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Un attrait pour les obligations core, mais il est trop tôt pour adopter un positionnement trop défensif

L’attrait pour les obligations core se maintient dans un contexte de tensions géopolitiques et d’apparition de facteurs idiosyncrasiques dans les marchés émergents. La crise turque est le dernier évènement en date indiquant un resserrement des conditions de financement pour les marchés émergents...

Évaluation globale

L’attrait pour les obligations core se maintient dans un contexte de tensions géopolitiques et d’apparition de facteurs idiosyncrasiques dans les marchés émergents. La crise turque est le dernier évènement en date indiquant un resserrement des conditions de financement pour les marchés émergents. Il est de plus en plus important de faire preuve de sélectivité pour limiter les effets des vulnérabilités et des déséquilibres qui plombent certains pays. Les banques centrales s’apprêtent à mettre un terme à leurs politiques monétaires ultra accommodantes et à durcir les conditions de financement. Par conséquent, les investisseurs ont tout intérêt à chercher de nouvelles opportunités dans l’univers des obligations d’entreprise, mais en faisant preuve d’une plus grande prudence sur les segments du marché qui profitent le plus des acheteurs de dernier recours (les banques centrales, notamment sur le segment des obligations de faible qualité et peu liquides. Nous conservons un positionnement prudent sur la duration, mais les investisseurs devraient envisager de réduire leurs positions courtes à mesure que nous nous rapprochons d’un taux neutre, notamment aux États-Unis.

Obligations d’État des marchés développés

Le rendement des Bunds à 10 ans stagne à son plus bas niveau depuis le début de l’année car les investisseurs se sont rués vers les actifs refuges en réaction à la crise turque (susceptible d’avoir un impact sur les banques européennes) et aux tensions sur les obligations d’État italiennes. Les prochaines semaines seront décisives pour la loi budgétaire italienne et les rumeurs iront bon train. L’écart de taux entre la dette italienne et la dette espagnole est proche de son point haut historique, ce qui signifie que les marchés font confiance aux mesures adoptées par la BCE pour réduire le risque de contagion. Nous pensons que ces frictions n’auront pas d’impact sur les intentions affichées de la BCE. L’Indice des prix à la consommation de la zone euro est proche de l’objectif fixé par la BCE et la conjoncture économique reste solide, malgré quelques difficultés.

Partant, dans un contexte marqué par des évènements exceptionnels et par une conjoncture économique solide, nous pensons que les taux core continueront à évoluer à l’intérieur de leur fourchette actuelle.

Obligations d’entreprise des marchés développés

Nous avons adopté un positionnement plus défensif et plus ciblé sur les obligations d’entreprise au cours des derniers mois, quand bien même nous pensons qu’il est encore trop tôt pour adopter un positionnement trop marqué défensif.

Les investisseurs commencent à anticiper un plafonnement de l’activité économique mondiale, une dégradation des facteurs techniques et une divergence des fondamentaux entre les États-Unis et l’Europe. Les entreprises de l’Union européenne restent très prudentes, comme en attestent leur faible endettement et leurs importantes réserves de liquidité. Les entreprises américaines, convaincues de la vigueur de la conjoncture économique, ont augmenté leur endettement et réduit leurs réserves de liquidité.

Nous privilégions les obligations à taux variables assorties de maturités courtes et les obligations de qualité. Les opportunités se multiplient sur le segment des obligations subordonnées européennes, mais là aussi, il convient de faire preuve de sélectivité.

Obligations des marchés émergents

Nous conservons pour l instant une exposition prudente aux obligations des marchés émergents l’agitation politique devant s‘accroitre avant les élections brésiliennes prévues au mois d’octobre. Nous privilégions les obligations libellées en monnaie forte aux obligations libellées en monnaies locales car elles affichent des valorisations plus intéressantes, profitent d’un climat d’aversion au risque et de la fragilité des devises émergentes face au dollar.

Nos obligations émergentes préférées sont les obligations mexicaines (accord commercial avec les États-Unis et profil risque/rendement attractif pour la dette souveraine libellée en monnaie locale), les obligations serbes (fondamentaux solides et profil risque/rendement intéressant) et les obligations argentines (soutien du FMI).

Nous avons un positionnement prudent sur les obligations turques libellées en monnaie locale. Nous excluons l’hypothèse de sanctions américaines sur la dette souveraine russe, mais la volatilité restera importante. Nous tablons sur un apaisement des tensions commerciales et sur une stabilisation du dollar d’ici la fin de l’année, et nous pensons que les obligations des marchés émergents, qui offrent des primes de rendement intéressantes, connaitront un regain d’intérêt auprès des investisseurs de long terme.

Devises

Le dollar devrait bien résister à court terme face aux autres grandes devises grâce à la vigueur de l’économie américaine et aux divergences entre les politiques monétaires des banques centrales. Cela étant, les élections américaines qui auront lieu en novembre pourraient peser sur le cours du billet vert et offrir du répit aux devises des marchés émergents.

ÉRIC BRARD , KENNETH J. TAUBES Septembre 2018

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