Oxfam France demande que soient interdites les activités d’investissement dans des fonds indiciels de matières premières agricoles, ainsi que l’établissement de contrats spéculatifs sur les marchés dérivés de matières premières agricoles. Oxfam France souhaite également que les banques et les investisseurs institutionnels publient le détail de l’ensemble de leurs investissements sur les marchés agricoles.

Next Finance Février 2013

Voir en ligne : Réforme bancaire : ces banques françaises qui spéculent sur la faim - Rapport Oxfam France, février 2013

Notes

[1] Profundo est une institution indépendante de recherche et de conseil basée aux Pays-Bas, et spécialisée dans l’analyse du fonctionnement du secteur financier et les enjeux de Responsabilité Sociale et Environnementale des entreprises : http://www.profundo.nl/page/languag...

[2] Certains fonds étant cogérés par plusieurs banques, leur nombre a été calculé en fonction du prorata de gestion pour chaque banque et apparaît parfois décimal

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