Il s’agit d’une décision historique : Pour la première fois de son histoire, la Banque centrale européenne (BCE) augmente ses taux d’intérêt directeurs de 75 points de base. L’inflation dans la zone euro a récemment atteint le niveau sans précédent de 9,1 %. La moitié des pays membres souffrent désormais d’une inflation à deux chiffres. La BCE ne pouvait plus ignorer tout cela et a agi de manière plus audacieuse que ce que la plupart des observateurs lui auraient attribué récemment. Enfin, la BCE semble sérieusement disposée à lutter contre l’inflation.
Et selon ses propres projections, l’inflation restera nettement trop élevée jusqu’à la fin de la période de prévision. La BCE table sur des taux d’inflation de 8,1 % en 2022, de 5,5 % l’année suivante et de 2,3 % encore trop élevés en 2024. Ces prévisions semblent très réalistes. Du côté de la croissance, les prévisions sont également largement conformes aux nôtres. Elles supposent un affaiblissement de la croissance pendant l’hiver, mais - dans le scénario de base - pas un effondrement sévère.
La décision de relever les taux d’intérêt de 75 points de base a été prise à l’unanimité. Peut-être dans le but de faire plaisir aux membres du Conseil des gouverneurs, il n’y a plus d’orientation directe vers l’avenir ; au lieu de cela, la BCE insiste sur le fait que ses décisions futures dépendent des données, ce que l’on appelle désormais « l’approche réunion par réunion ».
Cette approche pourrait cependant heurter les intérêts des membres du Conseil des gouverneurs. Après tout, les taux d’inflation resteront beaucoup trop élevés pendant beaucoup trop longtemps, même du point de vue de la BCE. Même l’inflation sous-jacente va augmenter dans un avenir proche, car le gaz et l’électricité sont présents dans presque tous les produits, et donc le coût élevé de l’énergie a un impact de plus en plus important sur tous les biens et services.
Les taux d’inflation ne laisseront pas d’autre choix à la BCE que de continuer à relever fortement les taux d’intérêt en octobre et en décembre, même si la zone euro envisage déjà un ralentissement d’ici là en raison des conséquences de la crise énergétique qui se profile. Une hausse des taux d’intérêt de 100 points de base n’est même pas à exclure si les taux d’inflation continuent d’augmenter et si la situation de l’économie face à la pénurie d’énergie s’avère plus favorable que prévu.