En 2023, les taux de rendement des fonds euros de l’assurance vie avait été de 2,6 % contre 1,9 % en 2022 et 1,21 % en 2021. Il devrait se situer autour de 2,6/2,7 % en 2024.
L’année dernière, les compagnies d’assurance ont pu compter sur la montée des taux des obligations d’État. La baisse des taux directeurs des banques centrales a eu un effet limité sur les taux longs. Les besoins financiers importants de l’État en France ainsi que la crise politique du mois de juin poussent vers le haut le taux de l’OAT à 10 ans (Obligation Assimilable du Trésor, obligation de référence de l’Etat en France).
Les obligations d’entreprises ont continué à bénéficier de rendements attractifs. Le marché « actions » français a connu une année en deux temps : un bon premier semestre suivi d’un repli au cours du second en lien avec la crise politique et les difficultés du secteur du luxe. Les compagnies d’assurance ont engrangé des plus-values sur les six premiers mois. Par ailleurs, les autres places financières ont poursuivi, voire amplifié, le mouvement haussier du premier semestre. Le marché immobilier semble se stabiliser. Les SCPI (en toutes lettres) ont souffert de la hausse des taux et de la crise du commerce de détail ainsi que des vacances des bureaux. Néanmoins, la chute apparaît arrivée à son terme.
En 2024, le fonds euros est resté challengé par le Livret A et par les dépôts à terme. Même si les deux placements ont peu de points en commun, leur forte popularité aboutit à ce que leur rendement soit comparé. Depuis quatre ans, le Livret A offre un rendement supérieur à celui des fonds euros. Depuis deux ans, il en est de même avec les contrats à terme. Cette situation particulière a conduit les assureurs à utiliser leurs provisions pour bénéfices pour améliorer le rendement de leurs fonds.
Selon une étude de Good Value for Money, en 2023, les assureurs vie ont prélevé 9 milliards d’euros de de leurs participations pour bénéfices (PPB) afin de maintenir les taux servis, diminuant ainsi le niveau moyen de PPB de 4,83 % à 4,45 % des encours en euros. Les assureurs ont effectué une ponction de 4 milliards d’euros pour compenser les moins-values obligataires générées par la hausse des taux.
L’utilisation ciblée de la réserve de capitalisation permet de réaligner les portefeuilles obligataires sur des opportunités de rendement supérieur. Les assureurs ont tout avantage à se délester d’obligations à faibles taux au profit d’obligations mieux rémunérées mais cela a un coût avec l’enregistrement de moins-values.
Les assureurs disposaient de réserves conséquentes en 2024, même si elles ont baissé. Elles sont passées de 176 milliards d’euros à 156 milliards d’euros entre fin 2022 et fin 2023. Le ratio moyen de réserve s’élevait à 11,40 % des encours, contre 11,65 % en 2022 et 14,71 % en 2021. Les réserves actuelles permettraient aux assureurs de soutenir un taux de 1,40 % sur huit ans, ce qui constitue un matelas de sécurité appréciable pour les assurés. Ces dernières années, les compagnies d’assurance se sont montrées proactives en réorientant leur allocation d’actifs.
La PPB est un mécanisme réglementaire en assurance vie qui permet aux assureurs de lisser dans le temps la distribution des bénéfices à leurs assurés. Instituée par la loi du 17 décembre 1966 sur la participation aux excédents, la PPB est encadrée par le Code des assurances. Les compagnies d’assurance vie sont obligées de reverser une grande partie de leurs bénéfices techniques et financiers à leurs clients. Les assureurs doivent redistribuer au moins 90 % des bénéfices techniques, qui correspondent aux excédents résultant de la différence entre les primes perçues et les sinistres payés, ajustés des frais de gestion. Ils doivent également reverser au minimum 85 % des bénéfices financiers, issus des revenus générés par les placements des primes collectées. Ces pourcentages constituent les seuils légaux minimaux de redistribution aux assurés. Les assureurs ont la possibilité de retenir une partie de ces bénéfices sous forme de PPB, afin de gérer la volatilité des rendements et de garantir une certaine stabilité des taux servis aux assurés. La PPB est une réserve comptable alimentée par la part des bénéfices non immédiatement distribuée aux assurés. Elle appartient collectivement aux assurés et doit être restituée dans un délai maximal de huit ans. Cette provision permet aux assureurs de lisser les rendements servis en puisant dans cette réserve lors des années moins favorables, assurant ainsi une certaine stabilité des taux crédités aux contrats d’assurance vie. La PPB, bien que constituée au bénéfice des assurés, n’est pas individualisée. Ainsi, en cas de rachat total ou partiel d’un contrat, l’assuré ne peut pas prétendre à une quote-part spécifique de la PPB. La constitution et l’utilisation de la PPB sont strictement encadrées par le Code des assurances. Les assureurs doivent respecter les obligations de redistribution des bénéfices et veiller à une gestion prudente de cette provision. Les autorités de contrôle, telles que l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR), surveillent le respect de ces dispositions afin de protéger les intérêts des assurés.