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Axa Rosenberg, un bug à $ 217 millions

La société américaine de gestion quantitative peine à se remettre du scandale lié à une erreur informatique, qui a fait perdre de l’argent à 600 clients…

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Comment expliquer l’inexplicable à des investisseurs échaudés ? Utiliser des formules étriquées, comme l’a fait Dominique Carrel-Billiard, le directeur général d’AXA Investment Management, lors de la présentation des résultats 2011 : "Notre métier, c’est la gestion d’une baignoire dont la bonde n’est pas fermée et au-dessus de laquelle il faut avoir un robinet ouvert. Si le robinet n’est pas ouvert nous avons de la décollecte" a-t-il expliqué à Reuters l’automne dernier.

Il s’agissait de justifier 29 milliards de dollars d’outflow du côté de la filiale américaine Axa Rosenberg, en 2010, et qui vient de connaître sa deuxième année délicate.

La raison ? Une erreur de codage informatique aux conséquences incontrôlées.
Ce n’est d’ailleurs pas tant ladite erreur de codage, que le refus de communiquer à ce sujet dans les mois suivants, qui est à l’origine d’une sévère crise de confiance des investisseurs.

Pendant ce temps, a expliqué la SEC, Axa Rosenberg a délibérément menti à ses clients en leur disant que la sous-performance du modèle informatique concerné par l'erreur de codage était liée à la volatilité des marchés et à d'autres facteurs divers.

Certes, Axa Rosenberg a fait amende honorable en s’entendant avec la SEC américaine (Securities and Exchange Commission) pour rendre les 217 millions de dollars aux investisseurs, et pour payer 2,5 millions de pénalités. Au total, 608 des 1421 clients d’Axa Rosenberg avaient été touchés.

L’enquête de la SEC a révélé que le directeur de la firme, Barr Rosenberg, avait été informé de la faille neuf mois avant qu’un examen de la SEC révèle l’origine des sous-performances. Que représentait cette erreur ? "Un composant clé dans la mesure du risque", décrit la SEC.
Elle existait depuis déjà deux ans, et les managers en ont eu connaissance en juin 2009. Leur réaction s’apparente à une faute professionnelle, puisqu’ils ont préféré laisser l’erreur dans le système et demander aux salariés de rester calmes, le temps de trouver une solution qui n’épongerait jamais les pertes colossales. Barr Rosenberg a lui-même demandé aux employés de "ne pas informer quiconque de cette erreur".

Pendant ce temps, a expliqué la SEC, Axa Rosenberg a délibérément menti à ses clients en leur disant que la sous-performance du modèle informatique concerné par l’erreur de codage était liée à la volatilité des marchés et à d’autres facteurs divers. A aucun moment, l’existence de cette erreur n’a été mentionnée. Une partie des membres du conseil d’administration a elle-même été tenue à l’écart de la confidence.

Tout cela a finalement amené le fondateur de la firme, Barr Rosenberg, à démissionner en juin 2010. L’enquête venait de révéler que ce pionner des programmes informatiques de gestion du risque avait enfreint les codes éthiques du groupe en essayant de dissimuler l’information fâcheuse. Tom Mead, Directeur de la Recherche, avait également été amené à démissionner, tout comme le Chief Investment Officer Agustin Sevilla.

D'un niveau de 70 milliards de dollars en 2007, les encours gérés par Axa Rosenberg ne dépassent guère les 20 milliards désormais. Très peu par rapport aux 514 milliards d'euros de l'ensemble d'Axa Investment Management à la fin septembre 2011.

Depuis, Axa Rosenberg peine à se relever. L’assureur français Axa, maison-mère d’Axa Investment Management, qui chapeaute elle-même Axa Rosenberg, a tourné la page en poussant le fondateur vers la sortie en même temps qu’elle faisait passer sa part de 75% à 100%.

D’un niveau de 70 milliards de dollars en 2007, les encours gérés par Axa Rosenberg ne dépassent guère les 20 milliards désormais. Très peu par rapport aux 514 milliards d’euros de l’ensemble d’Axa Investment Management à la fin septembre 2011. Le préjudice en termes d’image est moins quantifiable, mais sans doute plus important.

Sur son site officiel, Axa Rosenborg continue néanmoins d’indiquer qu’il "offre une approche basée sur une base données fiable, intensive et objective, appliquée avec notre propre technologie. Cette technologie nous permet d’évaluer un vaste univers d’actions plus efficacement et plus rapidement que tout humain, et notre approche est l’abri des erreurs naturelles liées à des processus moins disciplinés."

Mais le traumastisme est profond, et bien au-delà de la firme, comme l’a expliqué le co-directeur de la section de surveillance des gestionnaires d’actifs à la SEC, Brice Karpati : "C’est un avertissement à tous les quant managers, a-t-il dit. Il ne peuvent plus se reposer sur leurs structures informatiques complexes et opaques pour gérer les informations des investisseurs."

JH Janvier 2012

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