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Aymeric Poizot : « Les meilleurs gérants de fonds flexibles font la différence grâce à leur allocation, leur diversification et leur capacité à réduire massivement le risque »

Selon Aymeric Poizot, responsable de la recherche Fonds au sein de la zone EMEA chez Fitch, les fonds flexibles restent pertinents dans le contexte actuel, que ce soit pour un investisseur institutionnel ou un investisseur privé...

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Next-Finance : Pourquoi les lancements de fonds flexibles se multiplient actuellement ? S’agit-il, à votre avis, d’une vraie demande des investisseurs ou plutôt d’un effet de mode ?

Aymeric Poizot : Les lancements de fonds flexibles se sont multipliés en réaction à la crise financière apparue fin 2007, qui a suscité, de la part des investisseurs, un besoin accru pour une gestion de portefeuille active, face à des marchés financiers chahutés mais sans réelle tendance directionnelle. C’est ce qui explique pourquoi il ne s’agit pas d’un phénomène de mode, mais bel et bien d’un style de gestion qui a actuellement tout son sens, dans la mesure où il est capable de protéger l’investisseur contre les périodes baissières, tout en lui permettant de faire progresser, à moyen-long terme, le capital investi, avec une volatilité relativement modérée. Pour preuve, la plupart des sociétés de gestion de la place parisienne offrent aujourd’hui ce style de gestion à leurs clients.

Quels sont les différents styles de fonds flexibles et sur quelles classes d’actifs investissent généralement ces fonds ?

On peut distinguer trois types de profils de gestion, en matière de fonds flexibles :
- une gestion, reposant sur la sélection de valeurs, mais qui gère activement son exposition au marché,
- la reconversion d’une gestion de type diversifiée en gestion flexible, à travers l’élargissement des possibilités d’allocation entre les différentes classes d’actifs,
- enfin, une gestion, de type « absolute return », reposant de plus en plus sur des processus quantitatif d’allocation.

En matière de classe d’actifs, il faut néanmoins préciser, en préambule, que les fonds flexibles sont, bien souvent, très sensibles au risque action domestique, même si en théorie, leur portefeuille peut être exposé à d’autres types de marchés. Sur ce point, il est important de préciser que certains gérants de fonds flexibles, à la recherche de rendement, n’hésitent à élargir leurs champs d’investissement, en se tournant vers le High Yield ou encore le marché actions américain, par exemple.

Il est important de préciser que certains gérants de fonds flexibles, à la recherche de rendement, n'hésitent à élargir leurs champs d'investissement, en se tournant vers le High Yield ou encore le marché actions américain, par exemple.
Aymeric Poizot

Les fonds flexibles ne semblent pas générer les profils de rendement asymétriques attendus par les investisseurs et se distinguent peu des fonds diversifiés. Comment expliquez vous que les performances des fonds flexibles soient plutôt mitigées, notamment sur l’année 2011 comme l’a montré votre étude intitulée (« Special Report Fitch : Flexible Allocation Funds, 06/02/12 ») où seulement un tiers des fonds de gestion flexible ont protégé le capital - performances > -5% - et moins de 10% d’entre eux ont enregistré une performance positive ?

Il est vrai qu’en moyenne les résultats des gérants de fonds flexibles sont décevants, mais s’il faut toutefois préciser que pour les bons élèves (le premier quartile de la catégorie), le contrat est rempli, si j’ose dire, que ce soit en termes de performance ou en termes de profil asymétrique. En 2011, par exemple, en moyenne, ce type de gestion a réalisé une performance négative d’environ 9% alors que l’on peut considérer, comme maximum, un repli de 5% pour des fonds, censés protéger le capital de l’investisseur.

A la décharge des gérants, il convient de rappeler qu’en 2011, l’environnement de marché a été particulièrement difficile, en particulier, en raison de la crainte des investisseurs, au sujet de l’avenir de la zone euro. Ceux qui sont arrivés à tirer leur épingle du jeu, face à ce climat chahuté, sont bien souvent les gestionnaires ayant mis en place une allocation fondamentale plutôt obligataire ou bien utilisant des modèles quantitatifs, comme d’outils d’aide à la décision. De quoi leur permettre d’éviter, dans les deux cas, de courir après le marché, au gré du déroulement des événements.

Qu’est-ce qui distingue les meilleurs fonds flexibles des autres ? Quelles méthodes utilisent-ils pour amortir les mouvements de baisse du marché ?

Plusieurs méthodes permettent aux meilleurs gérants de fonds flexibles de faire la différence, même si, à mon sens, l’allocation fait tout, en permettant à un gestionnaire de réduire très rapidement son exposition au risque, en se positionnant par exemple sur le marché monétaire ou les obligations allemandes ou américaines. Mais, il ne faut pas s’arrêter uniquement sur ce point. La performance provient également de la capacité du gérant à diversifier son portefeuille, en investissant notamment en dehors de la zone euro, comme sur le marché américain ou celui des marchés émergents par exemple. Enfin, les gestionnaires affichant les meilleurs résultats, sont ceux capables de prendre le risque de couvrir massivement leur portefeuille, quitte à devoir perdre une partie d’un mouvement haussier s’ils se sont trompés.

A mon avis, la gestion de type flexible s'inscrit donc dans la durée, même si les différents processus utilisés dans sa mise en œuvre se cherchent encore et demandent à murir pour s'améliorer.
Aymeric Poizot

Les fonds flexibles restent-ils pertinents dans l’allocation d’un investisseur institutionnel ? D’un investisseur privé ? Quel avenir pour ce style de gestion ?

Oui, bien sûr, les fonds flexibles restent pertinents dans le contexte actuel, que ce soit pour un investisseur institutionnel ou un investisseur privé. Pour les premiers, on observe d’ailleurs, une volonté de diversification vers ses gestions, pour pouvoir amortir les cycles boursiers baissiers, à travers un profil asymétrique. C’est plus vrai pour les fonds de pension que pour les compagnies d’assurance. Quant aux investisseurs privés, là encore, la gestion flexible a tout son sens, dans la mesure où elle permet de répondre à l’instabilité actuelle de la performance des différentes classes d’actifs.

A mon avis, la gestion de type flexible s’inscrit donc dans la durée, même si les différents processus utilisés dans sa mise en œuvre se cherchent encore et demandent à murir pour s’améliorer. Quoi qu’il en soit, il est clair aujourd’hui que chaque société de gestion continuera à offrir ce style de gestion à ses clients.

RF Novembre 2012

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