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Vent en poupe pour les détenteurs d’obligations européennes ?

Alors que les spreads se sont resserrés dans la périphérie de l’Europe, cette tendance pourrait se maintenir dans le cas d’un ralentissement économique sans récession.

Alors que les craintes d’inflation en Europe continuent de s’apaiser, certains investisseurs sont convaincus que la BCE a terminé son dernier cycle de hausses, conformément aux anticipations de ralentissement économique sans récession.

Selon nous, cette situation pourrait profiter aux détenteurs d’obligations désireux de tirer profit de l’abaissement des courbes de rendement dans la périphérie de l’Europe, où les subventions et les prêts bon marché accordés par le Fonds de relance de l’UE (anciennement Facilité pour la reprise et la résilience) peuvent soutenir la croissance économique sans peser sur les budgets publics.

Ci-dessous, un aperçu comparatif avec le récent écart de taux à 10 ans de chaque pays (fourchettes estimées à partir des données de Bloomberg) par rapport au BUND allemand :

Italie (+170-180 points de base)

L’Italie a subi des pressions pour assouplir ses plans budgétaires, retarder la mise en œuvre du fonds de relance et mettre fin au "Super Bonus 110%", un crédit d’impôt sur le logement conçu pour promouvoir l’efficacité énergétique. La suppression de ce crédit freinera le PIB, ce qui se traduira par un ratio dette/PIB d’environ 140 % dans les années à venir. Par ailleurs, les besoins du pays pour rembourser sa dette pourraient faire augmenter l’offre nette d’obligations, en particulier si les réinvestissements du PEPP[1] s’achèvent l’année prochaine.

Espagne (+95-105 points de base)

Après une période d’incertitude politique, le Premier ministre, Pedro Sanchez, devrait rester en place avec une coalition fragile. Entre-temps, l’inflation est restée contenue tout au long de la récente crise énergétique, et une saison touristique réussie a permis de stimuler le PIB. En outre, le PIB du pays en 2024 devrait refléter les bénéfices de ses investissements dans le cadre du fonds de relance. Le ratio dette/PIB de l’Espagne s’établit désormais à 110 %, en baisse de 3 % depuis 2022, et l’offre nette d’obligations devrait être plus faible en 2024 qu’en 2023.

Grèce (+115-125 points de base)

La révision de la notation de la Grèce par Fitch le 1er décembre devrait permettre de réintégrer le pays dans la catégorie investment grade. Bien que le ratio dette/PIB du pays reste élevé, à 166%, il a diminué plus rapidement que celui de ses pairs. L’offre nette d’obligations devrait diminuer en 2024.

Portugal (+60-70 points de base)

Fitch et Moody’s ont récemment relevé la note du pays à "A", grâce à son excédent primaire, à son PIB qui dépasse celui de ses pairs et à une inflation raisonnable. Toutefois, le pays fait aussi face à des turbulences, le Premier ministre, António Costa, ayant récemment démissionné dans le cadre d’une enquête pour corruption. L’ancienne administration prévoyait que le ratio dette/PIB du Portugal, actuellement de 110 %, passerait sous la barre des 100 % d’ici à la fin de 2024, mais cette trajectoire est désormais remise en question. L’offre nette d’obligations devrait diminuer l’année prochaine.

Alors que les spreads se sont resserrés dans la périphérie de l’Europe, nous pensons que cette tendance pourrait se poursuivre dans le cas d’un ralentissement économique sans récession. Plus précisément, l’Espagne et la Grèce semblent être les mieux placées pour en bénéficier, ce qui pourrait être une bonne nouvelle pour leurs détenteurs d’obligations.

Yanick Loirat Décembre 2023

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