Les cours du baril connaissent de fortes variations cet été. Une telle volatilité ajoute à l’incertitude à laquelle sont confrontés consommateurs et entreprises et posent question quant à l’évolution future du baril. Quelles perspectives pour son prix ? L’analyse de Jeanne Asseraf-Bitton, Head of Lyxor Cross Asset Research
Pourquoi s’intéresser aux prix du pétrole ?
Les coûts de l’énergie ont un impact direct sur l’inflation. Les baisses récentes des cours du pétrole ont poussé les anticipations d’inflation à la baisse, contrariant les efforts colossaux des banques centrales pour reflater les économies développées. A l’inverse, un baril à des niveaux beaucoup plus élevés, équivaudrait à un impôt supplémentaire, pesant sur l’activité.
Quels sont les facteurs qui influent sur le cours du baril ?
Les déterminants incluent le dollar ; l’appréciation du billet vert favorise le tassement des cours du pétrole. La consommation d’énergie est un facteur décisif. Elle dépend essentiellement du dynamisme de l’activité. Actuellement, la croissance mondiale est molle et devrait le rester. C’est pourquoi d’autres facteurs dominent. En particulier, la demande spéculative et les anticipations sur l’offre de pétrole. Par exemple, on peut expliquer la chute de juillet dernier par le débouclage de positions spéculatives longues. Ensuite, la reprise de positions longues, conjuguée aux rumeurs de gel de la production OPEP, a permis le rebond des prix. Un regain de spéculation avec les inflexions sur l’offre est possible.
Quelles perspectives à moyen terme ?
A notre avis, toute envolée des prix s’avérera temporaire. La stratégie de l’OPEP pour reprendre des parts de marché aux Etats-Unis a fonctionné. En un an, la production américaine a perdu plus de 10% et l’ajustement ne parait pas terminé. Or si le baril remontait à 60 dollar, les Etats-Unis augmenteraient leur production. Nous pensons que l’OPEP est déterminée à défendre sa position de marché. Toutefois, le cartel semble vouloir limiter le coût de cette stratégie en mettant un plancher au cours du baril. Rappelons qu’il faut un baril à plus de 50 dollar pour équilibrer les budgets de la plupart des pays de l’OPEP. Nous maintenons un objectif moyen terme sur le Brent de quarante-cinq à cinquante dollar.