En ce début d’année, les marchés ne veulent entendre qu’un message : celui du ralentissement supposé de l’économie chinoise. Pourtant, son PIB a progressé de 6,5% en 2018, et bien qu’étant au plus bas depuis 9 ans, on peut considérer qu’avec une hausse de 6,8% au premier trimestre et de 6,7% au deuxième trimestre, nous n’assistons pas à un effondrement en bonne et due forme… Avec 13.000 milliards de dollars de PIB en 2018, la Chine a créé environ 800 milliards de dollars de richesses. C’est un peu comme si la France avait connu une croissance de 39%. Sur le front des créations d’emplois, sait-on que 13,5 millions de Chinois ont trouvé un emploi en milieu urbain en 2018 ? Soit 200.000 de plus que l’année précédente.
L’essentiel pour un investisseur est de remettre ces données dans leur contexte afin de prendre les meilleures décisions possibles. Or, nous sommes en pleine guerre commerciale larvée sino-américaine. Vu sous cet angle, ces chiffres ne sont pas si mauvais, loin s’en faut.
En effet, il est raisonnable de penser qu’aucun des deux protagonistes n’a intérêt à ce que ce conflit ne s’éternise au-delà du premier trimestre 2019. Sa persistance bloque la majorité des investissements à venir.
Pourquoi ? Parce que sur le fond rien n’a changé : la classe moyenne aura doublé en 5 ans en Chine, progressant de 150 millions d’individus en 2015 à 300 millions en 2020. Par ailleurs, seuls 5% des Chinois possèdent un passeport. Or, le tourisme génère 35% des ventes du secteur du luxe par exemple. Enfin, la transformation du pays est actée dans le plan long terme du gouvernement. Le modèle de croissance interne (reposant notamment sur les services) se substitue au modèle que nous connaissions « d’atelier du monde ». Dans les hautes technologies, la Chine devient peu à peu une puissance incontournable dans le domaine des réseaux télécoms, des smartphones, des mobilités électriques, de la distribution digitalisée ou encore de la banque digitale. Le volume de croissance des entreprises chinoises dans ces secteurs est immense car les taux d’équipement sont encore faibles. Par exemple, celui du nombre de voitures pour 1000 habitants reste trois fois plus faible qu’en Europe ou aux Etats-Unis.
Ainsi, les marchés financiers jouent à se faire peur au sujet de la Chine depuis plusieurs mois. Gageons que les publications des entreprises en février-mars apporteront un éclairage instructif pour démentir ces craintes exagérées.
Nous en avons eu une première confirmation avec les très bons résultats 2018 de LVMH (ROC en hausse de 21%). Le groupe dirigé par Bernard Arnault n’a observé, au second semestre, aucun ralentissement de ses ventes en Chine.