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Salwa Boussoukaya-Nasr : « Oui, nous sommes pleinement satisfaits de notre modèle de gestion flexible »

Selon Salwa Boussoukaya-Nasr, Directrice financière du Fonds de Réserve pour les Retraites (FRR), le modèle de gestion flexible du FRR a permis de réduire rapidement et de manière significative les risques du portefeuille lors des crises de la zone euro en 2011 et en 2012…

Next-Finance : En 2012, 60% du portefeuille du FRR était dédié à la couverture du passif et 40% à la recherche de performances complémentaires. Comment ont évolué ces allocations ?

Salwa Boussoukaya-Nasr : Dans les grandes masses, ces allocations sont restées relativement stables en 2013. Il faut se rappeler que notre politique d’allocation est essentiellement conditionnée par la couverture de notre passif, arrivant à échéance en 2024. Toutefois, il est à noter que le poids de notre poche de performance a davantage progressé l’an dernier, en raison notamment de la bonne tenue des marchés action.

Sur la poche de performance, vous aviez opté pour un modèle de gestion flexible avec un objectif de rendement absolu (6% annualisé). Pourquoi étiez-vous sorti du modèle benchmarké ?

Notre politique de gestion cherche à réaliser une performance la moins volatile possible, c’est-à-dire à mieux protéger le capital dans des situations de risques extrêmes. Dans cette optique, la flexibilité du portefeuille du FRR est plutôt de nature exceptionnelle et vise à faire face à d’éventuels chocs de marché liés à un modèle « benchmarké ». Concernant notre objectif de rendement absolu, il faut bien comprendre que le niveau de 6% annualisé découle de l’anticipation des rendements de long terme d’une allocation cible, réalisée en absence de crise majeure sur les marchés financiers.

Au sein de notre poche de performance, nous pouvons investir sur les actions, les obligations, y compris à travers la dette privée. Le FRR peut également détenir de la dette émergente aussi bien en devises dures qu’en devises locales.
Salwa Boussoukaya-Nasr, Directrice financière, FRR

Êtes-vous pleinement satisfait de votre modèle de gestion flexible ?

Oui, nous sommes pleinement satisfaits de notre modèle de gestion flexible car nous avons eu l’occasion de l’expérimenter lors des crises de la zone euro survenues en 2011 et en 2012. A ces occasions, les risques de notre portefeuille ont été réduits très rapidement de manière significative. Reste ensuite à réinvestir sur les marchés financiers, avec le bon timing, ce qui n’est une mince affaire.

Votre univers d’investissement est-il global ? Sur quelles classes d’actifs pouvez-vous investir (Obligations, actions, matières premières, immobilier, private equity, dette émergente, etc…) ? Avez-vous des contraintes de liquidités ou des restrictions géographiques ?

Oui, notre univers d’investissement est global, sachant que le FRR ne peut pas détenir d’actifs ayant une maturité longue, compte tenu de l’arrivée à échéance de notre passif en 2024. C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui nous ne privilégions pas les investissements dans le private equity et l’immobilier physique. En revanche, au sein de notre poche de performance, nous pouvons investir sur les actions, les obligations, y compris à travers la dette privée comme en témoigne nos investissements au sein des fonds NOVO dédiés aux émissions obligataires des PME et des ETI françaises. Le FRR peut également détenir de la dette émergente aussi bien en devises dures qu’en devises locales. Nous n’avons pas de restrictions géographiques au sein de notre portefeuille mais nous cherchons à maintenir la diversification des placements. En revanche, en matière d’investissement en direct sur les marchés actions, le législateur nous a fixé une règle prudentielle : ne pas dépasser plus de 3% du capital d’une entreprise.

Par contre, au sein d’une même classe d’actifs, sur les marchés actions par exemple, cette approche ‘‘smart beta’’ n’est pas dénouée d’intérêt. Sur ce sujet, le FRR s’intéresse notamment aux indices boursiers optimisés et ce sur différentes zones géographiques.
Salwa Boussoukaya-Nasr, Directrice financière, FRR

Les modèles de gestion flexibles reposent de plus en plus sur des processus quantitatif d’allocation. On a vu notamment apparaître des approches de type « Risk Parity », « Iso-Vol », « Minium Variance ». Y-voyez-vous un intérêt pour les fonds de réserve ou les caisses de pension ? Le FRR a-t-il adopté des techniques similaires pour déterminer la pondération des actifs dans votre poche de performance ?

Non, le FRR n’utilise pas de techniques similaires pour sa politique d’allocation entre les différentes classes d’actifs, car nous nous interdisons d’avoir recours à l’effet de levier. Or, ces techniques impliquent généralement de recourir à l’endettement, afin d’equi-pondérer le risque entre des actifs ayant des niveaux volatilités hétérogènes. Par contre, au sein d’une même classe d’actifs, sur les marchés actions par exemple, cette approche n’est pas dénouée d’intérêt. Sur ce sujet, le FRR s’intéresse notamment aux indices boursiers optimisés et ce sur différentes zones géographiques. Nous avons d’ailleurs lancés des mandats de gestion spécifiques sur cette problématique et étudions l’intérêt de combiner les approches.

Sélectionnez-vous des sociétés de conseil ou des sociétés de gestion pour la mise en œuvre de tels modèles quantitatifs ou effectuez-vous tout ce travail en interne ?

Nous effectuons essentiellement ce travail en interne, sans avoir recours à des sociétés de conseil ou à des sociétés de gestion. Au sein du FRR, nous disposons en effet d’une équipe de trois ingénieurs financiers travaillant dans notre département d’allocation stratégique. En revanche, nous utilisons la recherche académique et la recherche fournie par les banques, les fournisseurs d’indices boursiers ou encore les sociétés de gestion d’actifs, sur ces sujets.

Next Finance Décembre 2013

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