Reposant sur des modèles mathématiques gardés jalousement au secret et sur un effectif composé des plus brillants mathématiciens et physiciens de la planète, Renaissance Technologies est sans doute le meilleur Hedge funds de tous les temps.
Avec plus de 35.5% de rendements annuels depuis 20 ans, son fonds vedette, le Medallion fund, a fait le succès de Renaissance Technologies et de son fondateur Jim Simons, devenu aujourd’hui l’un des hommes les plus riches de la planète avec plus de 1,5 milliards de dollars de revenus en 2006.
Pourtant, la crise des « subprimes » est venue écorner quelque peu le prestige de la « maison ». En effet, un de ses fonds, le Renaissance Institutional Equities fund a perdu plus de 9% au mois d’août ; la firme estimant cependant n’être que victime « d’une vague de dégagements de la part de hedge funds quantitatifs long-shorts ».
Le cas de Renaissance Technologies n’est cependant pas unique. Plusieurs autres fonds quantitatifs tels que Tykhe Capital, Highbridge ou Barclays Global Investors recontrent aussi des difficultés. Mais le cas le plus spectaculaire reste sans doute celui de Goldman Sachs.
La célèbre banque d’investissement a en effet été contrainte d’injecter 3 milliards de dollars dans le fonds Global Equity Opportunities et a en outre assuré qu’elle ne procèderait pas à la liquidation des 2 autres fonds quantitatifs actions Global Alpha et North American Equity Opportunities actuellement en déroute. Global Alpha ayant perdu près de 30% depuis le début de l’année, dont la moitié pour le seul mois d’août.
La banque Américaine qui avait investi jusqu’à 30 milliards de dollars dans les hedge funds ces dix dernières années est véritablement confrontée à une phase de turbulences : elle avait également mis quelques millions de dollars dans le fonds Amaranth qui a fait faillite en 2006. La direction de la banque, pour sa part, estime que beaucoup de fonds quantitatifs sont en difficulté et précise « que plusieurs éléments comme la volatilité, ont remis en cause la plupart des algorithmes utilisées dans les stratégies quantitatives ».
Déclaration qui peut susciter quelques interrogations. Car, d’une part, les modèles et les processus automatiques sont censés assurer une meilleure décorrélation des performances par rapport au marché et préserver les fonds de « l’émotion » que rencontrent souvent les traders en période de crise. Et d’autre part, le risque de liquidité est un phénomène largement pris en compte par les meilleurs gérants. Comment expliquer alors les pertes à deux chiffres de la plupart des fonds quantitatifs ?
Pour Fabiano Duarte, ancien gérant de fonds : « avec des modèles censés détecter des phénomènes de retour à la moyenne, des arbitrages de corrélation ou de volatilité, les machines ont continué à se positionner alors qu’une panique généralisée s’emparait du marché. Tous ces « paris », qui dans des conditions « normales » de marché étaient gagnants, ont largement sous-performé. Là où ils attendaient des retours à la moyenne, ils ont subi des accélérations de tendance. » Cependant, rajoute-t-il, « il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, il est encore trop tôt pour faire le procès de la gestion quantitative. Attendons la fin de l’année pour tirer un premier bilan ».
D’ailleurs, dans une lettre adressée à ses investisseurs, Renaissance Technologies assure que ses modèles décèlent "de nouveaux signaux très prometteurs" qui devraient permettre au fonds de réaliser à terme des retours attrayants.
Goldman Sachs de son côté, estime que les valeurs que le marché assigne actuellement aux actifs sous-tendant différents fonds représentent une décote que les fondamentaux ne justifient pas et que les 3 milliards de dollars apportés au fonds, lui permettront de tirer parti des opportunités qui existent dans les conditions actuelles du marché."