Le rendement des bunds allemands à 10 ans a atteint 1,0 % la semaine dernière, son plus haut niveau depuis septembre 2014. Tombé à 0,05 % mi-avril dans le sillage du programme d’assouplissement quantitatif de la Banque centrale européenne (BCE), le rendement des obligations souveraines allemandes à 10 ans a donc connu depuis une très forte hausse.
La volatilité accrue des marchés obligataires ces dernières semaines a suscité la nervosité des investisseurs et a mis la pression sur les actions européennes. Nous voyons plutôt cette évolution comme une normalisation des conditions de marché. Du fait de son statut de valeur refuge, la dette publique allemande a été très recherchée par les investisseurs qui craignaient une dégradation de l’économie de la zone euro et le spectre de la déflation. Cette menace s’est en partie dissipée puisque les données préliminaires témoignent d’un taux d’inflation annuel de 0,3 % en mai dans la région, après 0 % en avril. Dans le même temps, l’économie croît lentement mais sûrement, avec une croissance de 0,4 % du PIB au premier trimestre 2015.
Autre facteur ayant joué en faveur d’une hausse du rendement des bunds, la possibilité d’un défaut de la Grèce. La dette grecque est détenue pour l’essentiel par des institutions et les effets de contagion potentiels devraient être limités. Néanmoins, si la Grèce finissait par sortir de la zone euro, la confiance des marchés serait sapée pendant quelque temps.
Parallèlement à la remontée des rendements obligataires, l’euro s’est raffermi face au dollar. En début d’année, la devise européenne avait souffert des mesures de la BCE et de la perspective de relèvement des taux d’intérêt par la Réserve fédérale due à l’embellie de l’économie américaine. Mais les dernières statistiques économiques, plutôt mal orientées, ont remis en question cette hypothèse et le dollar a donc reperdu un peu de terrain.
La faiblesse des rendements souverains et la dépréciation de l’euro ont dicté en grande partie l’orientation récente à la hausse des marchés actions de la zone euro. Rien de surprenant donc à ce que la dissipation de ces tendances exerce des pressions à la baisse sur les bourses de la région. Mais ils n’étaient pas les seuls facteurs propices à la progression des places boursières. Le rebond du secteur bancaire européen depuis la Revue de la qualité des actifs (AQR pour Asset Quality Review) a aussi joué un rôle de soutien, et notamment la reprise de l’activité de crédit aux entreprises. Les dernières enquêtes relatives à la distribution de crédit nous laissent à penser que cette tendance va s’accélérer au cours des trimestres à venir.
Les entreprises envoient également des signaux positifs. En Europe, la saison des résultats des sociétés européennes a été relativement positive. Les chiffres d’affaires et les bénéfices se sont globalement améliorés. L’augmentation des ventes indique notamment que les gains de rentabilité ne sont pas simplement dus à des mesures de réduction des coûts. En outre, la croissance des chiffres d’affaires n’a pas été dictée seulement par des taux de change favorables ; de nombreuses entreprises européennes ont fait état d’une accélération de leur croissance organique s’expliquant par le rebond de la demande sous-jacente.
A noter également que l’impact favorable attendu de la baisse des prix du pétrole sur la consommation ne s’est pas encore entièrement matérialisé. Tous ces facteurs devraient encore soutenir les actions de la zone euro et la volatilité liée à la situation de la Grèce pourrait fournir des points d’entrée intéressants sur la classe d’actifs.