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Philip Tindall : « Nous voyons le ’Smart Bêta’ comme un moyen de ’bien faire du Bêta’ »

Selon Philip Tindall, senior investment consultant chez Towers Watson, il y a davantage de croissance dans les stratégies de Bêtas dynamiques. Les clients de Towers Watson y ont investi plus de 10 milliards de livres sterling…

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Next-Finance : Le mois dernier, vous avez publié une étude montrant un vif intérêt dans les stratégies Smart Bêta. Qu’entendez-vous par « Smart Beta » (quel type de fonds, de stratégies, ...) ?

Philip Tindall : Nous utilisons ce terme, au sens large, pour désigner les stratégies qui se distinguent de l’approche classique par capitalisation boursière, en ce qui concerne les principales classes d’actifs liquides (actions et obligations) et qui se réfèrent à ce que nous appelons souvent Bêta standard ou Bêta brut. Le « Smart Bêta » permet d’autres alternatives en matière de pondération de titre pour ces classes d’actifs traditionnelles mais aussi pour des investissements alternatifs tels que des stratégies de « prime de risque » (par exemple de « momentum » ou de « carry ») ou de capture de tendance à long terme à partir d’idées thématiques. Dans tous les cas, nous visons à améliorer, pour nos clients, l’efficience de nos portefeuilles grâce à la diversification ou de meilleurs rendements ajustés du risque. Le « Smart Bêta » consiste tout simplement à essayer d’identifier les bonnes idées d’investissement qui peuvent être structurées et mis en œuvre pour un faible coût, de façon simple et systématique.

Comment expliquez-vous cet intérêt croissant des investisseurs institutionnels pour les stratégies « Smart Bêta » ?

Il y a un certain nombre de raisons. La bulle internet et son éclatement, suivie de la crise financière, a conduit les investisseurs à remettre en question l’hypothèse selon laquelle les marchés financiers sont efficients, soutenant par là même la thèse du Bêta "standard". Pendant plusieurs décennies, il y a eu un débat à ce sujet, dans le milieu universitaire, aujourd’hui généralisé auprès du grand public. À notre avis, les marchés financiers ne sont pas parfaitement efficients. Bon nombre des arguments pour le Bêta intelligent ont un sens intuitif qui est largement mis en avant par ses promoteurs. Il est donc facile pour les investisseurs institutionnels de se « faire » à cette idée. Ensuite, la complexité et la diversité des choix d’investissement auxquels est confronté un investisseur se sont multipliées au cours de la dernière décennie. Face à des budgets limités en termes de gouvernance, les investisseurs peuvent choisir de se concentrer sur l’Alpha ou le Bêta afin d’améliorer l’efficience de leurs portefeuilles. A notre avis, les deux approches sont valables, à condition qu’elles soient réalisées correctement. Nous voyons le « Smart Bêta » comme un moyen de « bien faire du Bêta » à travers une gouvernance relativement mesurée. Enfin, il y a eu une certaine déception avec une gestion active au cours de ces dernières années, ainsi qu’une plus grande attention portée sur les coûts (interne et externe).

Nous dirions que toutes les approches ne sont pas équivalentes et qu’une évaluation précise des coûts et du volume est nécessaire. Les gestionnaires d'actifs doivent avoir un produit bien pensé et rentable.
Philip Tindall, senior investment consultant chez Towers Watson

Quel type de stratégies « Smart Bêta » pour quel type d’investisseurs institutionnels (fonds de pension, fonds souverains et les compagnies d’assurance) ?

Nous raisonnons sur des critères tels que la gouvernance, la tolérance au risque, l’horizon de placement et la liquidité, plutôt que sur le type d’investisseur. Nous croyons que les idées « Smart Bêta » exigent plus de compétence que celles reposant sur le Bêta brut – il ne s’agit pas d’idées grand public ou macro-cohérentes (tous les investisseurs ne peuvent pas utiliser le « Smart Bêta » sans influencer les prix). Les allocataires d’actifs ont besoin de « compétence » pour comprendre la philosophie d’investissement (à la fois dans le passé et le futur) et surveiller son efficacité au fil du temps. Les investisseurs institutionnels qui ont su développer une gouvernance appropriée et peuvent donc tirer profit d’idées « Smart Bêta ». Deuxièmement, certaines stratégies portent sur des risques à court et moyen terme - les investisseurs qui peuvent gérer ou à tolérer ces risques sont davantage capables que les autres à saisir les opportunités (primes de risque) à plus long terme. De la même façon, les investisseurs qui ont une certaine tolérance pour l’illiquidité, sont en mesure de capturer une prime de la part de ceux qui, au contraire, ne peuvent pas se le permettre.

Quels sont les différents besoins en fonction de la répartition géographique ?

Les idées peuvent être utilisées dans toutes les régions du monde, à condition de mettre en œuvre les options appropriées. Cependant, certaines régions semblent avoir trouvé des idées avant les autres. D’après notre expérience, les établissements australiens ont été les premiers à adopter les concepts de « Smart Bêta », par exemple. Maintenant, les idées se multiplient dans la plupart des régions du monde.

Comment voyez-vous les changements dans les actifs « Smart Bêta » sur le moyen terme et quels gestionnaires d’actifs sont les mieux placés pour bénéficier de cette croissance ?

Nous voyons davantage de croissance dans les stratégies de Bêtas dynamiques. Il y a eu beaucoup d’intérêt dans ce domaine, et les investisseurs commencent à allouer leurs actifs - nos propres clients ont investi plus de 10 milliards de livres sterling. Jusqu’à présent, la plupart des investissements ont été effectués sur des stratégies actions non pondérées par la capitalisation boursière, et il y a maintenant de nombreuses approches (par exemple à faible volatilité, par la pondération des risques ou la pondération fondamentale). Nous voyons aujourd’hui le développement de méthodes ne reposant pas sur la pondération par capitalisation, appliqué au marché obligataire. Nous pensons également qu’il y a un potentiel de développement dans tout ce que l’on appelle les Bêtas alternatifs (stratégies d’investissement dans des actifs alternatifs ou capturant des primes de risque alternatif - souvent classées comme des stratégies de hedge funds). Nous dirions que toutes les approches ne sont pas équivalentes et qu’une évaluation précise des coûts et du volume est nécessaire. Les gestionnaires d’actifs doivent avoir un produit bien pensé et rentable. Nous faisons le choix de la simplicité et de la facilité de compréhension dans la mesure du possible.

Next Finance Avril 2013

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