L’intensification du conflit au Yémen fait craindre une hausse des cours du baril de pétrole. C’est pourtant le scénario le moins probable. Historiquement, le marché pétrolier a toujours fortement réagi à la géopolitique mais, dans un contexte où le déséquilibre entre l’offre et la demande est manifeste, on voit mal comment le Yémen pourrait à court terme provoquer un changement de la donne pétrolière.
Bien-sûr, les enjeux sont importants. La production pétrolière du Yémen est insignifiante, avec seulement 133 000 barils par jour en 2013, mais tous les observateurs ont surtout en tête l’immense production pétrolière de l’Arabie Saoudite qui grimpe à près de 11,6 millions de barils par jour.
Une intervention de l’Arabie Saoudite était inévitable pour contrer les pressions exercées à la fois par Daesh au niveau de sa frontière avec l’Irak et par la milice chiite des houthistes au sud. Toutefois, la sécurité des installations pétrolières du royaume wahhabite et sa capacité à exporter sa production ne sont en rien entamées du fait du sursaut du risque géopolitique. Au contraire, il y a toutes les chances que l’intervention militaire en cours permette de maintenir l’intégrité territoriale du royaume.
Tant que le surplus d’offre demeurera sur le marché, le conflit durable qui s’installe dans la péninsule ne pourra, tout au plus, qu’exercer une pression à la hausse éphémère, perceptible sur quelques séances.
Ce qu’il est important de souligner c’est surtout, qu’à ce jour, la production pétrolière américaine est devenue complètement incontrôlable. Selon les derniers chiffres, dans deux semaines, les parcs de stockage aux Etats-Unis seront saturés. Ce sera un nouvel élément qui plaidera en faveur d’une baisse plus significative des cours, potentiellement vers les 40 dollars pour le WTI, ce qui constituerait un nouveau plus bas annuel.
Le conflit au Yémen n’est donc qu’un épiphénomène dans un paysage pétrolier mondial de plus en plus complexe et concurrentiel. La guerre des prix est toujours d’actualité. Seules des discussions entre Riyad et Washington sur le niveau de la production pétrolière et en particulier sur la production de pétrole de schiste américain pourrait mettre un terme à l’ère du pétrole bas. Mais, selon toute vraisemblance, les canaux habituels de dialogue entre les deux pays ne parviennent pas à faire avancer le dossier.
La seule conclusion qu’on peut tirer de l’escalade du conflit au Yémen, c’est que la péninsule arabique n’a plus le statut d’havre de stabilité au Moyen-Orient auquel il pouvait prétendre il y a encore quelques années. Cela ne signifie pas pour autant que la production pétrolière de cette région stratégique soit en danger.