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BCE et FED neutralisent l’euro sous 1.40$

Depuis près d’un mois, le couloir d’évolution de l’euro s’est très nettement resserré face au dollar, oscillant entre 1.3780$ et 1.3900$. Plus largement, c’est la pente de la tendance haussière qui s’est très nettement affaissée depuis plusieurs mois.

Pour mémoire, au second semestre 2013, l’euro est passé de 1.2800$ à 1.3900$ soit 8.6% de hausse alors qu’il évolue actuellement proche de ses niveaux du début de l’année, après une baisse à 1.3500$ suivie d’une hausse temporaire au-dessus de 1.3950$ au cours du premier trimestre.

Cette hésitation actuelle est principalement due à l’action actuelle des banques centrales respectives : d’une côté la BCE qui hésite à prendre de nouvelles mesures accommodantes pour contrer le faible niveau actuel de l’inflation et impacter les cours de changes et de l’autre côté la FED qui malgré certains signes de tassement de l’économie américaine au premier trimestre poursuit le cap du « tapering » en abaissant à chaque réunion le montant des rachats d’actifs. Mercredi, la banque centrale américaine a décidé de réduire la voilure du QE à hauteur de 10 milliards de dollars supplémentaires en abaissant les rachats de 55 milliards de $ par mois à 45 milliards (soit 25 milliards pour les Treasuries et 20 milliards pour les MBS).

Le dollar aurait dû s’apprécier suite à cette décision mais les mauvais chiffres macro-économiques aux Etats-Unis communiqués quelques heures auparavant ont douché les velléités offensives des opérateurs : le PIB américain (chiffre préliminaire) pour le premier trimestre est ressorti en très faible hausse de 0.1% alors que le consensus tablait sur 1.2%, même déception pour le chiffre d’inflation (paramètre important dans l’ajustement de la politique monétaire de la FED) ressorti à 1.3% alors que le marché anticipait 1.6%. Face au tassement de plusieurs chiffres immobiliers Outre-Atlantique, cumulés aux déceptions sur le PIB et l’inflation, la possibilité de voir la FED ralentir la cadence du tapering a été évoquée mais il n’en a rien été au final.

Sur le vieux continent, c’est tout l’inverse. C’est l’inaction de la BCE qui permet à l’euro de se maintenir sur les niveaux actuels. A chaque accélération de l’euro en direction des 1.40$, les membres du Conseil des Gouverneurs de la BCE ainsi que Mario Draghi interviennent oralement pour faire retomber la pression en laissant la porte ouverte à de nouvelles interventions. Et à chaque intervention, la liste des outils à disposition est passée en revue : taux négatif sur les dépôts, baisse du taux directeur, LTRO, revitalisation des ABS/titrisation, achats d’actifs, etc... L’objectif étant d’infléchir la stratégie haussière des investisseurs sur l’euro en brandissant l’arme de la dissuasion…relayée par les certains médias qui ont même fait état d’un plan massif de rachats d’actifs de 1000 milliards d’euros. A chaque intervention, l’effet est immédiat avec une détente de l’euro face au dollar, mais cet effet est rapidement balayé à chaque réunion de la BCE qui se solde par un statu quo monétaire.

D’autant plus que les derniers chiffres d’inflation en zone euro font état d’une légère amélioration : +0.7% par rapport au chiffre précédent de 0.5%, laissant penser que l’argument de la BCE selon lequel l’inflation fera progressivement son retour avec la hausse de la croissance sera une nouvelle fois utilisé lors de la réunion de jeudi. La petite phrase de la chancelière allemande il y a quelques jours permet également à l’euro de se maintenir sur les niveaux actuels.

Alors que les hommes politiques se succèdent à la tribune pour dénoncer le niveau de l’euro à l’approche des élections européennes, Angela Merkel a sereinement affirmé que l’euro fort permettait de soutenir la vigueur du secteur export allemand.

Si à court terme ce cumul d’éléments neutralise la tendance de l’euro face au dollar, il serait toutefois étonnant de voir la BCE laisser l’euro franchir durablement les 1.4000$. Mario Draghi a plusieurs fois laissé entendre que le niveau actuel de l’euro impactait négativement les prix en bloquant les effets de l’inflation importée (sur les matières premières liées à l’énergie). Même si il ne s’est pas engagé sur un cours de change précis, il ne fait aucun doute que la zone des 1.4000$ devient la barrière psychologique à ne pas franchir, celle pouvant déclencher à tous moment une intervention de la BCE.

A moyen terme cette politique dissuasive cumulée à la poursuite du tapering de la FED devrait permettre à l’euro d’infléchir progressivement sa trajectoire et de retomber dans la zone des 1.3000$

Alexandre Baradez Mai 2014

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