DÉCARBONATION
Porté par les opinions publiques et les gouvernements le mouvement de décarbonation s’accélère. La production d’énergies renouvelables, notamment la construction de panneaux solaires et d’éoliennes, présente encore des fondamentaux attractifs même si les incertitudes de la réglementation et les effets de l’inflation sur les coûts incitent à la prudence. Les fonds d’infrastructure ont par conséquent tendance à diversifier leurs investissements via des entreprises opérant dans le secteur des renouvelables en complément du développement direct des actifs de production. La décarbonation c’est aussi la maîtrise des consommations énergétiques avec les appareils de mesure dans les habitations, les bureaux et les usines. C’est enfin l’électrification des actifs de transports, qu’ils soient à usage individuel ou collectif. D’autre part, dans un contexte géopolitique durablement instable, les enjeux de sécurité énergétique constituent un puissant argument en faveur des sources d’énergies locales. La part des énergies renouvelables dans le mix énergétique devrait progresser de plus d’un pourcent par an, atteignant 52 % d’ici 2050 contre 20 % aujourd’hui.
DIGITALISATION
Aux traditionnelles voies de communication pour acheminer personnes et marchandises s’ajoutent aujourd’hui les voies digitales. Les réseaux de fibre optique et les tours de télécommunication sont devenus des outils critiques pour le bon fonctionnement des sociétés et des économies. La construction et le déploiement de ces actifs, très consommateurs de capital, constituent de formidables opportunités pour les gérants de fonds d’infrastructure qui investissent de façon autonome ou en association avec des opérateurs de télécommunication. La thématique des infrastructures digitales couvre également les centres de données ou data centers. L’explosion des volumes de données échangées génère une demande exponentielle des besoins de stockage. La poussée de l’IA est le dernier moteur en date de cet écosystème. L’émergence de fonds d’infrastructure, notamment américains, exclusivement dédiés aux infrastructures digitales témoigne de l’attrait de ce segment de marché, de son caractère essentiel et de ses perspectives de performances.
MOBILITÉ
À l’intersection de la transition énergétique et de la digitalisation apparaît le thème de la mobilité. En premier lieu les activités liées aux véhicules électriques. Qu’ils soient hybrides ou entièrement électrifiés, à usage individuel ou collectif comme les flottes de bus ou de navires. La production de batteries, les bornes de chargement des véhicules, les systèmes de guidage et de sécurité constituent autant d’opportunités pour les fonds d’infrastructure d’investir dans des entreprises innovantes en forte croissance. Il serait cependant réducteur de limiter le segment de la mobilité à l’électrification. Le leasing de véhicules, y compris dans le secteur du rail, a également le vent en poupe avec des performances attractives pour un niveau de risque contenu. En revanche les aéroports et autoroutes, actifs phares des premiers fonds d’infrastructure au tournant des années 2000, ont partiellement perdu de leur attrait. En cause des durées de détention longues et une relative dépendance aux pouvoirs publics.
UNE OPPORTUNITÉ GÉNÉRATIONNELLE
Alors que les méga-tendances consommatrices de capitaux sont durablement installées, les capacités de financement des gouvernements apparaissent durablement affaiblies. L’écart entre le montant des investissements projetés et les besoins réels pour fournir des infrastructures essentielles est estimé à 15 000 milliards de dollars d’ici 2040. Les gouvernements, historiquement initiateurs, architectes et financeurs des grands projets d’infrastructure, deviennent principalement des régulateurs donnant les grandes orientations et incitant via l’outil fiscal. Par exemple via l’Inflation Reduction Act de 2022 aux États-Unis. C’est donc une opportunité d’investissement générationnelle qui se présente pour les acteurs privés qui savent conjuguer expertise industrielle et savoir-faire financier. D’autant que la possibilité d’investir dans des entreprises du secteur, et pas seulement dans les actifs eux-mêmes, offre des perspectives de rendement plus courtes et plus attractives. Ainsi depuis une dizaine d’années les grands gérants de Private Markets lancent tour à tour leurs fonds d’infrastructure reprenant les méthodes éprouvées du Private Equity.
QUELLE PLACE DANS UN PORTEFEUILLE ?
Les actifs sous gestion dans les fonds d’infrastructure ont été multipliés par cinq au cours de la dernière décennie, dépassant ainsi les 1 300 milliards de dollars. Les perspectives de croissance des encours ont favorisé depuis 2023 un mouvement de consolidation des gérants d’infrastructure, signe de la confiance dans le secteur. Méga-tendances sociétales avec ruptures technologiques, fourniture de services essentiels, barrières à l’entrée, indexation à l’inflation : les fondamentaux sont séduisants pour les investisseurs privés qui voient une diversification bienvenue dans leur portefeuille de Private Markets, aux côtés de leurs allocations en Private Equity, en dette privée et en immobilier. Aux stratégies historiques, dites Core, à faible rendement, nous privilégions les stratégies plus sophistiquées qui offrent une durée d’investissement et des objectifs de performance se rapprochant du Private Equity traditionnel. La multiplication des acteurs incite cependant à la prudence et, comme toujours dans les Private Markets, le soin apporté à la sélection du gérant reste fondamental.