Agé de 70 ans, ce courtier légendaire et ancien patron du Nasdaq avait pourtant très bonne presse. Innovateur dans le domaine de la « finance électronique », il faisait partie des piliers du système financier new-yorkais et figurait parmi le cercle des grands donateurs de la philanthropie américaine.
Selon un document du FBI, révélé par le Wall Street Journal, Madoff a annoncé à ses employés de la société de courtage Bernard L. Madoff Investment Securities LLC crée en 1960, qu’il avait en parallèle fondé une société frauduleuse. Il leur a déclaré qu’il avait perdu environ 50 milliards de dollars, qu’il n’avait plus rien et qu’il était fini.
Il a surtout reconnu avoir monté une fraude pyramidale, s’apparentant à un schéma de Ponzi qui s’est écroulé lorsque ses clients, en pleine débandade boursière, ont commencé à demander de retirer leur argent en masse.
Schématiquement, sa société de conseil en investissement frauduleuse, garantissait chaque année des rendements mirifiques à ses investisseurs. Le système a bien fonctionné pendant trente ans ! En effet, les nouveaux investisseurs, toujours plus nombreux d’une année à l’autre et attirés par le bouche à oreille, payaient sans le savoir les intérêts garantis aux investisseurs précédents grâce à l’apport de leur argent frais.
Eux-mêmes étaient par la suite rémunérés par l’apport en capitaux des investisseurs suivants.
La pérennité du système a été assurée par les très faibles retraits en capitaux des investisseurs dus en partie au track record de Madoff qui depuis trente ans, réussissait toujours à tenir ses promesses de rendements élevés (Plus de 15% par an).
Pourtant, depuis 1999, des journalistes et des investisseurs s’interrogeaient sur le rendement infaillible de la société de Madoff dont l’audit était assuré par un cabinet inconnu. « Secret de fabrication du grand sorcier » et « flair légendaire » étaient les réponses pompeuses à leur requête.
5 enquêtes de la SEC, respectivement en 1995, 1997, 2001, 2005 et 2007 ont été menées mais n’ont rien donné.
Une autre question se pose déjà, Madoff a-t-il agi seul ? Difficile à croire... Même s’il a indiqué qu’il utiliserait les 200 ou 300 millions de dollars qui lui restaient dans une société distincte pour solder ses dettes envers certains salariés, membre de sa famille et amis, il risque jusqu’à 20 ans de prison et une amende de 5 millions de dollars.
Les répercussions risquent d’être douloureuses pour l’univers de la collecte de fonds, conseil en investissement et gestion de fonds, etc... Selon des déclarations de Madoff à la SEC, gendarme de la Bourse de New York, sa société frauduleuse de conseil en investissements gérait les capitaux de près de 25 clients, investisseurs individuels fortunés, fonds de pension et banques, pour un montant total de 17 milliards de dollars.
De grosses fortunes personnelles comme la famille Wilpon, propriétaire des Mets de New York, l’équipe de baseball new yorkaise, Norman Braman, ancien propriétaire de l’équipe de football américain de Philadelphie, les Philadelphia Eagles, le milliardaire Ira Rennert, patron de la holding financière Renco, le magnat de l’immobilier et des médias Mort Zuckerman, la famille Goldberg, ex-propriétaire de la chaîne de supermarchés Stop and Shop, Carl Shapiro, fondateur de l’entreprise textile Kay Windsor, et son beau-fils, le philanthrope Robert Jaffe, Leonard Feinstein, fondateur de la chaîne de matériel domestique Bed Bath & Beyond, le producteur hollywoodien Sam Englebardt ou le réalisateur Steven Spielberg figurent parmi les clients de Madoff.
De nombreuses sociétés philanthropiques juives pourraient également être touchées !
La Chais Family Foundation, basée en Californie, qui donne chaque année environ 9 millions d’euros à des oeuvres juives, a baissé pavillon et licencié ses cinq salariés.
A Boston, la Robert I. Lappin Charitable Foundation, qui finançait des voyages pour de jeunes juifs en Israël, a déposé le bilan et aurait perdu 7 millions de dollars.
Enfin, la fondation JEHT, qui soutient une réforme du système pénal pour les mineurs, a annoncé qu’elle disparaîtrait le mois prochain car ses donateurs Jeanne Levy-Church et Kenneth Levy-Church ont investi dans des sociétés Madoff.
la Fondation Elie Wiesel pour l’humanité ainsi que celle du sénateur du New Jersey, Frank Lautenberg sont également touchées.
En Israël, plusieurs sociétés ont investi massivement dans la pyramide : Plusieurs firmes d’assurance comme Harel, Clal et Phoenix se retrouvent directement exposées par l’affaire Madoff.
Selon un avocat new-yorkais, « Il y a des gens qui étaient très, très fortunés il y a quelques jours qui sont aujourd’hui virtuellement indigents. Ils n’ont plus rien que leurs appartements ou leurs maisons, qu’ils devront vendre pour avoir de quoi vivre. »
Mais l’escroquerie de Madoff touche aussi l’Europe et l’Asie. Et les conséquences pour les victimes pourraient être plus graves que la faillite de Lehman Brothers.
En France, BNP Paribas serait la principale banque exposée. Elle pourrait perdre jusqu’à 350 millions d’euros. Natixis a révélé que ses clients étaient exposés à hauteur de 450 millions d’euros.
Le Crédit Mutuel-CIC pourrait perdre jusqu’à 90 millions.
Au Japon, Nomura serait affectée pour 250 millions d’euros.
A Londres, RBS est exposée à hauteur de 600 millions d’euros et HSBC à un milliards d’euros.
En Suisse, selon le quotidien Le Temps, les banques helvétiques parmi lesquelles la Neue Privat Bank, pourraient perdre jusqu’à cinq milliards de dollars.
En Espagne, le fonds d’investissement Optimal-Santander, filiale de la banque Santander serait exposée à hauteur de trois milliards de dollars.
Mais le plus inquiétant n’est-il pas que Bernard Madoff était membre de la commission chargée des nouvelles mesures de régulation pour la finance ?