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Et si on avait mal diagnostiqué la crise ?

La majorité des explications de la crise financière de 2007-2008 (usage excessif du levier, prêts hypothécaires à risque, dérivés exotiques, prise de risque démesuré et easy money qui ont engendré la bulle immobilière) sont incompatibles avec des principes élementaires de la finance. Le professeur Richard Roll revient sur ces incompatibilités et suggère un diagnostic alternatif qui est entièrement compatible avec un raisonnement rationel.

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Il se pourrait que le mal sous-jacent à la crise économique de 2007-2008 ait été mal diagnostiqué, comme le suggèrent des principes élémentaires de la finance et de l’économie. De surcroît, il est possible de trouver des explications entièrement compatibles avec un raisonnement rationnel et des marchés qui fonctionnent bien. Si cette explication s’avère juste, alors les prescriptions de la politique publique devraient être réexaminées car il y’aurait un risque que le remède soit pire que la maladie.

Plusieurs diagnostics ont été suggérés, dont ceux mentionnés ci-dessous :

  • La crise des subprimes
  • Présence de levier gigantesque dans les institutions financières
  • Insuffisances de la réglementation
  • Utilisation abusive de produits dérivés complexes
  • Prise de risque excessive induite par les conflits d’agence
  • Une bulle immobilière due au laxisme des normes de souscription hypothécaire
  • Phénomène de « easy money » (faible niveau des taux d’intérêt à l’origine de la bulle immobilière)

Le dernier de ces diagnostics, le phenomène de « easy money » générant une bulle immobilière, est incompatible avec la simple observation sur la période présumée de taux d’intérêts réels élevés par rapport aux normes historiques et une augmentation simultanée de ces taux avec les prix de l’immobilier.

Les autres explications ci-dessus sont incompatibles avec les principes financiers suivants :

  1. La valeur totale de la dette est égale à zéro.
  2. La valeur totale de tous les contrats de produits dérivés est égale à zéro.

Globalement, il existe un prêteur pour chaque emprunteur et un vendeur pour chaque acheteur d’un contrat de produits dérivés. Un passif au bilan d’une entité, qu’elle soit une personne, une entreprise ou un gouvernement, doit correspondre exactement à un actif au bilan d’une ou plusieurs entités. Le même raisonnement est valable pour les produits dérivés, sous toutes leurs formes : futures, options et swaps. Par conséquent, toute variation de la valeur de la dette échue ou des contrats de produits dérivés n’a pas d’impact direct sur la richesse réelle totale. Par exemple, chaque défaut est simplement un transfert de richesse du prêteur à l’emprunteur. Cela est vrai pour tous les évènement de type « crédit », y compris les défauts de paiement des remboursements de prêts hypothécaires, l’insolvabilité bancaire et les faillites. De même chaque évènement de type « dérivé » comme un exercice d’option ou un défaut sur un swap est tout simplement un transfert de richesse et n’a aucun effet sur le bilan combiné des deux signataires du contrat

Pourtant, il est indiscutable que les prix immobiliers ont commencé à chuter en 2007, déclenchant ainsi une succession en cascade d’évènements de type « crédit ». Qu’est ce qui est à l’origine de ce crash immobilier ? Une éventualité qui ne peut être exclue est l’éclatement soudain d’une bulle immobilière irrationnelle. Le souci avec un diagnostic psychologique réside d’une part dans la difficulté à diagnostiquer mais aussi le danger de prescription d’un palliatif alors qu’on est en présence d’une maladie grave non-psychologique.

Une explication alternative peut être formulée en s’appuyant sur les deux principes suivants :

  1. Les marchés financiers sont tournés vers l’avenir.
  2. la prospérité d’un pays est en corrélation positive avec le degré de libéralisation économique.

La libéralisation économique est une augmentation de la fraction du PIB dépensée par le secteur privé par rapport à celle du secteur public. Les marchés constitue une projection du futur et, en 2007, les participants au marché mondial ont commencé à remarquer l’émergence d’un changement radical majeur dans de nombreux pays. Inversant alors une tendance présente depuis au moins une décennie, la fraction du secteur privé dans le PIB a commencé à sensiblement diminuer par rapport à celle du secteur public.

Cette nouvelle tendance suggère une autre explication de la crise : la baisse en 2007 de l’anticipation du taux de croissance des revenus privés, accompagnée d’une baisse drastique de la valeur du capital humain. Le capital humain est le facteur le plus important dans la détermination des valeurs immobilières. Les gens alloueront du capital pour leur logement en fonction de leurs moyens.

L’augmentation observée des dépenses du gouvernement et une diminution observée du rôle du secteur privé vont donc tout simplement prolonger le mal ; en effet, tant que ce traitement inadéquat persiste, l’état du patient ne va pas s’améliorer. Heureusement, à partir de 2009 et tout récemment encore, on a pu observer des signes positifs de l’application éventuelle d’un meilleur traitement.

Next Finance Avril 2011

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Voir en ligne : Publication - The possible misdiagnosis of a crisis

P.-S.

Copyright 2011, CFA Institute. Reproduced and republished from Financial Analyst Journal with permission from CFA Institute. All rights reserved.

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Commentaire
  • Et si on avait mal diagnostiqué la crise ? 29 avril 2011 11:11, par alito
    <p>Certains postulats de base dans cette article sont totalement faux&nbsp;: <br /><img src="squelettes/puce.gif" width="8" height="12" class="puce" alt="-" />&nbsp;la somme totale de la dette est nulle <br />le principe selon lequel pour chaque preteur il y a un emprunteur ne permet pas de dire ça. Le business meme des banque consiste à prêter de l’argent qu’elle n’ont pas, financer du long terme avec du cours terme. Pour 10 eur en depot, elle peuvent preter à la louche jusqu’a 100. C’est le fameux ratio tiers one messieurs. <br /><img src="squelettes/puce.gif" width="8" height="12" class="puce" alt="-" />&nbsp;la somme des produits dérivés est nul <br />Evidement mais ce n’est pas un jeu à somme nul. Les banques emetrices de produits derives couvrent au moins les risques encourus de premier ordre (par exemple le delta est systematiquement couvert), tandis que les clients ne sont generalement pas couvert. Sur certains scenaris, et croyez-en mon experience, clients et banques sont largement perdants ou gagnants</p>

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    • Et si on avait mal diagnostiqué la crise ? 29 avril 2011 12:37 , par Yves
      <p>Bonjour alito,</p> <p>Je ne partage pas ton avis. ces deux postulats sont vrais et tes arguments ne sont pas valables car tu "omets" des éléments dans la décomposition en opérations élémentaires</p> <p><img src="squelettes/puce.gif" width="8" height="12" class="puce" alt="-" />&nbsp;S’agissant des dérivés, la somme totale des valeurs est bien nulle. Il faut décomposer toutes les opérations et ne conserver que les opérations "élémentaires". Toi tu fais ici intervenir le hedge (delta, gamma, etc..) qui sont des opérations séparées et elles aussi liées à des contreparties (donc s’annulent vis à vis de la contrepartie). Bref le vendeur et l’acheteur d’option se neutralise, celui des deux qui hedge neutralise son opération avec la contrepartie utilisée etc...</p> <p><img src="squelettes/puce.gif" width="8" height="12" class="puce" alt="-" />&nbsp;S’agissant de la dette c’est le même raisonnement. La banque neutralise son pret de 100 avec tous ceux à qui elle a prete. et le depot de 10 est neutralise avec le client.</p>

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