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2011-2021 : Défis et opportunités boursières

Emeric Préaubert et Cyril Charlot, gérants chez Sycomore AM, présentent un tour d’horizon des grandes mutations de la prochaine décennie que les investisseurs devront garder en toile de fond au profit d’une prise de recul constante et d’une analyse prospective étalée sur le long terme…

Essor des pays émergents, dégradation des finances publiques, croissance démographique mondiale, urbanisation accélérée, transformation des modes de consommation… La décennie passée (2001-2011) a été marquée par des mutations structurantes pour l’ensemble de l’économie mondiale, modifiant durablement la lecture de la cote. Et la prochaine décennie ne devrait pas être moins décisive. Certaines des tendances passées vont se poursuivre, voire s’accélérer, d’autres s’inverser.

Les gérants devront les garder en toile de fond au profit d’une prise de recul constante et d’une analyse prospective étalée sur le long terme. A ces conditions seulement, elles présenteront autant de défis que d’opportunités. Tour d’horizon des grandes mutations de la prochaine décennie.

1- Désendettement des économies occidentales

Au financement de l’économie à crédit et au creusement des déficits budgétaires succédera une phase durable de désendettement, renforcée par la hausse des coûts de financement, l’orientation plus restrictive des politiques budgétaires et le durcissement des règlementations appliquées au secteur bancaire.

Implications sur la sélection de valeurs : Les banques et les sociétés endettées incitent à la prudence, à l’instar des entreprises exposées aux commandes des collectivités locales ou entités publiques (Colas, Veolia, Suez Environnement, Wavin…) ou dépendantes des subventions (énergies renouvelables...).

2- Une mondialisation toujours en marche

En dépit de quelques velléités protectionnistes, la globalisation de l’économie mondiale est loin d’être arrivée à son terme. Le dynamisme de la croissance dans les pays émergents continuera ainsi d’y favoriser l’urbanisation, le développement de la classe moyenne et les investissements en infrastructures.

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Cyril Charlot

Implications sur la sélection de valeurs : En profiteront notamment les secteurs de la consommation (Swatch, Christian Dior / LVMH, Adidas, Seb, Daimler…), des transports urbains (ABB, Alstom, Faiveley, Prysmian, Vossloh…) et des infrastructures (Andritz, Danieli, Atlas Copco, Kone…). Parallèlement, le renchérissement des coûts de production dans certains pays va continuer de favoriser les délocalisations et pénaliser les sociétés qui sont positionnées sur des biens à faible valeur ajoutée ou facilement copiables par les pays low cost (Smoby).

3- Raréfaction des matières premières

La croissance persistante de la population mondiale (8 milliards en 2025) et l’émergence des classes moyennes dans les pays émergents renforceront la demande de matières premières, dans un contexte de raréfaction des découvertes et de hausse des coûts d’exploitation.

Implications sur la sélection de valeurs : Les secteurs des mines (Rio Tinto, BHP Billiton, Imerys, Total, Galp, Energia…), de l’alimentation (Syngenta, Vilmorin, Yara, K+S…), du matériel agricole (Baywa, Exel Industries, Manitou) et des parapétrolières (CGG Veritas, Vallourec, Saipem…) parviendront à tirer leur épingle du jeu.

4- Numérisation de l’économie

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Emeric Preaubert

Déjà largement amorcée, la numérisation de l’économie transforme les modes de communication, généralise le e-commerce et provoque l’apparition de nouveaux médias, tandis que la disponibilité et l’immédiateté de l’information modifient en profondeur les modèles économiques des médias traditionnels. Enfin, la numérisation de l’économie génère des gains de productivité importants, menaçant les entreprises ne parvenant pas à s’adapter, comme dans le secteur des agences de voyage, de la location de films ou des journaux d’annonces.

Implications sur la sélection de valeurs : Sont favorisés les acteurs-mêmes de ces transformations, comme les SSII, les constructeurs des réseaux, les éditeurs de logiciels, les fabricants de matériel et les logisticiens (Atos, Neurones, Stéria, Dassault Systèmes, SAP, Kuhne & Nagel…), et les entreprises nativement conçues sur de nouveaux business modèles (Weborama, Millemercis, Delticom, Wirecard, CTS Eventim, Gameloft…). A l’inverse, sont fragilisés des groupes comme Spir Communication (journaux d’annonces), Roularta (presse papier), Pages Jaunes et Seat Pagine Gialle, aux modèles peu adaptés à cette nouvelle donne.

5- Enjeux sociaux

La dégradation du partage de la valeur ajoutée pour les salariés depuis le début des années 1980 s’accompagnera d’une tension des inégalités sociales. Parallèlement, les délocalisations et les gains de productivité que favorise l’automatisation des workflows mettront les créations d’emplois sous pression, notamment dans l’Industrie.

Implications sur la sélection de valeurs : D’un côté, les banques et les entreprises publiques subiront des pressions politiques croissantes pour limiter les dividendes et les bonus. Dans le secteur privé, l’inflation salariale (par un mouvement de balancier sur le partage de la valeur ajoutée) sera limitée par la situation déséquilibrée du marché de l’emploi, renforçant l’importance de la stratégie RH des entreprises et donc, des analyse de type ESG. Enfin, le vieillissement de la population favorisera des secteurs comme les loisirs (Pierre & Vacances) et la santé (Rhoen, Klinikum, Medica, Sanofi…).

Voilà pour les enjeux de (très) long terme. Reste qu’à plus courte échéance, nos convictions pour 2012 se concentrent autour des thèmes de la santé, des matières premières, du pétrole ou de la consommation des classes moyennes émergentes. Citons à titre d’exemples des sociétés comme BMW, dont les fortes barrières à l’entrée, la structure financière saine et l’exposition aux pays émergents offrent un potentiel d’appréciation significatif. Leader mondial dans le domaine du petit équipement domestique avec près de la moitié de son chiffre d’affaires réalisée dans les pays émergents, le français SEB permet également de profiter de l’essor des classes moyennes à travers le monde. A l’inverse, nous restons prudents sur les valeurs financières, les services aux collectivités et les télécommunications.

Par ailleurs, si nous sommes globalement confiants sur les marchés d’actions européens en 2012, les cotes n’échapperont pas à une révision à la baisse d’au moins 15% des anticipations de croissance bénéficiaire, préalable à une multiplication des profits warnings. Dans ce contexte, il conviendra cette année de rester sélectif et de s’orienter prioritairement vers les entreprises en mesure de générer une croissance visible, notamment dans le segment en retrait des valeurs moyennes.

Cyril Charlot , Emeric Préaubert Février 2012

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