Next-Finance : 2021 devrait être une année de convalescence et de reprise de l’économie. Quels sont les scénarios que vous envisagez ?
Jean-Charles Bertrand : Notre scenario central (70% de probabilité) se base sur un retour à la normale au 2è semestre 2020, pour lequel le PIB mondial devrait retrouver son niveau d’avant crise début 2022. Mais, tout dépendra de la vitesse des plans de vaccinations et d’éventuels confinements.
Ainsi, notre scenario optimiste (10% de probabilité), serait un retour plus rapide à la normale d’ici la fin du 1er semestre 2020. A l’inverse, notre scenario pessimiste (20% probabilité), prévoirait un retour plus tardif d’ici la fin du 3ème trimestre 2020.
L’Asie semble repartir beaucoup plus fort que le reste du monde. Quelles sont les meilleures façons de se positionner sur cette zone ?
A notre point de vue, il est possible de mettre en place 2 types de stratégies, notamment sur les actions et les obligations High Yield. Dans le premier cas, l’idée est de combiner des positions sur des marchés défensifs comme la Chine et des marchés plus cycliques (Thaïlande). En ce qui concerne, le marché High Yield asiatique, nous pensons que les spreads actuels (plus de 600 points de base) sont attractifs compte tenu des taux de défaut relativement faibles.
En ce qui concerne, le marché High Yield asiatique, nous pensons que les spreads actuels (plus de 600 points de base) sont attractifs compte tenu des taux de défaut relativement faibles.Jean-Charles Bertrand, Directeur mondial de la Gestion Diversifiée chez HSBC Global AM
Certains investisseurs institutionnels européens redoutent néanmoins une rechute des marchés. Quelles sont leurs solutions pour limiter les risques ? Doivent-ils augmenter leurs allocations en obligations souveraines malgré les rendements négatifs ?
Une solution serait de se tourner vers les options, mais cette solution est coûteuse en général et encore plus compte tenu des niveaux de volatilité actuels. C’est la raison pour laquelle nous privilégions des actifs défensifs, comme les devises refuges (particulièrement le Yen) et les fonds alternatifs de type CTA (commodity trading advisors). En ce qui concerne les obligations souveraines, nous pensons qu’il faut rester prudent et qu’elles offrent une capacité inférieure étant donné le faible niveau actuel des taux d’intérêt.
L’injection massive de liquidités par la banque centrale fait redouter une dévaluation de certaines monnaies et une forte résurgence de l’inflation à moyen ou long terme. Cette crainte pousse certains investisseurs à se tourner vers l’or voire les cryptomonnaies. Que pensez-vous de ce type d’actifs ?
L’or fait effectivement sens dans le contexte actuel. Pour les cryptomonnaies, nous sommes plus réservés en raison de leur volatilité extrême (peu cohérente avec la notion de valeur refuge) et de leur faible historique de prix. De manière générale, nous croyons peu à un développement fort de ces cryptomonnaies, compte tenu de la réticence des Etats et autorités monétaires à abandonner leur droit de seigneuriage.
Nous croyons peu à un développement fort de ces cryptomonnaies, compte tenu de la réticence des Etats et autorités monétaires à abandonner leur droit de seigneuriage.Jean-Charles Bertrand, Directeur mondial de la Gestion Diversifiée chez HSBC Global AM
La gestion alternative est souvent synonyme de rendements décorrélés des marchés. Néanmoins, certaines ont particulièrement déçu les investisseurs ces dernières années. Y a-t-il des stratégies alternatives spécifiques qu’il faudrait privilégier dans cet environnement ?
Oui, nous privilégions actuellement 3 types de stratégies alternatives :
- les fonds de type global macro générateurs d’alpha,
- les CTA comme je vous l’ai dit précédemment,
- et enfin les fonds mettant en place des stratégies de prime de risques alternatives (value, momentum et carry sur plusieurs classes d’actifs)