Heny R Kravis est né le 6 janvier 1944 à Tulsa dans l’Etat de l’Oklahoma. Le jeune Henry vit dans l’est des Etats-Unis, puis emménage en Californie où il étudie à l’université de Claremont. Attiré par la finance, suite à un MBA obtenu en 1969 à l’université de Columbia, il intègre la banque d’affaires Bear Stearns en même temps qu’un de ses cousins, George R Roberts. Tous les deux travaillent sous les ordres de Jerome Kohlberg Jr responsable du corporate finance.
Kohlberg leur enseigne l’art des acquisitions "Bootstrap". Il recherche des petites entreprises sous-évaluées, ou des entités de grands groupes souffrant du même problème, puis aide l’équipe managériale à racheter l’entreprise. Ce nouveau marché que Kohlberg estime prometteur est regardé de haut en interne.
En 1976, devant le refus de Bear Stearns de financer certains de ses projets, Kohlberg démissionne et part en compagnie de ses deux jeunes collègues. Ensemble, ils créent une firme d’investissement qui deviendra l’une des plus célèbres des Etats-Unis Kohlberg Kravis Roberts & co plus connu sous l’acronyme de KKR.
Au cours des six années qui suivent, Henry Kravis crée une série de partenariats pour racheter des entreprises, les réorganiser (licenciements, réduction des coûts etc), céder certains des actifs non productifs ou des filiales avant de revendre l’entreprise à un prix supérieur à celui auquel elle avait été rachetée...Généralement, KKR utilisait dans l’opération de rachat ses fonds propres pour 10 % du prix d’achat, et empruntait le reste, notamment par émission des fameux "Junk Bonds", spécialité de la banque d’investissement Drexel Burnham et de Michael Milken, star de la finance dans les années 80.
A.J.Industries, Lily-Tulip, et Houdaille Industries furent quelques uns des Leverage Buy Out de la fin des années 70 et du début des années 80 que KKR réalisa. Houdaille fut la première grande compagnie à être cotée à la bourse de New-York à être rachetée par LBO. Au cours de ces années, les revenus de KKR avoisinaient les 50 millions de dollars par an.
En 1984, KKR réalisa son premier LBO supérieur à un milliard de dollars. Il s’agissait du rachat la société Wometco. KKR reprit la société Amstar, pour 450 millions de dollars avant de la revendre pour 700 millions en 1986. Lorsqu’un autre personnage influent du monde de la finance de ces années, T.Boone Pickens, essaya de reprendre la société pétrolière Golf Oil, KKR jouant le rôle du chevalier blanc, vint à la rescousse de la société attaquée, effectuant une contre offre de 12 milliards de dollars, mais fut surpassée par Chevron.
En 1987, Jerome Kohlberg démissionna de KKR, et Henry Kravis lui succéda comme associé senior.
En 1988, sous la direction de Kravis et après une bataille homérique de cinq semaines, KKR prit le contrôle de RJR Nabisco(géant du tabac et de l’agro-alimentaire à l’époque la 19ème entreprise américaine) pour 25 milliards de dollars, presque le double du record mondial précédent pour le rachat d’une entreprise commerciale.
Le deal fut financé par emprunt bancaire, par émission de Junk Bonds, et par un investissement en fonds propres de 3,6 milliards de dollars par KKR. La publicité autour de ce qui était à l’époque le plus grand deal financier de l’histoire donna même lieu à plusieurs films et transforma instantanément Henry Kravis et son cousin George Roberts en vedettes dépassant le seul cercle des initiés du monde de la finance.
Depuis sa création KKR a réalisé des opérations de rachat pour plus de 73 milliards de dollars concernant 45 entreprises. Parmi les entreprises rachetées ou cédées par Kravis et ses associés, on trouve des noms tels que Texaco, Gillette, Playtex, Samsonite..etc Henry Kravis est maintenant membre du conseil d’administration de nombreuses entreprises (American-Re, Duracell, UnionTexasPetroleum...)
Au cours des dernières années, le bilan de sa firme a été plus mitigé, certaines opérations s’avérant fructueuses alors que d’autres se sont achevées par des pertes. La firme est toujours étroitement contrôlée par Kravis et Roberts, et a ouvert un bureau londonien. Toutefois, elle a perdu nombre de ses associés, parmi lesquels beaucoup de ceux qui firent sa réputation dans les années 80.