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2021 : la consolidation n’est pas pour tout de suite

En 2020, les gouvernements ont adopté des mesures visant à régler les conséquences économiques immédiates de la pandémie, comme des garanties publiques des prêts aux petites entreprises, des plans de chômage partiel et de sauvegarde d’emplois, des trêves fiscales et des aides au revenu des ménages.

En 2020, les gouvernements ont adopté des mesures visant à régler les conséquences économiques immédiates de la pandémie, comme des garanties publiques des prêts aux petites entreprises, des plans de chômage partiel et de sauvegarde d’emplois, des trêves fiscales et des aides au revenu des ménages. Tous ces programmes ont un coût, lequel a entraîné une hausse vertigineuse de la dette et des déficits publics.

Ces mesures seront-elles retirées peu à peu en 2021, et assistera-t-on à un début de consolidation des finances publiques ?

Sur le front de la politique monétaire, les chances sont maigres, selon nous, d’observer le moindre retrait progressif des dispositifs en place à court terme. La Banque centrale européenne (BCE), notamment, a prévenu qu’elle maintiendrait ses aides existantes au cours des prochaines années. [1]

La visibilité est moins importante pour la partie budgétaire, à cause de la granularité des mesures et de la nécessité, pour les gouvernements, de passer par l’approbation des parlements. Certains dispositifs ont été prolongés jusqu’au printemps, mais demeurent, par essence, temporaires.

Nous observons des bouleversements au niveau de différents canaux de l’économie mondiale : la chaîne de valeur, le crédit aux petites et moyennes entreprises (PME) et le marché du travail. Ces bouleversements résultent de la crise sanitaire et des mesures de restriction prises par les gouvernements pour endiguer la contagion. L’industrie manufacturière est particulièrement touchée, avec des transformations qui risquent de durer plus longtemps que dans d’autres secteurs.

Les usines européennes, notamment les PME du secteur de la sous-traitance aux entreprises, connaissent des tensions dans leurs chaînes de valeur, car les ressources arrivent tardivement ou à des prix beaucoup plus élevés qu’auparavant. Ces bouleversements dans la production s’accompagnent de tensions dans la logistique, devenue moins fiable et bien plus complexe.

Affaiblies par la suspension des vols et la fermeture des frontières, les entreprises font faillite et la concurrence dans les services logistiques est moins rude que par le passé. Par conséquent, les prix augmentent dans des secteurs présentant traditionnellement des marges très faibles, à l’image des transports. Selon une récente étude d’Accenture [2], malgré un renforcement au quatrième trimestre 2020, les capacités de fret aérien demeurent 57 % plus basses qu’en 2019. Il est fort possible que la plupart de ces changements soient de courte durée, du moins pour les grandes entreprises. Dans une enquête récente de la BCE [3], les entreprises européennes déclaraient que leurs chaînes d’approvisionnement demeuraient globalement épargnées.

L’activité de crédit en Europe fait également les frais de la pandémie. Dans la plupart des pays du continent, les mécanismes habituels du crédit aux entreprises sont perturbés : les prêts existants font souvent l’objet de suspensions de remboursements et les nouveaux prêts bénéficient de programmes de garanties publiques. En France, par exemple, les entreprises ont accès à des prêts garantis par l’État jusqu’à fin 2021. Des facilités du même type ont été adoptées dans différents pays d’Europe, qui profitent par ailleurs d’une protection anti-trust grâce à la levée temporaire de la règle relative aux aides d’État de la Commission européenne. La santé des entreprises est difficile à évaluer tant que ces mesures sont encore en place. Dans les conditions actuelles, nous n’avons aucune idée de quelles entreprises ne se relèveront pas, ni de leur nombre. Nous ne savons pas non plus combien de temps sera nécessaire avant l’ajustement du financement des entreprises « survivantes » à de nouvelles conditions normales d’activité.

Il reste également à voir l’impact de la crise sur les bilans et les ratios de fonds propres des banques européennes. De récentes communications de la Commission européenne et de l’Autorité bancaire européenne abordent le traitement des prêts non performants au lendemain de la pandémie. [4]

Les bouleversements du marché du travail sont tout aussi importants, car on est encore loin de mesurer la totalité des effets de la crise du COVID-19 à cet égard en Europe. Dans toute la région, les pays ont déployé des programmes vastes et généreux de préservation des emplois, décisifs pour atténuer l’impact de la crise. Mais le chômage va probablement grimper en flèche dès que ces dispositifs disparaîtront.

Les responsables politiques se trouveront alors dans une situation inconfortable et devront prendre des décisions face à une grande incertitude. Dans ce contexte il convient de tirer les leçons des erreurs du passé. Un des principaux enseignements de la crise financière mondiale, selon nous, est qu’il faut se garder de mettre un terme trop rapidement aux politiques expansionnistes.

Une contraction budgétaire prématurée dans le processus de reprise risque fort d’entraîner un ralentissement de l’économie. Par ailleurs, les banques centrales ne seront peut-être pas en position d’apporter leur aide avec des taux déjà nuls ou négatifs. Il faut donc continuer à soutenir les économies affaiblies par la COVID-19 aussi longtemps que nécessaire, et en tout cas aussi longtemps que les mesures de restriction seront en place.

Pour dire les choses simplement : 2021 ne devrait pas voir disparaître les aides aux entreprises, aux travailleurs et aux familles.

Ce choix aura un prix. Mais en faisant en sorte de maintenir la viabilité de l’économie, nous pensons qu’il sera ensuite possible de lancer les investissements et les réformes indispensables pour pérenniser les finances publiques et rendre l’économie solide, à moyen et long terme.

Fabrizio Pagani Février 2021

Notes

[1] « Décisions de politique monétaire », communiqué de presse de la BCE : https://www.ecb.europa.eu/press/pr/...

[2] « COVID-19 : Impact on air cargo capacity » : https://www.accenture.com/auen/insi...

[3] « The long-term effects of the pandemic : insights from a survey of leading companies » https://www.ecb.europa.eu/pub/econo...

[4] « Coronavirus response : Tackling non-performing loans (NPLs) to enable banks to support EU households and businesses » https://ec.europa.eu/commission/pre...

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