L’inflation est beaucoup trop vigoureuse pour envisager de freiner le rythme. Le moment viendra, mais à ce jour une telle initiative est prématurée. La fermeté de la FED va conduire les taux directeurs au-delà des niveaux anticipés par les investisseurs. Jerome Powell l’a dit sans complaisance, le vrai risque est de ne pas remonter suffisamment les taux directeurs.
Cette décision, assumée sans ambiguïté, vient réduire brutalement l’ardeur de Wall Street qui envisageait déjà une annonce suggérant de tempérer la hausse des taux future du fait du ralentissement brutal qu’elle pouvait entraîner.
L’hypothèse de Fed Funds atteignant 6% à 7% courant 2023 n’est pas à exclure. La FED veut parvenir à freiner la dynamique de la demande, qui semble pour l’instant, ne pas vouloir faiblir. Les statistiques publiées viennent confirmer à la foisla vitalité de l’économie et la diffusion de l’inflation.
De telles conditions ne peuvent qu’encourager le durcissement de la politique monétaire.
Les marchés des actions vont devoir ajuster leurs valorisations à des niveaux de taux d’intérêt plus élevés. Simultanément, l’inflation devrait finir par amoindrir le pouvoir d’achat tandis que le crédit, bras de levier de l’économie américaine, devrait se raréfier et contribuer à ralentir la croissance. Les sociétés qui, dans l’ensemble, persévèrent dans la délivrance de résultats satisfaisants au troisième trimestre, vont connaître en 2023 des conditions moins favorables. Les perspectives envisagées par leurs dirigeants sont désormais souvent teintées de prudence.
Il est certain que les conditions actuellement réunies ne sont guère favorables. Les obligations et les marchés du crédit devraient poursuivre leur dégradation tandis que les actions risquent d’être affectées par les effets conjugués de la récession et de taux d’intérêt plus élevés.
Un troisième marché a également commencé à souffrir, il s’agit de l’immobilier. Aux Etats-Unis il a une influence d’autant plus importante qu’il contribue à déterminer la solvabilité d’un individu. Un appartement dont la valeur se déprécie réduit mécaniquement la capacité d’emprunt de son propriétaire et peut conduire à des appels de marge initiés par l’établissement prêteur.
En Chine les grandes orientations du dernier congrès du PCC accordent peu de place au développement économique. Priorité à la sécurité nationale et à une meilleure redistribution des richesses. Si la place de l’entreprise est reléguée au deuxième plan, on peut douter dans un tel contexte des conditions qui seront réservées aux sociétés étrangères.
En Europe, l’activité économique continue de se dégrader sous l’effet d’un euro faible, d’une énergie d’autant plus chère et d’un pouvoir d’achat qui subit une inflation moyenne au-dessus de 10%. La guerre en Ukraine risque de durer. Pour des raisons multiples, les tensions sont fortes entre plusieurs pays membres de l’Union européenne. Enfin, la BCE n’ose pas engager une hausse des taux trop appuyée du fait d’une cohésion sociale très fragile et d’un niveau d’endettement déjà très excessif.
Mais alors … que peut-on faire ?
Il faut s’adapter à la situation, réduire le risque en sélectionnant des sociétés solides, peu endettées, susceptibles de passer des hausses tarifaires sans perdre leurs clients, capables de maintenir leurs marges pour continuer à investir et à améliorer leur position concurrentielle. La détermination de la FED est un avantage. Les Etats-Unis mènent la partie. Les moyens utilisés sont puissants et devraient sous peu montrer leur pertinence et leur efficacité. Lorsque les premiers effets se feront sentir, lorsque les premiers signes d’une récession se manifesteront, les marchés repartiront de l’avant, avec une force qu’on n’ose pas imaginer aujourd’hui.