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Philippe Desfossés : « Nous regardons plutôt vers le Crédit et les opérations permettant aux investisseurs de compenser le désengagement des banques »

Selon Philippe Desfossés, Directeur de l’ERAFP (Établissement de Retraite Additionnelle de la Fonction Publique), investir aujourd’hui dans une OAT à 10 ans qui paie moins de 2.20% est destructeur de richesse. Quelles sont les solutions alternatives dont dispose l’ERAFP ?

Next-Finance : Les engagements du Régime à l’égard de ses bénéficiaires doivent être couverts par des actifs d’un montant au moins équivalent : à quel niveau est actuellement évalué votre taux de couverture ? Quels sont vos encours actuels ?

Philippe Desfossés : A la clôture de l’exercice 2012, le taux de couverture réel est de 106,30%. Au 31/10/2013, la valeur de l’actif net en valeur bilan est de 14.940 milliards d’euros. En valeur boursière ce même actif atteint 16,902 milliards d’euros. Le montant des plus-values dont l’actif est porteur s’élève à 1.963 milliards d’euros. Comme le RAFP est un investisseur de long terme qui a vocation à porter la plupart de ses titres obligataires à terme, les plus-values latentes attachées à ces obligations (comme d’ailleurs les moins-values latentes) ne correspondent pas à une véritable variation de « richesse ». Si on neutralise les plus-values obligataires, le montant des plus-values (pour la quasi-totalité les plus-values sur actions) s’élève à 889 millions d’euros au 31/10/2013.

Quel est le niveau actuel de taux d’actualisation (1,7% en 2011) qui vous sert à calculer la valeur actuelle probable de vos engagements ?

Á la clôture de l’exercice 2012, le taux d’actualisation retenu pour le calcul des provisions mathématiques est de 1,5%, frais compris.

Dans le contexte actuel de taux durablement bas du fait des injections massives de liquidités auxquelles procèdent les banques centrales, il serait logique d’investir davantage en actifs à revenu variable.
Philippe Desfossés, Directeur de l'ERAFP

Vous êtes un investisseur de long terme, avec une gestion prudente. En vertu de vos contraintes réglementaires, vous devez investir à hauteur de 65% minimum en obligations (souveraines, d’entreprises, de collectivités territoriales et d’organismes supranationaux). Ainsi début 2012, vous étiez investi à 76,6% en Obligations. Avez-vous ou allez-vous faire évoluer cette allocation dans un contexte actuel de risque de taux lié aux incertitudes des politiques monétaires des banques centrales (Calpers, de façon contre intuitive a augmenté son allocation en fixed income de 17% à 18,5%.) ?

Notre politique d’allocation dépend du cadre réglementaire qui nous est imposé. Le conseil d’administration de l’ERAFP à l’unanimité a adopté un vœu, en décembre 2012, pour que ce cadre règlementaire tienne mieux compte des spécificités de notre Régime (passif à long terme assortie d’une duration réglementaire à 30 ans) pour allouer nos capitaux. Je vous rappelle surtout que le cash-flow net de l’ERAFP sera en moyenne de 2 milliards d’euros par an au cours des 10 prochaines années. Dans le contexte actuel de taux durablement bas du fait des injections massives de liquidités auxquelles procèdent les banques centrales, il serait logique d’investir davantage en actifs à revenu variable. Comme nous sommes arrivés à la limite de 25% que nous fixe la réglementation la politique d’investissement est confrontée à un dilemme. Alors que l’OAT à 10 ans « paye » moins de 2.20%, investir en dessous du taux du tarif (3.34%) détruit de la richesse. Pour éviter que cette destruction de richesse n’entraine une baisse accélérée du taux de couverture des engagements du Régime, faut-il alors rester cash en attendant une hypothétique remontée des taux ou accélérer le rythme d’investissement dans l’immobilier au moment où les valorisations dans la classe d’actifs nourrissent des interrogations.

Quelle est la duration actuelle de votre portefeuille obligataire ? Comptez-vous la réduire ?

Au 31/10/2013, la duration de notre portefeuille obligataire est de 8,6, sachant qu’elle atteint 9,3 sur notre portefeuille de titres souverains et 5,9 sur les titres de « credit corporate ». Ce niveau de duration a récemment diminué, étant donné que les obligations « corporate » (ayant généralement une maturité plus courte) ont un poids de plus en plus important au sein de notre portefeuille obligataire (2,479 milliards d’euros en valeur de marché pour une valorisation globale de 11,618 milliards d’euros au 31/10/2013 hors obligations convertibles).

Concernant les pays émergents, nous nous heurtons à nos contraintes règlementaires qui nous interdisent d’investir dans les pays hors de l’OCDE, qu’il s'agisse d'actions ou d'obligations, y compris par l'intermédiaire de mandats de gestion. Nous restons donc à l’écart de ce qui représente de fait pratiquement la moitié de la richesse mondiale.
Philippe Desfossés, Directeur de l'ERAFP

Regardez-vous des solutions alternatives telles que le « High Yield », le Crédit (via CDS single name ou indice) ou encore les obligations émergentes ? Et êtes-vous susceptible d’ouvrir des mandats sur ce type de produits ?

Oui, on s’intéresse effectivement à des solutions alternatives, en ayant par exemple mis en place un mandat de gestion sur les obligations convertibles l’an dernier (236,5 millions d’euros en valeur de marché au 31/10/2013). Le marché du High Yield peut encore sembler attractif dans les mois à venir, mais nous regardons plutôt vers le Crédit et les opérations qui sont montées pour permettre aux investisseurs de long terme de compenser le désengagement des banques du financement des entreprises en particulier des PME ETI. A ce sujet, nous avons participé à hauteur de 20 millions via notre poche Multi-actifs gérée par Amundi, au lancement le 10 juillet de Novo, un fonds obligataires de près d’un milliard d’euros pour le financement des entreprises de taille moyenne (PME) et intermédiaire (ETI).

Concernant les pays émergents, nous nous heurtons à nos contraintes règlementaires qui nous interdisent d’investir dans les pays hors de l’OCDE, qu’il s’agisse d’actions ou d’obligations, y compris par l’intermédiaire de mandats de gestion. Nous restons donc à l’écart de ce qui représente de fait pratiquement la moitié de la richesse mondiale.

RF Novembre 2013

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