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Vers une meilleure représentativité de la gestion alternative française

A la suite de son étude sur les forces et faiblesses de la place française, Reinhold & Partners nous expose les axes de réflexion pour l’évolution vers une place financière forte.

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Le sondage auprès des acteurs de la gestion alternative, français et étrangers, investisseurs et gérants, a mis en évidence des faiblesses dans l’écosystème de la gestion alternative française.

Quelles en sont les principales conclusions ?

- Absence / manque d’information / mauvaise connaissance du marché et des produits français

  • réfléchir à la stratégie de communication / marketing
  • aller à la rencontre des acteurs étrangers et plus particulièrement des « prescripteurs »

- Perception plutôt négative de Paris comme centre financier

  • adapter les règles (lois, règlements…) lorsque cela est possible
  • dynamiser l’environnement par des initiatives, visibles, ciblées, promues
  • Favoriser l’implantation de gérants innovants quel que soit le type de fonds gérés [1]

- Absence d’un tissu local d’investisseurs / absence d’intérêt des investisseurs étrangers

  • intensifier les efforts pour créer un marché en France
  • intégrer les demandes des investisseurs français et étrangers

Les axes de réflexion sont donc résumés ci-dessous, ils résultent des conclusions tirées de l’analyse détaillée de l’étude.

Communication et marketing

- Mettre en place un « guichet unique » d’informations sur la gestion alternative : le « French Asset Management Center », dédié à la gestion d’actifs

  • Pourquoi : Aider les porteurs de projets en gestion alternative mais aussi les investisseurs, français et étrangers, les service providers.
  • Comment : Création d’un point d’accès unique à l’ensemble de l’information nécessaire à des gérants et des investisseurs, qui couvre la totalité des sujets allant de la création d’une SGP à des informations sur différents types de fonds. Accessible en langue anglaise. Incluant des liens vers des service providers. Décliner avec un « guide de la création d’une société de gestion [2] ».
    • Exemple : Holland Financial Centre, City of London…

- Repenser le branding des OPCVM

  • Pourquoi : on compte en France environ 20 types de fonds différents, souvent différenciés par des acronymes compliqués, peu cohérents et non traductibles (SPPICAV RFA EL…), les acteurs étrangers - et même français – ne s’y retrouvent pas.
  • Comment : Utiliser des dénominations simples, plus conformes aux standards étrangers et évitant les « faux amis » (Contractual Fund = FCP et non pas fonds contractuel…).
    • Exemple : le Luxembourg ou l’Irlande

- Informer les « leaders d’opinion » et les « prescripteurs »

  • Pourquoi : les porteurs de projets de gestion alternative s’adressent généralement en premier à leurs contacts professionnels : Prime Brokers, avocats, etc. Actuellement la France est rarement dans leurs « catalogues ». Ils ne connaissent pas assez le cadre français et son fonctionnement pour le détailler à leurs clients.
  • Comment : diffuser un maximum d’information sur une base régulière et identifiable. Expliquer le marché français, ses spécificités, et également le business que les services providers pourraient y faire. Créer et maintenir une « base de la gestion alternative française » afin de rendre le marché visible et donc « monnayable » à travers des prestations ad-hoc.
    • Exemple : être visible dans des études

- Communiquer auprès des investisseurs étrangers

  • Pourquoi : l’étude montre qu’ils ne connaissent pas le marché français. Ils sont pourtant, après les investisseurs français, un important relais de croissance. De plus certains investisseurs étrangers sont friands de gestion alternative.
  • Comment : outre le guichet unique présenté plus haut, faire des communications spécifiques pour les investisseurs : « guide de la gestion alternative française ». Organiser des road shows dédiés à l’étranger. Etre présent lors des conférences / sommets sur la gestion alternative ou dédiés aux investisseurs institutionnels.
  • Exemple : représentation de l’ALFI en Asie et road show dans le monde, GAIM de Monaco…

- Préparer une campagne d’information plus large sur la gestion en France

  • Pourquoi : si la gestion française est mal perçue, il faut également reconnaitre que la France est mal connue. L’implantation d’un business en France est un mélange de critères objectifs et subjectifs. Il faut impérativement et concomitamment améliorer l’image de la gestion et de la France dans les communications.
  • Comment : prévoir une communication qui présente les avantages de créer une société de gestion en France. Trouver le bon mix produit (la société) / marché (la France). Mettre en avant les points forts de la France (éducation, système de protection sociale, qualité de vie…), minimiser les points faibles (combattre les idées reçues sur la fiscalité des fonds…), tout en communiquant sur le marché de la gestion. S’associer à d’autres initiatives (comme l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII)).
    • Exemple : Luxembourg for finance sur les réseaux sociaux, brochure « living and working in Luxembourg », « shopping & lifestyle » de l’ireland’s international financial center »…

Promotion de la France comme centre financier

- Privilégier la stabilité des textes relatifs à l’industrie de la gestion

  • Pourquoi : la stabilité est un déterminant essentiel de l’attractivité d’une place financière. Les étrangers se plaignent de ne pouvoir s’appuyer en France sur un environnement stable. D’autres pays font de la stabilité un argument commercial.
  • Comment : en favorisant la promulgation de textes qui ont fait l’objet d’une validation sur le plan opérationnel et donc analysés sous cet angle par l’ensemble des parties prenantes. En favorisant l’engagement par les pouvoirs publics d’une certaine stabilité des textes notamment fiscaux. Il parait à ce titre vital pour l’industrie française que la fiscalité actuelle des fonds continue d’être aussi favorable que celles de ses concurrents luxembourgeois, irlandais, caïmanais…
    • Exemple : éviter les lois rétroactives (fiscalité), afficher une volonté politique de stabilité des textes.

- Montrer l’engagement des pouvoirs publics dans le développement des gestions innovantes

  • Pourquoi : l’écho renvoyé par la France à l’étranger est celui d’un pays qui refuse la gestion alternative et qui abhorre les activités financières. Les répondants étrangers à l’étude ne sont donc pas enclins à considérer la France comme un pays business friendly. Et ces entrepreneurs ne cultivent pas le masochisme.
  • Comment : engagement clair et audible des pouvoirs publics.
    • Exemple : déclarations de Christine Lagarde (qui pourraient être plus largement diffusées et traduites en anglais…).

- Encourager l’implantation en France de gérants innovants ne gérant pas d’OPCVM français

  • Pourquoi : même si on peut le regretter, l’étude montre le peu d’écho international des véhicules français. Elle souligne également la difficulté de lever des capitaux auprès des institutionnels français. Dans certains cas, il peut être plus facile de créer, en premier, un véhicule de droit étranger pour lever des capitaux et intéresser des investisseurs internationaux.
  • Comment : en communiquant plus largement sur la possibilité de gérer de France des fonds off-shore. En aidant les gérants qui, pour des raisons commerciales et de demandes d’investisseurs, souhaitent gérer des fonds off-shore de Paris à mener leur projet à bien. En affichant à l’égard des projets de création de fonds étrangers, la même bienveillance que pour les projets nationaux lorsque la SGP est créée en France.
    • Exemple : gérants qui souhaitent gérer de Paris des fonds Caïmans pour des clients du Moyen-Orient.

- Favoriser le seeding

  • Pourquoi : c’est clairement le point noir de la gestion alternative en France. C’est un déterminant essentiel, qui organise la sélection professionnelle des meilleurs talents et les porte à une taille économiquement viable
  • Comment : Création / développement d’un seed center (en partenariat avec le “French Financial Center”, sur le modèle néerlandais). Ce modèle, pour le développement de la gestion alternative, repose sur plusieurs axes : aide à l’implantation de hedge funds avec l’apport de fonds (25 ml Euros par hedge fund en moyenne), de locaux au prix abordable et de support opérationnel. Les gérants choisis ont une seule contrainte : s’implanter aux Pays-Bas.
    • Exemple : Aux Pays-Bas, les 250 millions proviennent d’un fonds de pension, APG : favoriser les partenariats publics – privés

- Amélioration « à la marge » de certains véhicules

  • Pourquoi : rationaliser les gammes sous entend qu’avec un même véhicule on puisse mettre en oeuvre de nombreuses gestions.
  • Comment : améliorer encore l’OPCVM Contractuel, lui permettre de faire de l’immobilier, éclaircir la notion de contractualisation de la responsabilité du dépositaire.
    • Exemple : plan comptable pas adapté à l’immobilier, incompréhension par les acteurs de la contractualisation de la responsabilité du dépositaire.

- Maintenir une homogénéité dans les présentations de produits

  • Pourquoi : la gestion française doit présenter une gamme cohérente si elle veut être comprise, notamment à l’international.
  • Comment : dans le cadre de la réforme UCITS IV, et notamment la partie KID, faire en sorte de ne pas alourdir les obligations pour les fonds alternatifs vis-à-vis des UCITS (on pense en particulier au AlterUCITS).

- Privilégier les textes autoportants

  • Pourquoi : en plus de la difficulté relative de trouver des textes officiels, il est souligné la difficulté de comprendre ces textes, notamment du fait de nombreux renvois.
  • Comment : privilégier les textes autoportants lorsque cela est possible, envisager de créer une base de données « juridique » qui permettrait de retrouver l’ensemble des textes liés à un sujet précis.
    • Exemple : instruction sur le calcul de l’engagement.

Favoriser l’émergence d’un marché

- Continuer les actions de lobbying auprès des tutelles des institutionnels français

  • Pourquoi : il n’est pas envisageable de pouvoir exporter des produits sans une base nationale d’investisseurs. Il n’est pas possible d’attirer des services providers s’il n’y a pas de marché de la gestion alternative en France.
  • Comment : cibler toutes les tutelles à démarcher, organiser des réunions qui réunissent des gérants mais également des institutionnels et des service providers.
    • Exemple : tutelles des assurances, APE…

- Travailler plus directement avec les investisseurs pour améliorer le cadre français

  • Pourquoi : le sondage montre que les investisseurs, qu’ils soient institutionnels ou privés souhaitent améliorer certains points dans le fonctionnement des fonds français.
  • Comment : en travaillant avec eux sur des sujets qui représentent des déterminants du choix d’investissement. Réflexion sur les UCITS de hedge funds : jusqu’où peut-on aller, quelle est la sécurité réelle ? OPCVM à lock-up important : peut on créer en France un marché secondaire organisé des parts ou actions ? Gouvernance : comment des investisseurs peuvent ils être partie prenante au fonctionnement de certains OPCVM (club deal dans un contractuel) ? Directorship : la présence de directeur indépendant serait elle une bonne chose pour la vente à l’international (alignement des intérêts gérants / investisseurs). Promouvoir la transparence et l’accès à l’information…
    • Exemple : voir partie Investisseurs de l’étude.

- Rendre visible les vecteurs de distributions des fonds

  • Pourquoi : les gérants français ont du mal à cibler les investisseurs capables d’investir dans leurs fonds.
  • Comment : en accord avec les investisseurs qui le souhaitent (institutionnels, family office, fonds de fonds…), établir une liste de qui achète de l’alternatif et sous quelles contraintes (track record, encours sous gestion, due diligence à faire, degré de transparence, véhicules privilégiés ou interdits…).

- Attirer des service providers

  • Pourquoi : un marché à besoin de service providers capables de fournir, en France, des services à forte valeur ajouté. La présence plus importante de Prime Brokers peut donner accès à des services « corporate » comme le capital introduction, des administrateurs peuvent fournir des services de TA ou de valorisation indépendante de produits complexes, etc.
  • Comment : en mettant en avant le marché français (même s’il est réduit dans l’immédiat) et les opportunités business qu’il comporte. En ayant une politique volontariste de développement des gestions innovantes, notamment au niveau des pouvoirs publics. En leur expliquant clairement quels sont les services qu’une société de gestion peut externaliser, même à l’étranger.

- Comparer la France aux pays concurrents

  • Pourquoi : pour donner de la visibilité à la France et combattre certaines idées reçues qui font que, dans tous les cas, on ne s’implante pas en France.
  • Comment : ne pas hésiter à faire de la « publicité comparative ».
    • Exemple : le statut d’impatrié en France, la fiscalité des fonds français vs celle des fonds européens, des statistiques sur le délai de création d’un fonds contractuel vs un SIF (délais réels et non pas « affichés », etc.).

- Redorer l’image auprès de l’opinion publique

  • Pourquoi : l’opinion publique est probablement un des principaux freins à tout changement ; le monde de la finance est également mal perçu.
  • Comment : selon le principe du « what’s in it for you » : créations d’emplois, attraction de richesses, etc.

Reinhold Partners Décembre 2010

Article aussi disponible en : English EN | français FR

Voir en ligne : Rapport complet de Reinhold & Partners

Notes

[1] Cela pourra paraitre étrange d’encourager la gestion de fonds non français par des gérants implantés en France. Cependant, comme le souligne André Orléan dans « le pouvoir de la finance », les comportements mimétiques des acteurs financiers sont particulièrement importants chez les gestionnaires de fonds. Cela les conduit à privilégier des localisations communes afin de profiter de plus d’information et de possibilité de se benchmarker. Avant de développer les fonds français, il convient, par ce biais aussi de favoriser l’effet d’agglomération des gérants en France

[2] Version améliorée du document AMF sur ce thème. Il conviendrait de le rendre plus « business friendly », d’y inclure des témoignages de gérants installés, des noms de prestataires de services, de mettre en avant les avantages de la France, à la fois pour la gestion mais également en dehors…

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