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Dette émergente : les flux acheteurs ne font que débuter

Selon Xinghang LI, Responsable Gestion marchés émergents chez OFI-AM, une approche prudente sur le marché de la dette émergente consiste donc à privilégier les pays les plus solides, capables de résister à d’éventuels chocs extérieurs...

Les rendements sur la dette souveraine en devises locales sont particulièrement attractifs.

Pendant deux-trois ans, les marchés émergents ont été largement survendus, affectés par une vague de pessimisme qui s’est désormais estompée. Depuis 2016 en effet, les flux se sont bien inversés. Bien sûr l’avènement de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis et les craintes de mise en place d’une politique très protectionniste ont provoqué fin 2016 de nouveaux flux vendeurs. Mais après quelques semaines de doute, les investissements qui se sont dirigés vers ces marchés depuis début 2017 les ont déjà compensés.

Si 2017 et 2018 ne devraient pas être des années de croissance spectaculaire dans ces régions, à l’image de la Chine, nous assistons à une stabilisation des fondamentaux.

Dans ce contexte, réallouer aujourd’hui sur la dette émergente apparaît opportun car le vrai retour des investisseurs reste encore à venir. à 1 900 Mds$, le gisement de dette émergente souveraine en devises locales offre une grande profondeur. Il est plus important que le marché de la dette émergente souveraine en dollar (860 Mds$) et génère un rendement très attractif de 6,75 % en moyenne (pour une maturité moyenne de l’ordre de 7 ans), contre 5,5 % pour la dette en dollar. Surtout, la dette en devises locales permet de bénéficier du redressement des devises des pays émergents, qui sont actuellement sous-évaluées au regard de leurs cours historiques. C’est entre autres le cas du peso mexicain, qui a perdu 15 % depuis l’élection de Donald Trump.

Distinguer les pays solides

Investir sur les marchés émergents nécessite de distinguer les pays solides des pays plus fragiles. Si le Brésil ou le Mexique affichent des dettes extérieures limitées et des réserves de change élevées, le Venezuela, la Turquie ou l’Afrique du Sud souffrent, eux, d’importants déficits budgétaires et de leurs comptes courants, ainsi que de dettes extérieures élevées en proportion de leurs PIB. De même, la sensibilité à l’évolution des cours des matières premières diffère d’un pays à l’autre. Une majorité d’entre eux sont d’abord importateurs, en particulier la Chine, l’Inde et les nations d’Asie du Sud-Est, et ont donc plutôt bénéficié de la chute des cours. Mais, désormais, le rebond du pétrole est une bonne nouvelle pour la Russie, tout comme celui des principales matières premières l’est pour, le Chili ou le Pérou.

Une approche prudente sur le marché de la dette émergente consiste donc à privilégier les pays les plus solides, capables de résister à d’éventuels chocs extérieurs, tels que la remontée du dollar, un scénario qui n’est pas à exclure.

Xinghang Li Avril 2017

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